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Les ZFE suscitent une opposition massive dans les métropoles concernées

Une consultation sur les ZFE, mise en place par le Sénat, met en lumière une forte résistance au dispositif, jugé socialement injuste et difficile à respecter, faute d'aides financières et d'offres de mobilité alternative suffisantes.

Transport  |    |  N. Gorbatko
Les ZFE suscitent une opposition massive dans les métropoles concernées
Actu-Environnement le Mensuel N°437
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°437
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Certes, la consultation sur les zones à faibles émissions (ZFE) proposée au public par la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable du Sénat, entre le 17 avril et le 14 mai derniers, peut difficilement se comparer à un sondage construit sur la base d'un panel représentatif. Mais les résultats de cette enquête d'une vingtaine de questions, présentés jeudi 25 mai, offrent malgré tout une vision très instructive de la manière dont ce dispositif, potentiellement explosif, est appréhendé par ceux qui s'y intéressent. Si l'on en juge par le volume des participants, plus de 51 000, particuliers et professionnels, ces derniers sont nombreux.

« C'est un record », constate Philippe Tabarot, rapporteur d'une mission d'information en cours, sur ce sujet. Le précédent record, établi par un autre sujet épineux, la limitation de la vitesse sur les routes à 80 km/h, avait cumulé 23 000 réponses… Les répondants, majoritairement des particuliers, s'avèrent aussi très impliqués, puisque 60 % d'entre eux habitent au sein ou à proximité d'une des onze métropoles concernées.

La crainte d'une fracture sociale

Cette photographie révèle sans ambiguïté une opposition massive au déploiement des ZFE : 86 % des particuliers et 79 % des professionnels y sont défavorables, majoritairement par crainte d'un creusement des inégalités sociales. « Ce sont les personnes qui sont le plus en difficulté qui auront le plus d'efforts à faire au niveau de cette transition, explique le sénateur. Et quelquefois, ce sont aussi celles qui sont le plus confrontées à ces pollutions. » Si les cadres (25 %) et les étudiants (28 %) approuvent le dispositif plus que la moyenne (14 %), les ouvriers, les retraités et les employés ne sont ainsi respectivement plus que 4 %, 7 % et 11 % à la trouver souhaitable.

“ Ce qui semble montrer qu'à ce stade, le dispositif échoue à produire les changements de comportements attendus ” Philippe Tabarot, sénateur
Ce sentiment d'injustice s'avère vivace « quand le travail est concentré en métropole, mais insuffisamment rémunérateur pour avoir accès à l'acquisition d'un logement en métropole », assure un commentaire. Plus un répondant habite loin du centre de l'agglomération, plus il a tendance à refuser la mise en place de la ZFE. Ainsi, seuls 8 % des répondants résidant dans une commune rurale souscrivent au dispositif, pour 23 % de ceux qui logent en centre-ville de la métropole. Les participants, dont certains se disent pourtant favorables au dispositif, soulignent aussi l'insuffisance de l'offre de transports en commun alternative, attestée par 83 % d'entre eux et même 93 % des ruraux. Sans alternative disponible, l'opposition aux ZFE grimpe à 96 % contre 33 % lorsque plusieurs types d'offres de mobilité existent et 62 % lorsque quelques-unes seulement sont disponibles.

Des difficultés cumulées

Des griefs d'autant plus forts que le coût d'acquisition des véhicules propres est jugé trop élevé par plus des trois quarts des particuliers et plus de la moitié des professionnels, malgré la mise en place d'aides, par ailleurs largement considérées comme insuffisantes. À tel point que 83 % des répondants n'envisagent tout simplement pas d'en changer, même après la mise en place des ZFE. « Ce qui semble montrer qu'à ce stade, le dispositif échoue à produire les changements de comportements attendus », estime Philippe Tabarot.

