La question de l'indépendance énergétique de l'Union est devenue prioritaire depuis le déclenchement de la crise ukrainienne. Or des mesures efficaces dans les infrastructures énergétiques, l'industrie et les bâtiments seraient, d'une part, une bonne chose pour l'environnement et, d'autre part, pour la sécurité énergétique, selon une étude publiée par Ecofys.
Il serait possible selon les auteurs de l'étude de diminuer de 49% les émissions carbonées par rapport au niveau des années 1990 ce qui serait un résultat qui irait bien au-delà des projections prévues dans le cadre énergie-climat 2030.
La sécurité énergétique était également à l'ordre du jour du Conseil européen des 22 et 23 octobre. La crise ukrainienne a en effet brutalement mis au jour la dépendance européenne vis-à-vis du gaz russe et de nombreux pays, dont la Bulgarie, l'Estonie, la Finlande, la Lettonie, la Lituanie et la Slovaquie, sont complètement dépendants des importations en gaz en provenance de la Russie.
Ainsi, la crainte que la Russie, de par son monopole étatique via Gazprom, réévalue le prix du gaz à la hausse ou tout simplement coupe les vannes, a largement contribué à la lente réaction de l'UE dans la crise ukrainienne.
Le gaz de schiste n'est pas une solution
Selon les auteurs de l'étude, il y a peu de chances que l'UE augmente sa production de gaz, même avec l'essor du gaz de schiste. Certains États membres, notamment la Pologne, mènent actuellement des études exploratoires en vue d'exploiter le gaz de schiste.
Mais l'étude indique que des facteurs tels que les coûts liés à production, l'impact sur l'environnement, la taille des réserves et le développement technologique inadapté pourraient empêcher l'UE d'avoir une production conséquente en gaz de schiste avant 2030.
Des mesures ambitieuses à prendre
Le rapport compare le potentiel des mesures aux prévisions actuelles de l'UE. Une réduction de 58% de la consommation en gaz par les bâtiments d'ici 2030 représenterait l'équivalent de 23% du gaz naturel actuellement consommé par l'UE. Pour cela, dit le rapport, il faudrait améliorer l'isolation, les systèmes de chauffages et augmenter la part des énergies renouvelables.
Une diminution de 20 % de la consommation en gaz par l'industrie représenterait une baisse de 5% de la consommation en gaz naturel actuelle. Un tel objectif pourrait être atteint en renforçant la production combinée de chaleur et d'électricité, en assurant un meilleur dispositif de chauffage et en perfectionnant les systèmes de conduite électrique.
Sur la base d'une croissance réaliste, la consommation pour produire de l'énergie pourrait être diminuée de 63 %, soit 19 % de la consommation totale du gaz naturel de l'UE, et ce, grâce à l'augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique de l'Union.
Alors que l'objectif de l'UE est de porter la part des énergies renouvelables à 27% d'ici 2030, l'analyse d'Ecofys avance que cette projection ne fait que suivre la tendance actuelle constatée du développement de la filière du renouvelable. Ce qui signifie qu'il existerait une large marge de manœuvre pour un développement plus important des énergies renouvelables, affirment les auteurs.
"Cette étude montre que l'UE peut couper ses importations en gaz naturel de moitié sans avoir à faire répercuter le coût sur les consommateurs", affirme Jennifer Morgan, directrice du programme énergie et climat au sein de l'Institut des ressources mondiales (WRI). "C'est une approche gagnant-gagnant pour l'UE qui permettrait d'augmenter sa sécurité énergétique et renforcer son action sur le climat",poursuit-elle.
La Russie et l'Ukraine se sont mis d'accord sur les fondements d'un contrat en vue de trouver une solution au conflit qui les oppose sur l'approvisionnement en gaz, a indiqué le président ukrainien, Petro Porochenko, après avoir rencontré Vladimir Poutine et les dirigeants français et allemands le 17 octobre dernier.