"Comme jamais auparavant, dans les 35 ans d'histoire de la Convention de Bonn (CMS), les animaux migrateurs illustrent un grand nombre de questions urgentes de notre temps, a constaté, dans un communiqué, Bradnee Chambers, secrétaire exécutif de la CMS, à l'occasion de la onzième réunion des 120 pays signataires, à Quito (Equateur). De la pollution de nos océans par le plastique aux effets du changement climatique, du braconnage à la surexploitation, les menaces qui pèsent sur la faune migratrice finiront par affecter chacun d'entre nous".
Adoptée le 1er novembre 1983, et administrée par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), la Convention vise la conservation des espèces migratrices et leur habitat. Tous les trois ans, l'organe de décision principal, la Conférence des parties (COP) se réunit.
31 propositions d'inscription
Après six jours de négociations (du 4 au 9 novembre 2014), les 31 propositions d'inscription de nouvelles espèces aux deux annexes de la Convention ont été approuvées.
Une des espèces emblématiques du changement climatique, l'ours polaire, a été inscrit à l'annexe II, qui engage les pays à coordonner des mesures de conservation transfrontalières dans toute l'aire de répartition de l'espèce.
La baleine à bec de Cuvier a été inscrite à l'Annexe I, ce qui implique l'obligation pour les Parties d'une protection stricte, telle que l'interdiction de tout prélèvement.
Cette COP se distingue par le nombre d'inscriptions d'espèces de poissons par rapport aux années précédentes : 21 espèces de requins, raies et poissons-scies. Par ailleurs, l'anguille européenne (Monaco) a été ajoutée à l'Annexe II.
Plusieurs rapports présentés à cette occasion ont notamment pointé que différentes espèces migratrices - baleines, dauphins, tortues de mer, oiseaux marins, phoques, dugongs, requins et raies - sont affectées par les déchets marins que ce soit en s'enchevêtrant dans ces derniers ou en les ingérant. Parmi les cas signalés, la baleine franche de l'Atlantique Nord, menacée d'extinction (500 animaux restants) fait partie des espèces les plus affectées par l'enchevêtrement.
- Energie solaire : éviter les zones protégées afin de limiter davantage les impacts du déploiement de centrales solaires ; entreprendre une planification minutieuse pour réduire les perturbations et les effets de déplacement sur les espèces concernées, ainsi que pour minimiser les risques de flux solaire et les blessures liés à des traumatismes qui pourraient être la conséquence d'un certain nombre de technologies de l'énergie solaire
- Energie marine : prêter attention aux effets possibles de l'augmentation du bruit et des perturbations du champ électromagnétique sur les espèces migratrices, en particulier lors des travaux de construction dans les habitats côtiers, ainsi qu'aux risques de blessures
- Energie hydraulique : prendre des mesures pour réduire ou atténuer les impacts graves connus affectant les déplacements des espèces aquatiques migratrices, telles que l'installation de passes à poissons
- Energie géothermique : éviter la perte d'habitats, la perturbation et les effets d'obstacle afin de maintenir les impacts environnementaux globaux à leur faible niveau actuel
Les risques des énergies renouvelables
La COP 11 a également travaillé sur les risques que représentent les technologiques liées aux énergies renouvelables (éoliennes, panneaux solaires, énergies marines, géothermique ou hydraulique) pour les chauves-souris, les oiseaux et les cétacés.
La Conférence des parties incite notamment les Etats à appliquer les procédures d'évaluation environnementale stratégique, mener des études et des suivis avant et après le déploiement des technologies et d'éviter les zones protégées existantes. Selon les secteurs, elle met en avant des opérations prioritaires à conduire lors du déploiement.
Un groupe de travail multi-acteurs sur la conciliation de certains développements du secteur de l'énergie avec la conservation des espèces migratrices devrait être constitué.
Les parties se sont également penchées sur la chasse illégale des oiseaux migrateurs. "L'un des éléments clés inscrits dans ces orientations consiste à éliminer progressivement l'utilisation de munitions au plomb dans tous les milieux au cours des trois prochaines années", pointe dans un communiqué la COP. Durant le mandat de la Convention, une coopération régionale sera entreprise afin de mieux protéger les animaux migrateurs à travers les frontières politiques.
Les parties ont également réfléchi à la prévention des risques d'empoisonnement d'oiseaux migrateurs.
Pour ce qui concerne les espèces d'oiseaux, le Bécasseau semipalmé (Equateur et Paraguay), le Bécasseau de l'Anadyr (Philippines), le Rollier d'Europe (Union européenne) et la Grande Outarde (Mongolie) ont notamment été inscrits à l'Annexe I, tandis que la Paruline du Canada (Equateur) a été inscrite à l'Annexe II.
Trois plans d'action par espèce ont été approuvés concernant l'Argali en Asie centrale, la tortue caouanne du Pacifique et le Faucon sacre. Une initiative régionale a été lancée : elle couvre les grands mammifères migrateurs d'Asie centrale, comme le chameau de Bactriane, le léopard des neiges et l'antilope saïga.
Les Parties ont adopté le Plan stratégique pour la conservation des espèces migratrices, dans la continuité des objectifs d'Aichi de la Convention sur la diversité biologique.