Autres critiques faites au dispositif : le manque de pertinence des vignettes Crit'air, des informations insuffisamment précises ou accessibles sur les ZFE et les aides proposées, mais aussi les possibles effets pervers de la mesure, comme la mise au rebut de nombreux véhicules encore fonctionnels. « Je ne comprends pas le principe de mettre à la casse des véhicules en état de rouler et qui passent les contrôles de pollution du contrôle technique, souligne l'un des participants. Les véhicules remplacés ne sont pas tous détruits et vont polluer ailleurs. » Les objections portent également sur la trop grande rapidité de la mise en œuvre des restrictions de circulation. « On ne peut pas ne pas prendre en compte l'impératif de santé publique, insiste Philippe Tabarot. Après, ce qui semble évident, c'est qu'il y a une désynchronisation entre les schémas de restrictions, le calendrier et l'avancée des [solutions] alternatives. »

Des rapports à venir

Des échéances qui se rapprochent

• 42 % des particuliers disposent d'un véhicule classé Vignette Crit'air 3, 4, 5 ou non classé. Ils pourraient être rapidement concernés par les restrictions de circulation dans certaines métropoles. Une proportion non négligeable, 8 %, ignore le classement de son véhicule.
• 41 % des professionnels conduisent un véhicule classé Vignette Crit'air 3, 4, 5 ou non classé.
• 45 % des professionnels sont amenés à circuler dans une métropole concernée par une ZFE plusieurs fois par semaine.
• 32 à 33 agglomérations supplémentaires devraient mettre en œuvre une ZFE d'ici à 2025.
Une situation particulièrement épineuse pour les professionnels, selon le sénateur. « Pour les plus petits artisans, pour les véhicules utilitaires légers, il y a un vrai sujet de manque d'offres sur du transport décarboné. » Certains professionnels travaillent en outre dans trois à quatre ZFE quotidiennement, « notamment sur le secteur de Lyon, Saint-Étienne, Grenoble, Valence, avec des dérogations et des règles différentes… », indique Philippe Tabarot.

Tout en essayant de « trouver une ligne de crête », c'est à tous ces dysfonctionnements que devra s'attaquer son rapport d'information, attendu pour le mois de juin prochain. Outre cette consultation, ce document sera élaboré sur la base d'études comparées, dans d'autres pays, de nombreuses contributions et de témoignages, notamment d'associations, d'élus, de transporteurs ou encore d'acteurs de la filière automobile. Il s'y ajoutera une autre étude, sur ce même sujet, confiée à Barbara Pompili par la Première ministre et prévue pour l'automne prochain, ainsi que les travaux du comité de concertation nationale sur les zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m) mis en place par le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, en janvier dernier. Le sujet, décidément, suscite de nombreuses questions.

Réactions7 réactions à cet article

Il faut dire que tomber en panne de batterie n'est pas plaisant, la capacité des véhicules électriques et leur prix ont un effet dissuasif. Tout cela est bien gentil sur le papier...

28plouki | 30 mai 2023 à 13h24 Signaler un contenu inapproprié

Les citoyens en grande majorité n'en veulent pas mais ça se sera imposé quand même. Après les incitations, désormais se sont les interdictions et les punitions. Quelques questions toutefois...
Les pollutions de l'air aux particules ne sont-elles pas plutôt régionales ? Etait-il bénéfique sur ce point de fermer des centrales nucléaires en état de fonctionnement et de faire fonctionner davantage des centrales au charbon ?
Une voiture électrique n'a pas de pot d'échappement, mais elle a toujours des roues et des freins. Quel est l'impact de ces particules de pneus et de plaquette de frein ? Des études montraient que l'air dans les stations de métro souterraines n'était pas de bonne qualité.
Est-il démontré qu'un véhicule critair 3 fonctionnant le moteur froid émet moins de polluants qu'un véhicule critair 4 moteur chaud (le temps d'aller dans la ZFE...) ?
Où se trouve la logique quand des chèques carburants sont donnés aux plus modestes et que dans le même temps ils seront empêchés de rouler en ville ?
Avant d'imposer des ZFE, il faudrait commencer par démontrer qu'elles permettront d'améliorer sensiblement la qualité de l'air des villes éligibles.

Adun | 30 mai 2023 à 15h01 Signaler un contenu inapproprié

Si on se réfère à l'illustration, l'interdiction d'entrer dans les ZFE concerneraient les véhicules essence de plus de 26 ans et les diesel de plus de 17 ans. Je crains que les réactions de rejet de la règle soit plus épidermiques et de contestation en général que réellement informées des enjeux. Ce ne seront pas les seuls véhicules électriques qui auront le droit d'entrer en ville à court terme. Les transports en commun sont présents et peuvent se développer en parallèle et permettre de faire les derniers kilomètres avec les parking relais en complément. Je connais l'exemple de Clermont Ferrand où le processus est engagé et va se poursuivre.

