Le 11 novembre dernier, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) publiait un communiqué indiquant que l'autorité de sûreté nucléaire tchèque avait mesuré de très faibles niveaux d'iode 131 dans l'atmosphère. D'autres pays européens (Allemagne, Hongrie…) ont confirmé ces mesures. Selon l'AIEA, les niveaux de concentrations mesurés ne représentent pas un risque de santé publique et ne sont pas causés par l'accident nucléaire de Fukushima Daiichi (Japon).
C'est aujourd'hui au tour de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire français (1) (IRSN) de communiquer sur le sujet. Les premiers résultats des mesures réalisées en France (Orsay, 91 ; Charleville–Mézières, 08 ; Bure, 55 et Vésinet, 78) indiquent ''la présence de traces d'iode 131 particulaire dans l'air, à des niveaux de concentration ne dépassant pas quelques µBq/m3etproches des limites de détection des instruments de mesure''.
De faibles concentrations dans le nord de la France
Les concentrations les plus élevées ont été constatées à Charleville-Mézières (5,7 µBq/m3), Orsay (4,9 µBq/m3) et au Vésinet (12 µBq/m3) les 9 et 10 novembre.
''S'agissant probablement d'une pollution diffuse à faible gradient de concentration à l'échelle du nord de la France, ces constats conduisent à conclure que la pollution de l'air par l'iode 131 a touché le territoire plutôt vers la fin de la période de prélèvement, c'est-à-dire entre le 7 et le 10 novembre. (…) Il se peut que cette pollution se poursuive au-delà du 10 novembre, ce que permettront de vérifier les mesures à venir'', explique l'IRSN. D'autres mesures sont en cours dans le sud de la France. L'iode 131 a une courte durée de vie (environ huit jours).
De son côté, la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) (2) a immédiatement lancé des mesures. ''Les cinq balises de contrôle de la radioactivité atmosphérique que gère le laboratoire de la Criirad en Vallée du Rhône n'ont jusqu'à présent détecté aucune contamination'', indiquait-elle le 14 novembre. ''Pour l'instant, les résultats obtenus ne révèlent pas de contamination par l'iode 131 supérieure à la limite de détection (< 1 milliBecquerel par m3 et moins) sur des comptages d'échantillons hebdomadaires provenant des 2 stations situées au nord (Péage de Roussillon) et au sud (Avignon) du réseau (…). Ceci ne permet pas d'exclure des contaminations à des niveaux qui seraient inférieurs aux limites de détection mais permet de considérer que s'il y a eu présence d'iode 131, elle était à des niveaux extrêmement faibles''. En mars 2011, la Criirad a détecté un faible taux d'iode 131 dans l'eau de pluie, dans le sud-est de la France (8,5 Bq/m2).
L'origine des rejets reste à déterminer
Selon l'IRSN, ''si la présence d'iode 131 dans l'air est tout à fait inhabituelle à cette échelle du territoire national, indiquant l'occurrence de rejets radioactifs anormaux dans l'atmosphère, les niveaux de concentration observés sont sans aucun risque pour la santé des populations''.
L'origine de cette pollution n'est pas connue aujourd'hui. Des calculs de rétro-trajectoires sont actuellement menés pour tenter de localiser la provenance des masses d'air ayant transporté l'iode 131. ''Les détections faites en France par l'IRSN ont probablement la même origine que celles préalablement faites dans divers pays d'Europe centrale. Ces rejets, dont il n'est pas possible d'estimer l'importance à ce stade et dont l'impact à l'échelle locale pourrait ne pas être négligeable, peuvent résulter soit d'une activité de production ou d'utilisation d'iode 131 à des fins médicales, soit d'un réacteur nucléaire (de production d'électricité ou de recherche). Dans ce dernier cas, ce radionucléide serait accompagné d'autres produits de fission radioactifs, qui n'ont pas été mis en évidence dans les premières analyses effectuées par l'IRSN''.
Tout comme l'AIEA, l'IRSN exclue l'hypothèse de rejets en provenance de Fukushima (Japon). Selon elle, l'iode 131 rejetée en mars dernier lors de l'accident a pratiquement disparu et les réacteurs accidentés ne produisent plus d'iode 131 aujourd'hui. De plus, ''même si les concentrations mesurées en France sont environ 100 fois plus faibles que celles observées après l'accident de Fukushima, il aurait fallu un rejet important d'iode 131 au Japon pour atteindre un tel niveau, ce qui aurait conduit à des détections plus précoces et à des niveaux plus importants au Japon, comme ce fut le cas en mars 2011''.