Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

La Commission critique la France pour non-conformité au droit européen

Qualité de l'air, protection de la biodiversité, pollution sonore, qualité de l'eau, gestion des déchets… La Commission européenne met en lumière les retards de la France à l'occasion de son bilan de mise en œuvre de la législation environnementale.

Gouvernance  |    |  D. Laperche
La Commission critique la France pour non-conformité au droit européen

Les mesures d'amélioration de la qualité de l'air ainsi que de protection des habitats et des espèces que la France a instaurées ne sont toujours pas à la hauteur des attentes de la Commission européenne. Celle-ci vient de publier les résultats de son examen de la mise en œuvre de la législation environnementale (1) (EIR) par les États membres. Outre un panorama des grandes tendances qui se dégagent à l'échelle européenne, la Commission analyse également la mise en œuvre des décisions européennes dans chacun des Vingt-Sept.

« La troisième édition de ce rapport a l'ambition de changer le cours des choses », pointe une source européenne.

“ Nous notons des impacts importants de la qualité de l'air sur la santé et des problèmes de qualité de l'eau ” DG Environnement
Cette inflexion des pratiques serait, en effet, la bienvenue, car le bilan n'est pas très positif. « Au niveau européen, nous constatons une disparité importante entre les pays, mais de manière générale, nous avons relevé un déclin important de la biodiversité, notamment dans le milieu marin, signale cette source. Nous notons des impacts importants de la qualité de l'air sur la santé et des problèmes de qualité de l'eau. » Pour avoir une meilleure vision de la situation de chaque pays, une carte des infractions à la législation devrait être publiée d'ici peu par la Commission.

Concernant plus particulièrement la France, le statut quo semble de mise. Les précédentes éditions de l'EIR de 2017 et de 2019 pointaient déjà des retards importants dans la réduction des polluants de l'air, la protection de la biodiversité ainsi que pour la reconquête de qualité de l'eau, notamment du fait de la pollution aux nitrates (2) .

Quatre procédures d'infractions sur la qualité de l'air

En 2022, la France doit encore faire face à quatre procédures d'infraction en matière de qualité de l'air sur les 18 actions en cours concernant l'environnement (3) . « Nous avons constaté une diminution des émissions de certains polluants atmosphériques, mais la France est toujours dans des procédures d'infraction pour des dépassements à la limite fixée pour les particules fines PM10, pour le dioxyde d'azote, rappelle la source européenne. Un cadre juridique est en place, mais cela prend du temps avant de pouvoir observer des résultats. Nous avons des inquiétudes également quant à l'ammoniac. »

La France doit également échanger avec la Commission sur deux autres procédures d'infraction au sujet de sa transposition non conforme de la directive sur la limitation des émissions des installations de combustion moyenne et des incompatibilités des dispositions nationales relatives au droit d'antériorité (4) avec les directives relatives aux émissions industrielles et celle sur les émissions des installations de combustion moyenne.

De la même façon, la France reste dans le viseur de Bruxelles pour sa protection insuffisante de la biodiversité. « Des mesures supplémentaires sont nécessaires pour protéger les habitats et les espèces, estime la source européenne. La surface nationale couverte par des zones Natura 2000 est inférieure à la moyenne européenne. »

L'ambition n'est également pas au rendez-vous sur les questions de l'encadrement des pratiques agricoles, de la chasse ou de la pêche. Trois procédures d'infraction sont en cours : celle pour manquement aux obligations de la directive Oiseaux (à propos de la tourterelle des bois), celle pour mauvaise application de la directive Oiseaux en raison des conditions de chasses traditionnelles et la capture de certains oiseaux et celle pour mauvaise application du droit européen par le secteur de la pêche en lien avec la protection des mammifères marins et des oiseaux. Des mesures doivent également être engagées pour mieux lutter contre les espèces invasives.

Un nouvel axe d'amélioration prioritaire : la pollution sonore

Par rapport aux précédentes éditions, la Commission a identifié un nouvel axe prioritaire d'amélioration pour la France, aux vues des conséquences pour la santé : la pollution sonore. « Près de 1 500 décès prématurés sont liés à la pollution sonore, souligne la source européenne. Il est urgent de mettre en place des plans d'action pour mieux gérer le bruit. » Cette question fait également l'objet d'une procédure d'infraction pour non-respect de la directive relative à l'évaluation et à la gestion du bruit dans l'environnement.

Outre ces trois axes principaux mis en lumière par la représentation française de la direction générale de l'Environnement, les difficultés d'amélioration de la qualité de l'eau persistent. « Une procédure d'infraction est en cours concernant la pollution aux nitrates dans l'eau potable et concernant la directive Eaux résiduaires urbaines (Deru), rappelle la source européenne. Nous avons également besoin d'avoir une meilleure vision de l'état des masses d'eau en France. » Dans le cadre de la directive-cadre sur l'eau (5) (DCE), l'EIR souligne la nécessité d'évaluer les nouvelles modifications des caractéristiques physiques des masses d'eau : ces évaluations devraient envisager des options alternatives et proposer des mesures d'atténuation adéquates. La France doit également rentrer dans les clous pour ce qui concerne la prise en compte des impacts de courte durée des programmes et projets sur l'état des masses d'eau, dans le cadre de la DCE.

