Le Premier ministre a prononcé ce vendredi 28 novembre le discours de clôture (1) de la troisième Conférence environnementale du quinquennat de François Hollande. Dans le flot de ce discours, ce sont ses déclarations relatives aux transports et à la qualité de l'air qui retiennent le plus l'attention. Il semble effectivement que le Gouvernement ait pris la mesure des conséquences sanitaires désastreuses de la politique du "tout diesel" menée durant de nombreuses années.
"En France, le moteur diesel a longtemps été privilégié. Ce fut une erreur", reconnaît le chef du Gouvernement, en faisant allusion à une toute récente étude qui montre que les Parisiens respirent jusqu'à 6 millions de particules fines par litre d'air. Aussi, souhaite-t-il revenir sur cette politique, mais de manière progressive, avec "intelligence et pragmatisme". Il dit avoir en effet à l'esprit les critiques contre des mesures qui pénaliseraient en premier lieu les couches sociales les plus défavorisées.
Manuel Valls entend d'abord agir par la fiscalité. "La réduction de l'écart de taxation entre l'essence et le gazole prévue par le projet de loi de finances pour 2015 y contribuera", indique-t-il. Encore faudra-t-il veiller à ne pas laisser dans cette loi des dispositions, introduites en cours de discussion et qui pourraient être contraires à cet objectif. Mais il sera également nécessaire de s'attaquer à d'autres dispositifs préférentiels en faveur du gazole.
La lutte contre le changement climatique, grande cause nationale 2015
Manuel Valls a déclaré officiellement la lutte contre le changement climatique "Grande cause nationale 2015" lors de la clôture de la Conférence environnementale. Une revendication formulée par les participants à la table ronde sur le climat et en phase avec la volonté du Gouvernement de pouvoir aboutir à un accord lors de la Conférence de Paris de décembre 2015
Le Premier ministre veut également avancer via les initiatives des collectivités locales. "Pour accompagner ces démarches, le Gouvernement mettra en place, en 2015, un système d'identification des véhicules en fonction de leurs émissions polluantes", qui ouvrira probablement la voie à la mise en place des zones de restriction de circulation prévues par le projet de loi sur la transition énergétique.
A cet égard, Manuel Valls a salué le travail engagé par la Ville de Paris, qui s'apprête à prendre des mesures fortes pour réduire la place du diesel dans la capitale. De même que l'accord entre la chambre de commerce et la région Ile-de-France pour mettre en place un tarif unique sur le réseau de transport collectif.
Enfin, le chef du Gouvernement s'est déclaré favorable à l'élargissement de la prime à la conversion des vieux diesels. Les participants à la table ronde Transports et mobilité durable ont en effet réclamé la possibilité qu'elle puisse profiter également à des véhicules propres d'occasion. Le dispositif, tel qu'il est actuellement prévu, prévoit d'accorder une prime pouvant atteindre 3.700 euros pour l'achat d'un véhicule électrique, hybride ou répondant à la norme Euro 6, accompagné de la mise au rebut d'une voiture diesel de plus de 13 ans, dans une zone soumise à un plan de protection de l'atmosphère (PPA).
Cette prime s'ajouterait au bonus écologique en faveur des véhicules électriques et hybrides rechargeables, dont Manuel Valls annonce qu'il sera "préservé jusqu'à la fin du quinquennat". Le véhicule électrique reste donc une priorité du Gouvernement, et pas seulement de la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, qui en est un promoteur zélé. Le Premier ministre a en effet confirmé le déploiement de bornes électriques sur le territoire, sans pour autant s'avancer sur un chiffre.