Limiter le commerce illégal de bois
Selon la Commission, près de 19 % des importations de bois dans l'UE proviennent de sources illégales. L'exploitation illégale des forêts est un problème sérieux qui ne cesse de s'amplifier et qui a de graves incidences sur l'environnement, notamment la diminution de la biodiversité, la déforestation et la dégradation des forêts, souligne-t-elle.
La Commission propose ainsi un règlement pour contraindre les entreprises opérant sur le marché communautaire à prouver qu'elles ont mis en place les procédures nécessaires visant à minimiser le risque d'achat de bois illégal. Les négociants devront fournir suffisamment de garanties pour s'assurer que le bois et les produits dérivés qu'ils vendent sont issus d'une récolte conforme à la législation applicable dans le pays d'origine.
Les entreprises devront ainsi donner le nom du pays d'origine. Mais pas celui de la concession d'où provient le bois : une proposition ''faible'', selon l'organisation environnementale WWF, qui dénonce que le texte ne spécifie pas clairement si les lois du pays d'origine, comme celles qui protègent les droits sur le régime foncier des populations locales, doivent intégrer ces garanties. De son côté, Greenpeace, qui pointe ''les faiblesses'' et ''lacunes'' de cette proposition, déplore l'absence d'un système de traçabilité complet afin que le bois vendu dans l'UE respecte des critères de production stricts d'un point de vue environnemental et social. L'association déplore également l'absence de structures chargées de détecter les infractions, d'enquêter et de poursuivre les contrevenants.
Dans ce contexte, la meilleure garantie pour le consommateur d'acheter du bois ''durable'' resterait de se fier aux labels FSC (Forest Stewardship Council) ou PEFC (Pan European Forest Certification qui attestent d'une gestion forestière raisonnée selon des pratiques respectueuses de l'environnement et socialement bénéfique pour les populations locales.
Lutter contre la déforestation et les émissions de GES
Dans le cadre des négociations internationales sur le climat, dont la prochaine étape se déroulera à Poznan en décembre prochain, le Paquet Forêt de la Commission se fixe également comme objectif de réduire la déforestation tropicale de moitié d'ici à 2020 et de parvenir à stopper la diminution de la couverture forestière de la planète d'ici à 2030. La déforestation est responsable d'environ 20 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et fait désormais partie des questions qui sont au centre des négociations internationales en cours concernant un nouvel accord des Nations unies sur le climat pour la période postérieure à 2012, souligne la Commission.
Rappelons que 13 millions d'hectares de forêt disparaissent chaque année, essentiellement en Afrique, en Amérique latine et en Asie. En 2005, la superficie forestière totale représentait un peu moins de quatre milliards d'hectares, soit une diminution d'au moins un tiers depuis l'aube de l'agriculture, il y a 10.000 ans, d'après le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE).
C'est dans ce contexte que l'UE propose la création, sous l'égide de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), d'un mécanisme mondial pour le carbone forestier (Global Forest Carbon Mechanism, GFCM) qui permettrait de récompenser les pays en développement qui entreprendraient des mesures de protection des forêts.
La Commission estime que 20 milliards d'euros seront nécessaires pour lutter contre la déforestation en 2020. Elle propose d'alimenter le financement du GFCM en versant 5% des revenus tirés de la mise aux enchères des quotas de CO2 alloués aux industriels à partir de 2013. Cette mesure pourrait rapporter de 1,5 à 2,5 milliards d'euros d'ici à 2020, estime la Commission.Dans le cadre du GFCM, elle envisage également une phase pilote pour expérimenter la prise en compte des ''crédits déforestation'' dans les marchés du carbone, ce qui permettrait aux gouvernements d'utiliser ces crédits pour réaliser les objectifs de réduction des émissions qui leur ont été assignés pour la période postérieure à 2012, souligne-t-elle.
Pour Grégoire Lejonc, chargé de campagne Forêts à Greenpeace France, l'Union européenne doit mobiliser plus de ressources financières et mener les négociations climatiques mondiales en proposant la création d'un fonds global pour la protection de la forêt basé sur un mécanisme de financement permanent. Le WWF dénonce de son côté, le manque d'ambition de la proposition qui ne fixe qu'un objectif de réduction de moitié et non l'arrêt total de la déforestation en milieu tropical d'ici 2020.
Rappelons que la France, qui a pris la présidence de l'Union Européenne le 1er juillet, a placé parmi ses priorités la lutte contre les changements climatiques et la préservation des forêts tropicales. Le Conseil européen des ministres de l'environnement, qui s'ouvre aujourd'hui à Luxembourg, doit discuter du Paquet Forêt. Il est de la responsabilité du Parlement et du Conseil européen de se montrer exigeants et exemplaires afin que l'Europe se donne effectivement les moyens de lutter contre la déforestation, affirme Grégoire Lejonc. Le prix de l'inaction en matière de déforestation coûte à l'économie mondiale entre 2.000 et 5.000 milliards d'euros par an*, soit plus que les pertes accusées par Wall Street depuis le début de la crise financière actuelle, souligne-t-il.
* Chiffres annoncés par l'économiste Pavan Shudkev dans ''The Economics of Ecosytems and Biodiversity'', 2008.