Une nouvelle étude réalisée par des chercheurs du Centre national de recherche scientifique (CNRS) constate une corrélation entre les pics de pollution aux particules fines, en particulier de type PM2,5, et l'augmentation de la mortalité des malades de la Covid-19. Par exemple, une concentration atmosphérique de ces polluants dépassant 45 microgrammes par mètre cube (µg/m3) s'accompagne d'une augmentation du taux de mortalité jusqu'à environ 5,5 fois supérieure en moins d'une semaine. Cette tendance correspondrait à une hausse moyenne de la mortalité de 10 % par 1 µg/m3 de PM2,5 supplémentaire dans l'air.
Évolutions du taux de mortalité et de la concentration moyenne en PM2,5 à Paris, entre début 2020 et début 2022.
© Renard et al., Elsevier, 2022.
Les auteurs de ses travaux, publiés le 2 août dans la revue
Science of the Total Environnement, ont examiné cette corrélation dans 32 localités européennes. Entre mars 2020 et début 2022, la concordance des
pics de pollution aux particules fines (c'est-à-dire, à une concentration de plus de 20 µg/m
3) sur la mortalité due à la Covid-19 est particulièrement attestée pour la ville de Paris et pour la Lombardie, région italienne durement touchée par la pandémie. À l'inverse, par exemple dans la région allemande de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, où les concentrations de PM
2,5 n'ont pas dépassé les 20 µg/m
3,
« le taux de mortalité de la Covid-19 par million d'habitants demeure bas par rapport à celui de Paris et de la Lombardie et la même conclusion s'observe pour toutes les régions où ont été relevés de faibles niveaux de pollution », affirment les scientifiques français. À la lumière de cette corrélation, l'association
Respire, militant pour une amélioration de la qualité de l'air en Île-de-France, compte déjà
« proposer au gouvernement une nouvelle procédure de gestion des pics de pollution à l'automne, en termes de méthode, de gouvernance et de communication à la population, afin de limiter les effets de la prochaine tempête épidémique ».
Néanmoins, un lien direct de cause à effet reste à confirmer. À Paris, le taux de mortalité, mais aussi les niveaux de pollution ont eu tendance à baisser après le premier confinement en 2020. Et une fois lancée en 2021, la campagne de vaccination a réduit, à son tour, ce taux malgré une pollution de l'air soutenue. « Bien que notre analyse montre que l'effet de la pollution sur la mortalité a baissé avec l'amélioration des moyens de santé et de gestion sanitaire au fil de la pandémie, la corrélation est restée valide au-delà de la campagne de vaccination », précisent cependant les auteurs de l'étude. Comment l'expliquer ? Selon les chercheurs, de fortes concentrations de particules fines dans l'air sont connues pour entraîner une irritation des voies respiratoires. Elles faciliteraient ainsi la pénétration de virus respiratoires comme celui de la Covid-19, aggravant l'infection des habitants de villes dont l'air regorge de particules fines.
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Note Accéder à l'étude Plus d'infosArticle publié le 24 août 2022