L'EPA est ainsi convaincue que les concentrations atmosphériques en gaz à effet de serre sont à des niveaux sans précédent, en raison des émissions humaines et sont très probablement la cause de l'augmentation des températures moyennes et d'autres changements climatiques. L'agence estime également que ces changements climatiques affectent la santé de différentes manières. L'EPA a ainsi étudié une récente étude américaine intitulée « Assessment of the Impacts of Global Change on Regional U.S. Air Quality : A Synthesis of Climate Change Impacts on Ground-Level Ozone » qui démontre que le changement climatique conduit à des concentrations plus élevées en ozone au niveau du sol (ozone troposphérique). Or, ce gaz nocif est à l'origine d'irritations des muqueuses oculaires et respiratoires et de crises d'asthme chez les sujets sensibles.
L'EPA évoque également les conséquences sanitaires des catastrophes naturelles provoquées par les changements climatiques : sécheresse accrue, déluges et inondations, vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses, feux de forêt, élévation de niveau de la mer, impacts sur les ressources en eau, l'agriculture, la faune et les écosystèmes.
En plus de menacer la santé des personnes, l'analyse constate que le changement climatique a également des implications sérieuses pour la sécurité nationale. L'EPA rappelle ainsi qu'en 2007, 11 généraux et amiraux américains à la retraite ont mis en évidence ces nouveaux risques. La pénurie croissante des ressources, et notamment de l'eau, risque de provoquer une escalade de la violence dans des régions déstabilisées et conduirait à des migrations massives.
Vers une législation complète sur les émissions de CO2 ?
Même si pour l'instant l'EPA ne propose pas de nouvelle réglementation en terme d'émissions de CO2 comme le lui demandent certains Etats, entreprises et ONG, elle se rapproche de la nouvelle position de l'administration Obama. Ces conclusions sont en accord avec l'appel du président Obama pour une économie limitant les émissions de carbone et bénéficient d'un fort soutien au Congrès favorable à une législation sur les énergies propres et sur le climat, a déclaré Lisa Jackson.
L'EPA précise qu'avant de prendre des mesures pour réduire les gaz à effet de serre dans le « Clean Air Act », elle doit prendre en considération les avis d'autres parties prenantes. Ces conclusions vont d'ailleurs faire l'objet d'une consultation de 60 jours afin d'être définitivement validées et publiées.
Pour les associations environnementales, ces conclusions représentent un nouveau pas en avant : là où l'administration de Bush traînait, l'administration d'Obama mène désormais. Ce n'est plus une question de « si » ou même de « quand » les États-Unis agiront sur le réchauffement global. Nous sommes en train de le faire maintenant, explique David Bookbinder, de l'association Sierra Club. Cette étape permettra à l'administration d'avancer tout en continuant à travailler avec le Congrès pour établir un plan ambitieux en terme de climat et d'énergie propre, ajoute-t-il.
Ces évolutions dans les positions internes de l'administration Obama se répercutent à l'international. À l'occasion du sommet de Bonn en mars dernier, les Etats-Unis ont fait preuve de motivation et d'engagement en revenant à la table des négociations et en confirmant leur volonté de réduire de 80% leurs émissions de GES d'ici 2050. Le Président américain a par ailleurs annoncé la création d'un « forum de l'énergie et du climat » accueillant 17 grandes économies mondiales qui se réunira à Washington fin avril.
Prochaine occasion pour les Etats-Unis de « faire bonne impression », la semaine prochaine en Italie à l'occasion du G8.