SYED67 | 30 mai 2023 à 18h06 Signaler un contenu inapproprié

Arnaque 1 - Les primes pour ,'achat d'un véhicule propre sont des primes pour les constructeurs. En effet les véhicules électriques sont plus simples a construire que les véhicules thermiques surtout dans les usines de construction de véhicules qui peuvent s'adapter et qui l'ont déjà fait pour la plupart d'entre eux.
Arnaque 2 - les véhicules électriques polluent autant sinon plus que les thermique si l'on prend en charge l'extraction des minerais et la fabrication des batterie puis leur recharge.
Arnaque3 - les lignes électrique pour recharger les véhicules électriques sont à construire (imaginer une rue avec des voitures garées de chaque coté et autant de prises de courant?) et les centrales nécessaires sont à construire.

Par contre une fois construits les véhicules, les centrales, les lignes d’alimentation, les usines à batterie, les batteries alors la voiture électrique en elle même pollue moins la ou elle roule. Mais les véhicules thermiques écartées du circuit iront polluer ailleurs, soit kif kif bourricot pour la planète. Et l'extraction des métaux pour les batteries sont une catastrophe humanitaire et écologique dans les pays ou les autochtones ne pourront jamais en acheter.

ouragan | 30 mai 2023 à 19h37 Signaler un contenu inapproprié

Dès 2022 il était prévu d'interdire les critair 3 dont la mienne...
L'interdiction a été repoussée : les Crit'Air 3 (diesel avant 2011 et essence avant 2006) seraient donc interdits le 1er janvier 2025.
Cela fait beaucoup de voitures en bon état.
Par ailleurs je note dans Paris des blocages généralisés de la circulation, y compris taxis, qui créent de la pollution.
Pour les autres villes, je ne connais pas, mais toutes les personnes qui doivent se rendre dans les hôpitaux de la région parisienne et qui ne sont pas cyclistes acharnés vont apprécier, s'ils n'ont pas de voiture électrique, et encore vu que les voitures électriques ne volent pas.
Ce genre de changement de société prend 50 ans, et encore, le faire par décret immédiat ou presque, cela fait un peu dictature... Le bon citoyen du jour au lendemain devient ennemi public. On peut comprendre les oppositions.

28plouki | 31 mai 2023 à 09h33 Signaler un contenu inapproprié

@SEYD67 A trés court terme bien sur :
A Strasbourg par exemple :
1er Janvier 2025 : interdiction effective des Crit'Air 3, phase pédagogique d'interdiction des Crit'Air 2 ; 1er Janvier 2028 : interdiction effective des Crit'Air 2 à Strasbourg, Schiltigheim, Ostwald et Holtzheim.
En 2028 il n'y aura pas de lignes électriques suffisantes ni de centrales, ni assez de points de recharges pour alimenter toutes ces belles illusions. Sauf pour les bobos écolos qui possèdent des pavillons avec parking privé. Mais comment feront ceux qui habitent dans des immeubles?
A propos de ces pavillons: la ministre du Logement Emmanuelle Wargon espère voir fleurir des logements collectifs qui renouent avec « l'intensité heureuse » tout en qualifiant les maisons individuelles de « non-sens écologique, économique et social ».

ouragan | 31 mai 2023 à 09h57 Signaler un contenu inapproprié

Les choses sont claires, les gentilles idées se heurtent à la réalité matérielle. Paris et quelques villes s'enfoncent dans des logiques populistes qui rendent la vie difficile, surtout pour les "anciens". Ancien parisien, j'y vais 2 ou 3 fois par mois et cela devient effarant. Mais c'est mon avis.
Les JO seront probablement la fin des illusions.
Les voitures électriques sont aussi bloquées dans les embouteillages provoqués par la mise en place d'immenses couloirs à vélos et de rues barrées. Quand aux recharges, ne rêvons pas.
Quand à l'habitat, c'est plus simple de mettre 200 familles dans un immeuble que dans 200 maisons... Mais est-ce le choix voulu ? J'en doute. Mais alimenter 200 ou 400 voitures électriques ? Moins simple.

28plouki | 06 juin 2023 à 09h22 Signaler un contenu inapproprié

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