Des progrès sont également à faire dans le secteur des déchets. « La France est en dessous des taux de recyclage européen », note la source européenne. En matière de gouvernance, l'Hexagone n'est toujours pas un bon élève concernant la participation du public et l'information des citoyens.

Malgré les manquements listés, quelques points positifs sont à noter. « La France est performante pour l'utilisation circulaire des matériaux et elle présente une bonne transposition des exigences concernant les produits chimiques, reconnaît la source européenne. Une avancée est à noter par rapport à la biodiversité avec la stratégie nationale pour les aires protégées. Mais c'est un progrès limité. »

Un besoin de davantage d'investissements

Selon l'EIR, un des leviers d'amélioration passera par des financements supplémentaires. « Il faudrait entre 13 et 15 milliards d'euros d'investissements publics et privés supplémentaires d'ici à 2023 par an en France », estime la source européenne. À titre d'exemple, la Commission a évalué que, d'ici à 2030, le coût total de la lutte contre la pollution atmosphérique s'élèverait à 9 milliards par an pour la France. Pour la biodiversité, les besoins seraient de 651,4 millions par an entre 2021 et 2027. Et pour les déchets, l'investissement nécessaire s'élèveraient à 3,514 milliards supplémentaires (soit environ 500 millions par an) entre 2021 et 2027. Les besoins pour la gestion des eaux ont, quant à eux, été estimés à quelque 2,1 milliards par an, jusqu'en 2030, dont plus de 90 % pour les eaux usées.

1. Télécharger l'EIR
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-40259-France-EIR-rapport-2022-commission-europeenne.pdf
2. Lire Nitrates : entre obligations européennes et lobbying agricole, la France s'enlise dans les algues vertes
https://www.actu-environnement.com/dossier-actu/nitrates-zones-vulnerable-plan-action-20
3. Consulter les procédures d'infraction en cours en matière d'environnement<br />
https://ec.europa.eu/atwork/applying-eu-law/infringements-proceedings/infringement_decisions/index.cfm?lang_code=EN&typeOfSearch=true&active_only=1&noncom=0&r_dossier=&decision_date_from=&decision_date_to=&EM=FR&DG=ENV&title=&submit=Search
4. Lire Accident Lubrizol : le droit d'antériorité détourné par l'administration pour masquer ses déficiences<br />
https://www.actu-environnement.com/blogs/gabriel-ullmann/121/accident-lubrizol-droit-anteriorite-detourne-deficiences-180.html
5. Lire Élaboration des Sdage 2022-2027 : le défi du bon état des eaux<br />
https://www.actu-environnement.com/dossier-actu/bon-etat-directive-cadre-europeenne-eau-dce-sdage-2022-2027-consultation-87

Réactions2 réactions à cet article

La pollution en ammoniac, vient de l'utilisation trop systématique des engrais, la chaleur ayant un effet dégradant sur ceux ci, il s'ensuit la formation de multiples polluants, ammoniac NH3, et aussi ozone O3. En ville il est inadmissible que des installations Chaudières bois "récentes", 15 MW, 9 MW prévues pour Valeur Limite d' Emission 5 mg/m3 comme ERENA à Nantes et Rezé aient obtenu des dérogations pour émettre 15 mg/m3, 3 fois plus, et encore il y eut des dépassements les 4, 6, 20 dec. 2020!! Mme Laernoes écologiste, avait milité pour l' installation de la chaudière bois 9MW, elle est (en tant que députée NUPES) à même d'expliquer les raisons de ces COUACS au parle ment. Les diminutions des espèces protégées continueront tant que des projets carrières seront assortis des dérogations aux esp. protégées (sans compensation), autorisations massives défrichages et suppression Zones Humides, [un exemple fin 2021 est dans le sud 37, il y eût même déboisage, 3 ans avant l'enquête publique ! ] et que ces dérogations seront acceptées par DREAL, DDT. sous préfectures, préfectures, Chambre d'agriculture, département, et assemblées com com. A la commission CDNPS, à chaque fois que les failles et mauvaises pratiques du projet y étaient dénoncées, le leitmotiv de la représentante préfecture était "se recentrer, et ce projet est essentiel pour l'activité économique "

J Cl M 44 | 09 septembre 2022 à 10h26 Signaler un contenu inapproprié

Comme quoi notre président Macron en a plein la bouche de l'Europe mais seulement quand ça va dans son sens : celui du développement économique ! Dès que les directives contrarient ses plans , comme en ce qui concerne la protection de l'environnement , il se dépêche de dire à ses ministres de cacher les feuilles de route sous le tapis. Et tout ça après avoir juré un second quinquennat "écologique" ! A vrai dire, comme il ne sera pas réélu, il peut faire ce qu'il veut et continuer à laisser se dégrader les territoires français sans état d'âme, tout en abandonnant la population aux nuisances et pollutions de toutes sortes avec leurs conséquences. On a les élus que l'on mérite.

gaïa94 | 14 septembre 2022 à 18h12 Signaler un contenu inapproprié

Réagissez ou posez une question à la journaliste Dorothée Laperche

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires

Partager

À lire aussi