Pas de greenwashing mais des preuves
1,5 tonnes équivalent CO2, c'est l'impact des courses alimentaires annuelles d'un foyer français selon Système U, le cabinet d'études IRI et Greenext. Un chiffre qui équivaudrait à un trajet de 10.571 km en voiture… La comparaison est parlante. Oui mais voilà, rien n'est dit ou plutôt trop est dit sur la manière de diminuer cet impact. ''Achetez local'', ''achetez bio'', ''réduisez les emballages'', ''achetez labellisé'', ''produit éco-conçu''… Les messages pleuvent de toute part et laissent le consommateur désemparé !
Si de nombreux sondages révèlent que les Français sont désireux de consommer durable, ceux-ci montrent que de nombreux freins persistent notamment au niveau de l'information. Les messages délivrés par les entreprises sont jugés peu fiables. Selon une enquête réalisée par Ethicity récemment, 54 % des personnes interrogées déclarent être méfiantes sur le discours des marques et des entreprises en matière de développement durable, 53 % pensent qu'il y a trop de messages publicitaires sur la consommation durable, 43 % d'entre eux vont jusqu'à ne plus supporter les messages des marques sur l'environnement, un constat particulièrement marqué chez les seniors. Quant aux labels censés désigner les produits les plus vertueux, 65 % des Français estiment qu'il y a trop de labels pour les produits durables et que cette profusion d'information tend à créer de la confusion. Finalement, 62 % disent ne pas pouvoir juger de la meilleure qualité des produits durables.
Parallèlement, trois quarts des personnes interrogées pensent que les entreprises ne leur donnent pas assez d'information sur les conditions de fabrication de leurs produits. 53 % déclarent vouloir des informations sur l'origine des matières premières sur les étiquettes des produits qu'ils achètent, 45 % sur le lieu de fabrication et 48 % sur leurs impacts en matière de biodiversité qui semble les toucher davantage que les enjeux de réchauffement climatique. Les consommateurs souhaitent donc une information plus claire, plus large et surtout plus fiable, autrement dit contrôlée.
Recul sur l'affichage environnemental : vers un laisser faire ?
C'est ce que visait l'objectif d'affichage environnemental généralisé à l'horizon 2011 fixé lors du Grenelle de l'environnement. L'idée était que l'ensemble des produits et services de grandes consommations fournissent des informations précises et comparables sur l'impact environnemental des produits. Validé dans la loi dite Grenelle 1 du 3 août 2009, ce dispositif risque pourtant de passer à la trappe dans le texte Grenelle 2. L'article 85 du projet de loi prévoyait une mise en œuvre progressive de l'affichage environnemental à partir du 1er janvier 2011, les modalités devaient être fixées par décret. Mais l'adoption, le 24 mars, par la Commission parlementaire du développement durable et l'aménagement du territoire, d'un amendement remettant en question le caractère obligatoire de cette mesure et repoussant l'étude de sa mise en œuvre après les prochaines échéances présidentielles (au mieux au 1er juillet 2012) laisse planer le doute sur le devenir de cet engagement fort du Grenelle.
Alors que les initiatives privées se multiplient (Casino, Alter Eco, Orange, SFR…), un travail a été lancé depuis 2008 au sein d'une plateforme de travail pilotée par l'Ademe et l'Afnor, afin de développer une méthode et surtout d'harmoniser les pratiques. Quel est le devenir de ces travaux si l'obligation d'affichage est abandonnée ? WWF déplore ce recul : ''ces initiatives volontaires, qui démontrent l'engagement des entreprises, nécessitaient un cadre réglementaire et surtout la définition d'un standard afin d'éviter d'augmenter la confusion que ressentent les consommateurs devant la multiplication des labels écologiques''.
S'engage-t-on dans la voie d'une autorégulation par les professionnels, comme cela a été le cas pour l'encadrement des messages publicitaires via l'Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) ? C'est sans doute le souhait des professionnels.