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Environnement : les Français changent leurs habitudes

Si les Français se disent de plus en plus sensibles à l'environnement, sont-ils prêts à consentir à des efforts pour protéger la planète ? Oui répond le Crédoc qui a ausculté le comportement de la population au cours des quinze dernières années.

Gouvernance  |    |  S. Fabrégat
   
Environnement : les Français changent leurs habitudes
   

Beaucoup de paroles et peu d'actes, c'est souvent le refrain que l'on entend à propos de l'environnement. Le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc) a donc mené une étude sur les changements de comportements (1) opérés par les Français ces vingt dernières années. L'objectif : vérifier que leur sensibilité environnementale croissante (huit personnes sur dix se disent concernées par l'environnement) ne se résumait pas à de bonnes intentions mais qu'elle se traduisait bien en actes. Les conclusions sont plutôt bonnes : ''Si, dans certains domaines tels que le logement et le chauffage, les progrès se font attendre, l'étude met à jour des changements significatifs (… ) En quinze ans, bon nombre d'habitudes ont été remises en question''. Economies d'eau, délaissement de la voiture, réduction du gaspillage ou encore consommation bio font désormais partie des réflexes de nombreux Français, selon l'étude. Plus surprenant encore, le souci d'économies ne serait pas le principal levier d'action.

De réelles économies d'eau

Deux Français sur trois font désormais attention à fermer le robinet pour éviter le gaspillage inutile. ''Ils n'étaient qu'une courte majorité il y a quinze ans'', note le Crédoc, qui précise : ''En 1995, les conduites économes étaient principalement motivées par le souhait d'alléger la facture. Aujourd'hui, et malgré la crise économique, les considérations budgétaires passent au second plan : c'est le désir de préserver une ressource naturelle qui prime''.

Et ces déclarations se vérifient dans les faits : entre 1995 et 2007, les volumes d'eau prélevés en France pour les particuliers ont baissé de 3 % alors que le nombre d'habitants a progressé de 7 %. Si le Crédoc note que les progrès technologiques ont participé à cette baisse de la consommation (électroménager plus économe, mise en place de compteurs d'eau individuels…), il estime néanmoins que ''la sensibilité écologique est le facteur qui explique le mieux l'attention portée aux économies d'eau, avant le niveau de revenu, la catégorie professionnelle ou l'âge des enquêtés''.

La voiture serait-elle ringarde ?

La voiture, longtemps considérée comme symbole de réussite sociale et de liberté, aurait du souci à se faire, d'après le Crédoc. Même si les statistiques montrent une hausse du taux d'équipement au niveau national (83 % des ménages en 2008, contre 77 % en 1990 ou 58 % en 1970), cette hausse ''est, en réalité, surtout portée par les seniors'', analyse le Crédoc. Seuls 59 % des 18-24 ans disposent aujourd'hui d'une voiture, contre 74 % il y a vingt ans. ''Une analyse de ces taux sur longue période montre clairement qu'au-delà d'un effet lié à l'âge (l'usage de l'automobile est toujours plus fréquent après 25 ans car le niveau de ressources augmente et la situation familiale évolue), les nouvelles générations utilisent de moins en moins ce moyen de transport''.

Autre fait significatif : la baisse du taux de renouvellement de la voiture : ''L'âge moyen des véhicules s'est allongé, passant de six ans en 1990 à huit ans depuis 2006''. Les véhicules d'occasion séduisent davantage les Français (62 % en 2008 contre 50 % en 1990). ''Et lorsqu'ils choisissent des voitures neuves, ils optent pour des véhicules moins puissants : 79 % des immatriculations neuves appartiennent à la catégorie des moins de 6 chevaux fiscaux en 2009, contre 62 % en 2003''.

Enfin, les voitures seraient de plus en plus reléguées au garage. ''Le parcours annuel moyen des voitures particulières est passé de 14.031 km en 2001 à 12.791 km en 2009, alors même que l'étalement urbain aurait pu jouer en sens inverse''. L'évolution de comportements serait liée à la hausse du prix de carburant, mais aussi à l'offre de transport en commun. ''Une étude de l'INSEE montre par ailleurs qu'une amélioration du maillage territorial et une diminution des prix des transports en commun constitueraient le premier levier de l'abandon de la voiture''.

Néanmoins, 30 % des Français seraient des irréductibles : ils déclarent ''que rien n'est susceptible de les amener à moins utiliser leur véhicule personnel''.

Haro sur le gaspillage

''La prise de conscience de l'impact des actions individuelles sur l'environnement se manifeste aussi aux différentes étapes de la vie des produits'', analyse le Crédoc.

Ainsi, huit consommateurs sur dix se servent aujourd'hui de sacs réutilisables pour faire leurs courses, alors qu'ils n'étaient que quatre sur dix en 2005. De même, ils sont 52 % en 2010 à faire attention à la quantité de déchets qu'occasionnent leurs achats, contre 41 % en 2003. Vérification dans les faits : les emballages représentent 32 % des ordures ménagères aujourd'hui, contre 39 % en 1993.

La chasse au gaspillage se vérifie aussi lors de la phase d'utilisation des produits. Selon une étude de l'Ademe, 63 % de la population fait réparer les appareils électroménagers ou électroniques au lieu d'en racheter de nouveaux, contre 52 % en 2005. L'achat et la vente de produits d'occasion se multiplient également.

''Au bout de la chaîne, le tri et le recyclage se sont peu à peu installés dans les habitudes. Les ordures ménagères imputables aux ménages, qui ne cessaient de progresser depuis les années soixante, sont en légère baisse depuis 2003, passant de 359 kg par personne en 2002 à 354 en 2006''.

Consommer mieux

Enfin, ''le succès du bio est une des manifestations les plus visibles des changements d'habitude à l'oeuvre ces dernières années. Réservé à une minorité plutôt aisée et très engagée il y a quinze ans, le bio se diffuse désormais dans les catégories les plus modestes''. Ainsi, 52 % des personnes disposant de moins de 900€ par mois consommeraient aujourd'hui des produits issus de l'agriculture biologique, contre 20 % en 1995. De même, 60 % des jeunes achètent de temps à autre ce type de produits, alors qu'ils n'étaient que 26 % il y a quinze ans. Et ce, malgré la crise et la hausse du prix des denrées alimentaires.

''La préoccupation pour l'environnement n'est pas la seule explication de l'essor de ces denrées, qui jouissent aussi d'une image positive pour la santé et pour le goût. L'augmentation de l'offre en rayon et la bonne identification du label AB facilitent aussi cet engouement''.

Autre phénomène en augmentation, mais encore marginal : le boycott de produits. En 2010, 33 % des Français disent avoir au moins une fois boycotté certains produits, contre 26 % en 2002. Le Crédoc note également un regain d'intérêt pour les produits fabriqués en France, qui conjugue ''une forme de solidarité économique avec les salariés et les entreprises françaises et des considérations écologiques : acheter ce qui est fabriqué en France plutôt qu'à l'étranger limite les pressions qu'exercent les transports sur l'environnement''.

Le consommateur se dit également méfiant quant au greenwashing : seuls 31 % des Français considèrent que les informations présentes sur les produits verts sont scientifiquement fondées.

1. Consulter l'étude du Crédoc sur l'environnement et le comportement des Français
http://www.credoc.fr/pdf/4p/242.pdf

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