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Actu-Environnement

La conférence de Poznan sur les changements climatiques accouche d'une souris

C'était prévisible : en attendant le renouvellement de l'administration américaine, la conférence de Poznan s'est achevée sans décision marquante. Mais les rendez-vous sont pris pour l'année prochaine, en vue de la cruciale conférence de Copenhague.

Gouvernance  |    |  A. Sinaï
   
La conférence de Poznan sur les changements climatiques accouche d'une souris
© Jan Golinski, UNFCCC
   
Qu'aucune décision politique marquante ne soit sortie du sommet de Poznan sur les changements climatiques n'aura surpris personne parmi les participants, habitués au flux et au reflux de ces négociations. Alors qu'à Bali, en 2007, la négociation avait connu une phase d'expansion relative, la conférence de Poznan s'est caractérisée par sa faible productivité politique. Paradoxalement, plus l'échéance des grands choix de l'avenir se rapproche, plus le mouvement semble suspendu, avant le sprint final de 2009, année cruciale pour la suite du processus.
Après une période de rodage sans grande efficacité environnementale, le Protocole de Kyoto va entrer en 2012 dans le déploiement d'objectifs à long terme de réduction d'émissions de gaz à effet de serre. Jusqu'en 2012 en effet, il ne s'agit, pour les pays industrialisés, que de réduire de 5% globalement leurs émissions par rapport à leur niveau de 1990. Pour l'après 2012, les objectifs seront plus drastiques, et la négociation se projettera dans une échelle de temps inédite en politique.
Dans le compte à rebours de l'urgence climatique, trois grandes étapes d'inflexion des émissions de gaz à effet de serre devraient scander les quarante prochaines années. En 2015 au plus tard, les émissions mondiales devraient avoir atteint un pic d'inflexion et amorcer leur décrue. En 2020, les pays industrialisés devraient avoir réduit leurs émissions de 20 à 30% minimum. L'Union européenne vient de s'y engager en adoptant, le 12 décembre, son « paquet » climat-énergie. Des pays extra-européens tels que l'Australie et le Japon, l'Afrique du Sud et la Chine ont affirmé des objectifs équivalents, même s'ils ne sont pas soumis aux mêmes contraintes que les pays industrialisés au titre du principe de responsabilités communes mais différenciées qui prévoit une contrainte plus forte pour les pays industrialisés de la première génération. Troisième étape, en 2050, il faudra que l'ensemble des émissions soit divisé par deux par rapport à 1990, selon une répartition de l'effort équitable, qui demandera aux émetteurs historiques de diviser au moins par quatre leur combustion de carbone. Autant dire qu'un tel scénario dessine des sociétés libérées de leur dépendance aux énergies fossiles, et des économies fondées sur un mode de création de richesse qui ne passe plus par le gaspillage des ressources naturelles.

La méthode de la méthode

Le défi est exaltant, mais Poznan ne l'a pas relevé. Malgré la présence d'Al Gore, venu doper les dix mille participants à la conférence par un discours churchillien réclamant la mobilisation générale, face à ce qu'il a qualifié de plus grand défi auquel l'humanité a été confrontée, la mayonnaise, cette fois, n'a pas pris. Du moins cette conférence a t-elle réitéré l'urgence, sans pour autant affirmer de nouveaux engagements. La justification de cet attentisme tient en partie à l'absence de la nouvelle administration américaine, qui entrera en fonction le 20 janvier, et à l'enlisement des négociations européennes dans le « paquet » climat énergie, qui se sont simultanément achevées à Bruxelles. La complexe mosaïque de cette négociation planétaire, prompte à devenir une tour de Babel où s'affrontent trop de points de vue discordants, requiert le leadership constant de grands ensembles tels que l'Europe, cette fois à bout de souffle après l'éreintant bouclage du paquet climat.
Du coup, les négociateurs ont reporté les décisions qui fâchent en 2009. Quatre conférences intermédiaires sont prévues d'ici à celle de Copenhague, d'où la communauté internationale s'est promis de sortir avec un accord post-2012.

Réforme du Fonds pour l'adaptation

Libérés provisoirement de l'urgence à nouveau reportée, ils se sont adonnés à des discussions méthodologiques et juridiques. La réforme du Fonds pour l'adaptation a été présentée comme le succès majeur de cette conférence par Ivo de Boer, secrétaire exécutif de la conférence. L'accord obtenu à Poznan sur le fonds d'adaptation permet désormais de rendre ce fonds opérationnel et de commencer à financer des projets d'adaptation dans les pays les plus vulnérables. Il confirme l'engagement financier de l'Union européenne vis-à-vis des pays en développement, sans pour autant sécuriser son abondement, soumis à de vifs débats. Les pays du sud, futurs utilisateurs de ce fonds, voudraient en effet pouvoir compter sur des recettes prélevées sur l'ensemble des mécanismes de transactions de quotas du protocole de Kyoto, et non pas seulement sur la taxe sur le mécanisme de développement propre, qui concerne les investissements faits par les industries du Nord dans les pays du sud, en échange de quotas de CO2. La discussion a achoppé sur le concept de « share of proceed », qui consiste à étendre le prélèvement à l'ensemble des transactions, à savoir les transferts de technologies vers les pays de l'est (mise en oeuvre conjointe), et la vente de permis d'émission. Très mécontents, les pays émergents et les pays du sud plus généralement, les plus vulnérables au changement climatique, ne comprennent pas être les seuls à contribuer indirectement à cet abondement, alors qu'ils sont les destinataires des aides à l'adaptation. A contrario, les pays de l'Est, comme la Russie, refusent de voir le mécanisme de mise en œuvre conjointe servir de support au financement de l'aide au sud. L'égoïsme des nations a finalement prévalu, chacun tirant la couverture à soi, sur fond de crise économique.

D'autres volets de la négociation ont cependant progressé, comme l'amélioration de la transparence du fonctionnement du bureau de sélection des projets de développement propre. Pour autant, les ONG environnementales se sont inquiétées de la possibilité de voir incluse dans les projets de développement propre la technologie de séquestration du carbone sur les sites des centrales à charbon. Cette technologie controversée accrédite l'idée qu'une centrale à charbon pourrait être propre, alors qu'il s'agit d'en réduire l'usage, très émetteur de dioxyde de carbone. Enfin, un autre complexe volet, celui de la comptabilisation des forêts anciennes dans le futur mécanisme de réduction des émissions liées à la déforestation (REDD), n'a pas donné satisfaction aux écologistes et aux peuples autochtones, dont le rôle ancestral dans le maintien des forêts primaires n'a pas été explicitement reconnu par les textes sortis de Poznan.

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