Les invasions biologiques sont aussi coûteuses que des catastrophes naturelles. Ce sont les résultats d'une étude (1) du CNRS et de l'université Paris-Saclay, avec le soutien du Fonds AXA pour la recherche, qui paraît dans le journal Perspectives in Ecology and Conservation.
L'impact des espèces exotiques envahissantes est massif : « dégradation d'infrastructures, de cultures, de plantations forestières, impacts sur les rendements de pêche, la santé ou encore le tourisme », énumère le CNRS. Elles font partie des cinq grandes causes de la perte de biodiversité. Si le changement climatique aggrave leur dispersion, à l'inverse, elles peuvent aggraver des catastrophes naturelles de par leur impact sur les écosystèmes. Les espèces exotiques envahissantes ont ainsi « un effet durable et cumulatif », avec des impacts « souvent irrévocables et insidieux ».
De 1980 à 2019, les pertes financières provoquées par les invasions biologiques s'élevaient à 1 208 milliards de dollars (1 100 milliards d'euros), soit moins, sur la même période, que les tempêtes (1 914 Md$), mais plus que les tremblements de terre (1 139 Md$) ou les inondations (1120 Md$). En quarante ans, ces coûts ont même augmenté plus rapidement que ceux induits par les catastrophes naturelles : + 702 %.
Pour obtenir ces résultats, l'équipe a notamment utilisé la base de données InvaCost, qui recense les coûts liés aux invasions biologiques dans le monde. Les auteurs rappellent toutefois que « seulement environ 5 % des espèces envahissantes connues ont des coûts rapportés dans la littérature et documentés dans InvaCost ». Ils sont donc « gravement sous-estimés » et « doivent être considérés comme des estimations minimales, et vus en termes d'ordres de grandeur plutôt que comme des valeurs précises ».
Or, les investissements de prévention et de gestion des invasions biologiques sont aujourd'hui dix fois moins élevés que les pertes : largement insuffisants selon l'étude. Les chercheurs recommandent donc des plans d'action et des accords internationaux, ainsi qu'une collaboration transfrontalière renforcée. Et de conclure : « il est plausible que, sans mesures adéquates mises en œuvre, les espèces envahissantes resteront comparables aux aléas naturels les plus percutants dans les décennies à venir ».