© Emile Barbelette/LPO
La Directive ''Oiseaux'' a joué un rôle clé dans l'inversion du déclin de certaines espèces d'oiseaux les plus menacées d'Europe, notamment grâce au réseau de zones de protection spéciale (ZPS) qu'elle a permis de mettre en place, estime la Commission. Il existe aujourd'hui près de 5.000 ZPS, couvrant plus de 10 % du territoire de l'UE.
Ces zones de protection spéciale, qui font partie intégrante du réseau écologique Natura 2000, ont permis d'enrayer le déclin de certaines espèces d'oiseaux les plus menacées d'Europe parmi lesquelles le pétrel de Madère (Pterodroma madeira), le pélican frisé (Pelecanus crispus) et le cormoran pygmée (Phalacrocorax pygmaeus), souligne la Commission.
Malgré ces progrès, la riche diversité de l'avifaune européenne, qui compte plus de 500 espèces d'oiseaux sauvages, est toujours soumise à une pression particulièrement forte, rappelle l'UE, victimes notamment du changement climatique. 43% des espèces d'oiseaux sont ainsi menacés d'extinction en Europe. L'un des principaux défis à venir consiste à assurer une place adéquate à la nature et à adapter les mesures de conservation des oiseaux au changement climatique, indique la Commission.
Le nombre d'oiseaux des champs a également chuté de presque 50 % depuis 1980. Bien qu'on assiste actuellement à une stabilisation, il est nécessaire de faire davantage pour mieux intégrer les exigences en matière de protection des oiseaux dans la politique agricole et dans les autres politiques afin de rétablir des espèces importantes telles l'outarde canepetière (Tetrax tetrax) et le râle des genêts (Crex crex), ajoute la Commission.
Des efforts ''considérables'' restent à faire pour stopper le déclin des espèces
A l'occasion du 30ème anniversaire de cette Directive, la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) constate aussi une amélioration de la situation pour de nombreuses espèces menacées en trente ans et souligne également que des efforts considérables restent à fournir, surtout dans les espaces agricoles. Ainsi, en France, sur 287 espèces d'oiseaux nicheurs indigènes, 33 % sont notamment en déclin, 28 % en augmentation, 17% apparaissent stables ou fluctuent ; la tendance de conservation restant inconnue pour 20 % d'entre elles, précise-t-elle.
De nombreux oiseaux nicheurs des milieux agricoles (Alouettes, Bruants) et forestiers (Pouillot siffleur), subissent également un déclin comme c'est le cas ailleurs en Europe. Rappelons qu'en 2008, la France métropolitaine et d'Outre-mer ne comptait pas moins de 75 espèces menacées d'extinction alors qu'elle en dénombrait 71 en 2004, selon la LPO. 12 espèces sont aujourd'hui en danger critique d'extinction dans tout le territoire français.
Pour Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO, l'engagement européen et français pris en 2002 de stopper la perte de biodiversité pour 2010 ne sera pas atteint, a-t-il déploré. En décembre dernier, la Commission européenne avait également fait part de son scepticisme face aux objectifs à atteindre en 2010 et appelé à redoubler d'efforts au cours des deux prochaines années pour maintenir la diversité biologique.
Selon la Liste rouge 2008 des oiseaux mondialement menacés d'extinction, réalisée tous les quatre ans pour l'Union Mondiale pour la Nature (UICN) par BirdLife International, rappelons qu'une espèce d'oiseau sur huit est menacée de disparition, soit 1.226 espèces dans le monde. D'après l'UICN, le changement climatique et la déforestation accélérée par le développement des agrocarburants contribuent à la disparition des espèces d'oiseaux auxquelles s'ajoutent la dégradation des habitats et l'introduction d'espèces exotiques envahissantes.
* La Directive européenne 79/409/CEE du Conseil du 2 avril 1979 concernant la conservation des oiseaux sauvages.