Montpellier Méditerranée Métropole (Hérault) regroupe trente et une communes. Elle est notamment en charge de la collecte et du traitement des déchets ménagers et entend vouloir mener une politique « zéro déchet » depuis les dernières élections municipales. Elle veut s'attaquer aux biodéchets contenus dans les poubelles grises. Des déchets fermentescibles qui représentent 30 à 50 % du poids des ordures ménagères résiduelles (OMR). Des matières valorisables en compostage et/ou méthanisation.
Le TMB en voie de disparition
Jusqu'alors la collectivité avait opté pour la construction d'un outil industriel qui permettait de trier mécaniquement les déchets mélangés contenus dans les poubelles grises. Une usine de tri mécanobiologique (TMB) qui produit un compost utilisable dans les champs agricoles. Mais ce compost, qui devait respecter la norme NFU-44051 pour pouvoir être distribué, n'a jamais eu vraiment la côte et il devrait même prochainement être interdit pour des raisons environnementales et sanitaires. En d'autres termes, le compost produit par l'usine Ametyst, a pour destination prochaine … l'incinération ou l'enfouissement, selon les mesures de la loi Agec. Ce qui oblige la collectivité à changer radicalement de cap en développant une politique de tri à la source. Surtout qu'en parallèle, le tri des biodéchets à la source deviendra obligatoire au 1er janvier 2023 pour toutes les collectivités.
Mobiliser les citoyens
Le composteur collectif est un des axes prometteurs. Il s'agit pour la métropole de financer des installations de compostage qui seront gérées par des associations de quartier. Les référents de ces associations suivent une formation proposée par l'association Compostons, subventionnée par la métropole. L'unité de compostage est constituée de plusieurs bacs : un bac pour les apports de biodéchets des usagers, un bac pour le broyat qu'il faut mélanger aux biodéchets, un ou plusieurs bacs de maturation et enfin un dernier qui servira à tamiser le compost pour obtenir un compost fin, facilement utilisable dans des pots de fleur. Regardez les explications sur la vidéo. Lorsque le procédé est bien maîtrisé, il faut à peine un mois pour transformer les biodéchets en compost.
Encore faut-il que les référents de l'association de quartier en charge des installations surveillent quasi quotidiennement le contenu du bac d'apport. Car malgré les explications écrites sur les bacs et les échanges divers avec les usagers, il est fréquent de trouver des papiers, des gobelets en carton, des couverts en bois voire des déchets qui n'ont rien de biodégradables comme des sacs plastique. Il faut donc des référents très impliqués. Certaines associations qui tentent l'aventure ont une dizaine de référents, ce qui permet de faire un roulement et de ne pas s'essouffler. Une fois par mois, les différents référents se retrouvent pour tamiser le compost et organiser une distribution aux usagers, retour à l'envoyeur. Une unité de compostage classique permet de valoriser une tonne de biodéchets par mois.
Un bilan économique prometteur
Reste à organiser la livraison du broyat, composant indispensable à la production de compost. Il apporte du carbone, absorbe l'humidité en excès et permet une meilleure aération. De plus, il évite la prolifération des moucherons lorsqu'il est bien dosé.
Ici, c'est L'Envol, un établissement et service d'aide par le travail (ESAT) qui se charge de l'approvisionnement d'une quinzaine de composteurs collectifs. Les agents assurent aussi une maintenance des bacs, des petites réparations et veillent à ce que le compost soit bien géré et entretenu. Car parfois ce n'est pas le cas. Il peut arriver que certaines installations soient délaissées ou vandalisées. Chaque semaine, les agents remontent les informations à la métropole. À terme, 200 unités de compostage collectif pourraient voir le jour d'ici 2026.
D'autres actions seront menées par la collectivité pour collecter les biodéchets en porte-à-porte. Selon les calculs théoriques de la métropole, le tri des biodéchets à la source permettrait d'économiser près de 8 millions d'euros :« aujourd'hui, nous avons 128 000 tonnes de déchets (poubelle grise) qui entre chaque année dans l'usine Amétyst, 35 000 tonnes sont des biodéchets. Ametyst nous coûte 15 millions d'euros par an, donc environ 5 millions d'euros pour les biodéchets, plus le coût de l'exportation de ces déchets pour être incinérés ou enfouis », précise François Vasquez, vice-président de la métropole, en charge des déchets.