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Actu-Environnement

Climat : la session de Bonn enregistre des progrès mais n'apaise pas les tensions politiques

Du 31 mai au 11 juin, les délégués de 185 pays étaient réunis à Bonn pour préparer le sommet de Cancún. Il s'agissait de progresser vers un accord prolongeant l'action internationale au-delà de 2012, échéance du protocole de Kyoto.

Gouvernance  |    |  P. Collet
Un document, basé sur les textes négociés à Copenhague, mais non adoptés, et l'Accord de Copenhague, était au cœur des travaux du groupe LCA (Coopération à long terme) rassemblant les 194 parties à la CCNUCC (Conférence-cadre des Nations unies sur les changements climatiques). Quant au groupe de travail relatif au protocole de Kyoto, il devait progresser vers un accord sur une deuxième période d'engagement et les règles de comptabilisation des émissions de GES (gaz à effet de serre) qui s'appliqueront.

Ambiance studieuse

Avant la rencontre, des doutes pesaient sur la capacité des délégués à progresser. En mai, Meles Zenawi, le Premier ministre éthiopien, avait menacé, au nom de l'Afrique, de s'opposer à un traité si l'aide de 30 milliards de dollars pour la période 2010-2012 ne se concrétisait pas. De même, durant la session, le groupe AOSIS (Alliance des Petits Etats Insulaires1) a fait part de ''préoccupations sérieuses'' au sujet de l'absence de concrétisation de l'aide financière promise à Copenhague.

Côté ONG, Oxfam a publié un rapport sur ses craintes de voir les promesses de dons se transformer en prêts et sur l'absence d'aide additionnelle puisqu'une partie recyclerait des sommes déjà accordées via l'aide public au développement. De même, à l'ouverture de la session, Yvo de Boer, le secrétaire exécutif de la CCNUCC, estimait que ''la priorité est de rétablir la confiance'' mise à mal par l'échec de Copenhague. Et de préciser : ''Cancún sera un succès si les promesses d'aide sont tenues''.

Néanmoins, les délégués ont abordé ce rendez-vous dans de bonnes conditions. La lettre ECO, rédigée par le Réseau action climat, évoquait une ''surprise agréable'' à l'ouverture des négociations, décrivant ''un esprit de coopération évident et un profond désir de se remettre au travail''. Jérôme Frignet, chargé de campagne forêts pour Greenpeace, explique que ''la nouvelle présidentes du LCA a réussi à insuffler une nouvelle approche qui semble satisfaire les parties : elle consulte et propose une synthèse''. Certes de nombreuses oppositions politiques persistent mais l'ambiance était studieuse.

La question financière reste tendue

S'agissant de l'aide en faveur des pays pauvres, l'opposition reste vive au sujet des sources de financement, en particulier sur la place à accorder aux fonds publics. Les pays développés souhaitent qu'une part des fonds provienne du secteur privé et des mécanismes de marché. A l'opposé, les pays en développement réclament un financement adéquat, prévisible et additionnel. Or, ils jugent que les fluctuations des marchés sont incompatibles avec ce souhait.

D'autre part, les travaux du Groupe consultatif de l'ONU sur le financement des changements climatiques, chargé de réfléchir à des financements alternatifs, sont attendus pour la conférence de Cancún. Cependant, il n'y a pas d'accord sur la portée de ce rapport : les pays industrialisés souhaitent qu'on en tienne compte, alors que le G77 rappelle qu'il travaille en dehors de la CCNUCC.

Les délégués se sont donc quittés en laissant de côté la question de l'origine des fonds mais en proposant de créer, au plus tard fin 2011, un Fonds climat chargé de gérer les sommes. Celui-ci ne serait pas géré par la Banque mondiale, conformément au souhait des pays en développement.

Quid des réductions des émissions de GES ?

La question des réductions des émissions de GES reste l'objet d'affrontements. Si les pays en développement pressent les pays développés sur le sujet, ces derniers souhaitent d'abord régler les questions de comptabilisation des émissions et absorptions de CO2.

Il s'agit notamment d'établir les règles LULUCF (utilisation des sols, changements d'affectation des sols et foresterie), car selon les règles choisies les émissions peuvent varier considérablement. Ainsi, la Russie, premier pays au monde par la surface forestière, a clairement indiqué que son engagement dépendra des règles LULUCF. ''Il semble qu'il n'y ait plus d'opposition majeure à boucler le dossier, explique Jérôme Frignet ajoutant que si cela peut débloquer les discussions sur les chiffres, il y a effectivement une bonne chance que la discussion progresse d'ici Cancún''.

Par ailleurs, les pays les plus vulnérables souhaitent limiter la hausse moyenne des températures globales à 1,5°C. L'AOSIS et une centaine de pays, dont l'Union européenne, réclament donc à la CCNUCC une étude des éléments scientifiques et des scénarii permettant de ne pas dépasser ce seuil. Cependant, ''l'Arabie saoudite et des pays pétroliers, dont le Venezuela, ont bloqué cette proposition, à la suite d'échanges particulièrement houleux'' rapporte Jérôme Frignet. Cette opposition n'est pas anodine : si la CCNUCC réalise cette étude, cela pourrait encourager le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) à faire de même, alors que son scénario le plus ambitieux se base aujourd'hui sur une limite à 2°C.

Construire l'édifice pierre par pierre

À l'issue de la session de Bonn, les négociateurs repartent avec un ''texte de facilitation'' de 21 pages, contre 48 pour le document présenté avant la session. Parmi les éléments clés se trouvent un objectif de réduction de 25% à 40% des émissions de GES des pays développés d'ici 2020, sans préciser l'année de référence. Au niveau mondial, l'objectif est de réduire les émissions de 50 à 85% par rapport à 1990 avec une baisse de 80 à 95% pour les pays développés. Ce texte, bien que critiqué par de nombreux pays, devrait servir de base aux prochains pourparlers à Bonn début août.

Qu'espérer pour Cancún ? Pour Yvo de Boer, un résultat positif serait l'établissement d'''une architecture opérationnelle''. Quant à Christiana Figueres, la costaricienne qui prendra la tête de la CCNUCC en juillet, elle prévoit ''un succès'', entendant par là ''une pierre importante dont nous avons besoin pour construire l'édifice''. Selon elle, la lutte contre les changements climatiques ne peut être réglée par un accord définitif, il s'agit plutôt d'''un effort soutenu'' sur plusieurs décennies.

Réactions1 réaction à cet article

Pour encore longtemps

ON DIRAIT UNE SORTE DE "SOCIÉTÉ DES NATIONS" VERSION CLIMAT...
C'EST DÉSESPÉRANT, COMBIEN DE TEMPS VONT-ILS NOUS PROMENER COMME CELA ?
J'ENRAGE SUR UN NAVIRE BIEN MAL BARRE, AU FAIT / C'EST QUI LE CAPITAINE ?
François Mary-Vallée

voilaquivoila | 17 juin 2010 à 03h37 Signaler un contenu inapproprié

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