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Actu-Environnement

La chasse scientifique du Japon sous la loupe de la Commission baleinière internationale

La CBI a clôturé sa réunion en Slovénie en adoptant une résolution qui durcit les critères encadrant la chasse à la baleine dite "scientifique" menée par le Japon après que la Cour internationale de justice ait jugé illégale cette pratique.

A la clôture de sa 65eme réunion annuelle à Portoroz (Slovénie), la Commission baleinière internationale (CBI) s'est penchée ce jeudi 18 septembre sur le dossier polémique du Japon, épinglé en mars dernier par la Cour internationale de justice (CIJ). Cette dernière a pointé l'illégalité des pratiques de son programme de chasse dans l'Antarctique (Jarpa II) à des fins scientifiques. "Des considérations financières plutôt que des critères purement scientifiques sont intervenues dans la conception du programme", a déclaré Peter Tomka, président de la CIJ. Le Japon "doit révoquer tout permis, autorisation ou licence déjà délivré dans le cadre de Jarpa II et s'abstenir d'accorder tout nouveau permis au titre de ce programme", a-t-il jugé.

La chasse scientifique encadrée

La Nouvelle-Zélande a soumis ce jeudi un projet de résolution aux 88 pays membres de la CBI visant à assurer l'application de la décision de la Cour et durcir la chasse à visée scientifique, utilisée aussi par la Norvège et l'Islande pour contourner le moratoire de 1986 sur la chasse commerciale. Selon l'AFP, le texte a été adopté. Il a recueilli 35 votes favorables, 20 contre et cinq abstentions. La résolution reprend les principaux arguments du jugement de la CIJ concernant l'évaluation des programmes scientifiques de chasse à la baleine. Elle demande notamment à la Commission baleinière d'évaluer si la taille des échantillons est "raisonnable" au regard des objectifs poursuivis et si ces objectifs peuvent "être atteints par des moyens non létaux". La résolution vise également à s'assurer que "les données obtenues par les moyens létaux sont de nature à améliorer la préservation et la gestion des baleines".

Les pays baleiniers (Japon, Islande, Norvège, Russie) se sont opposés au texte ainsi que des pays africains et des Caraïbes. Les membres de l'Union européenne, les USA, l'Australie, de nombreux pays latino-américains, ainsi que l'Afrique du sud et le Gabon ont voté pour, précise l'AFP.

Ce vote de la CBI était très attendu par les ONG environnementales. "C'est une décision marquante (...) qui, si elle est respectée, devrait stopper la chasse illégale aux baleines au nom de la science", a déclaré Aimée Leslie de l'association WWF. Cette mesure "est un grand pas en avant pour consolider la promesse du jugement de la CIJ qui protège les baleines de l'Antarctique", s'est félicité Patrick Ramage, chargé des cétacés au Fonds international pour la protection des animaux (Ifaw).

Nouveau programme du Japon pour 2015-2016

Le Japon a assuré devant la CIB qu'il ne chasserait pas la baleine en 2014-2015 en Antarctique. Mais il entend soumettre, d'ici la fin de l'année, au comité scientifique de la Commission baleinière un nouveau programme scientifique (Jarpa III) pour 2015-2016, qui, selon lui, se veut plus conforme aux exigences prévues par les dérogations au moratoire."La décision de la CIJ protège les baleines du sanctuaire baleinier de l'océan Austral pour la première fois en plus d'un siècle. Il serait absurde que le Japon soit autorisé à contourner cet arrêt", alerte M. Ramage.

Un vote sur une demande du Japon de pouvoir chasser la baleine à proximité de ses côtes a également été rejeté (19 oui, 39 non et 2 abstentions). Ce projet devait aussi recueillir les trois quarts des votes pour être accepté.

Autre satisfaction des ONG : la CBI a adopté mardi 16 septembre (37 voix pour, 15 contre et 7 abstentions) une autre résolution visant à renforcer l'action internationale en faveur des baleines. La mesure concernant les espèces hautement migratoires proposée par Monaco "permettra à d'autres organisations internationales telles que l'ONU de s'engager davantage dans la lutte contre la chasse à la baleine et les autres menaces qui pèsent sur les cétacés", précise l'Ifaw. À ce jour, la CBI a fait entrer en vigueur des mesures pour seulement 17 des 81 espèces de cétacés marins, rappelle l'ONG. "Nous sommes heureux de voir que les pays en faveur de la conservation des baleines se sont serrés les coudes", s'est réjoui M. Ramage.

Quota controversé au Groenland et pas de nouveau sanctuaire

En revanche, les associations ont déploré la décision prise par la CBI, dès l'ouverture de sa session le 15 septembre, d'autoriser le Groenland (Danemark) à harponner plus de 200 baleines par an, au titre de la chasse aborigène. Par 46 voix pour et 11 contre (trois abstentions), la CBI a accordé au Groenland une prise annuelle de 176 baleines de Minke (ou petits rorquals), 19 rorquals communs, 10 baleines à bosse et deux baleines du Groenland, selon l'AFP. Le Groenland a perdu son droit de chasse depuis fin 2012 mais il a continué à chasser 201 baleines en 2013, d'après la CBI.

Autre déception des associations : le projet de sanctuaire baleinier dans les eaux de l'Atlantique Sud a une nouvelle fois été rejeté ce jeudi. Cette proposition portée par le Brésil, n'a pas eu les trois quarts des votes nécessaires : 40 pour, 18 contre et deux abstentions. Il n'y a pas de chasse dans cette zone mais les défenseurs des cétacés estiment que cela la mettrait à l'abri d'un assouplissement du moratoire. Il existe un sanctuaire dans l'océan Austral et un dans l'océan Indien.

Selon la CBI, au moins 1.645 baleines ont été tuées en 2013 dans le monde : 594 par la Norvège, 417 par le Japon et 169 par l'Islande. Problème : les textes adoptés par la Commission baleinière ne sont pas légalement contraignants pour ses membres.

Réactions2 réactions à cet article

Soutenons du mieux faisable les ceux qui lutte activement contre cette chasse comme les Sea Shepherd !

Maurice | 20 septembre 2014 à 20h40 Signaler un contenu inapproprié

Que d'hypocrisie dans ce dossier....délivrer des pseudos droits de pêche à des pays qui passent outre les quotas et autorisations, une commission baleinière qui n'est pas juridiquement armée pour poursuivre les contrevenants, des prélèvements (ou plutôt "massacres organisés") au nom de programmes de recherche aux desseins obscures... je ne donne pas chère de la peau des cétacés dans les décennies à venir!

Agcs | 23 septembre 2014 à 11h14 Signaler un contenu inapproprié

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