En octobre dernier, la Convention des entreprises pour le climat (CEC) remettait à Christophe Béchu, ministre de l'Écologie, un épais mémoire de 150 pages visant à faire basculer les entreprises du modèle « business as usual » vers un modèle « régénératif ». Autrement dit à impact positif net pour les écosystèmes et le climat. Accompagné de 30 exemples de feuilles de route, cohérentes avec l'Accord de Paris et les objectifs européens à l'horizon 2030, ce rapport était le fruit de plusieurs mois de travaux, menés par 150 entreprises de toutes tailles, entre septembre 2021 et juin 2022, sur le principe de la Convention citoyenne pour le climat.
Moins de trois mois plus tard, le dispositif commence à essaimer sur le territoire français, souvent sous l'impulsion d'entreprises ayant elles-mêmes participé à l'expérience nationale et désireuses de lui donner une suite. Jeudi 19 janvier, une CEC locale a ainsi été lancée dans la zone Provence-Côte d' Azur-Corse. Comme pour la CEC nationale, 66 structures institutionnelles et sociétés, dont le groupe Onet, la Société des eaux de Marseille, Corsica Linea, Pietra ou les Villages Clubs du soleil, suivront un parcours de neuf mois en plusieurs étapes : exposé des enjeux dans leur globalité par des experts, prise de conscience, appropriation, remise en cause de leur modèle économique, redirection de l'entreprise après l'écriture d'un plan d'action à l'aide de coachs, de facilitateurs et du collectif…
Une ouverture du champ des possibles
Le tout comprendra six sessions plénières, entrecoupées de séances de travail en sous-groupes de huit à dix entreprises. Chacune d'entre elles sera représentée par un binôme : son dirigeant ou sa dirigeante – une condition sine qua none pour intégrer le projet – et son « planet champion », directeur-trice de la RSE, des ressources humaines ou des finances. Premier intérêt de cette démarche : l'opportunité de prendre conscience du large champ des mesures susceptibles d'être mises en œuvre.
Un nouvel écosystème en développement
Pour Nicolas Ponson, cette approche s'avère d'ailleurs rentable : « Nous n'avons jamais été plus performants économiquement que depuis ce virage. Nous avons dû dépenser de l'argent d'abord, mais le retour sur investissement est là. » Autre avantage de la CEC : elle facilite le développement de liens et de soutiens solidaires entre tous ses membres. « Tout seul, on prend des risques, mais à plusieurs, on représente une force », insiste Mélanie Jeanneret, animatrice de la CEC nationale et cofondatrice de la CEC Provence-Corse. Un processus qui devrait encore être renforcé par sa dimension territoriale.
« Le groupe régional d'experts sur le climat en région Sud-Provence-Alpes-Côte d'Azur (Grec-Sud) va déjà nous apporter une compréhension plus fine des enjeux locaux, indique Fanny Morelle, autre cofondatrice de la CEC locale. Ensuite, la coopération entre participants et avec les acteurs du territoire sera intégrée aux feuilles de route. » Dans ce but, afin d'étoffer le maillage de l'écosystème CEC, une cartographie des projets territoriaux vertueux sera réalisée. Aux participants ensuite de démultiplier cette approche auprès de leurs pairs, mais aussi, dans la mesure du possible, de porter la bonne parole auprès de leurs salariés, clients et fournisseurs. Rien d'impossible a priori : une quinzaine de participants à la convention Provence-Côte d'Azur-Corse sont en effet des clients des entreprises de la CEC nationale.
- 7 milliards d'euros de chiffre d'affaires
- 100 000 collaborateurs
- 17% sont des entreprises familiales, 53% des entreprises indépendantes, 14% des groupes, 6% des filiales, 10% des associations et entreprises publiques.
Dans l'ensemble de la France, quatre autres CEC régionales sont également prévues, centrées sur les Alpes, le bassin lyonnais, la Bourgogne-Franche-Comté et l'Ouest. Celles des Alpes et de l'Ouest sont déjà en phase de lancement. Elles seront complétées par une sixième CEC sectorielle tournée vers les métiers du conseil. « Avec un fort potentiel de déploiement », estime Mélanie Jeanneret.