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Actu-Environnement

Crues : quelles contaminations des eaux de rivières en milieu agricole ?

Pour caractériser les niveaux de pollutions des eaux de rivière à proximité des zones agricoles lors de crues, un groupe européen de recherche a élaboré une méthodologie et des outils d'aide à la gestion pour les bassins versants.

Eau  |    |  D. Laperche

Un taux de mutation de l'ADN trois fois plus élevé pour des poissons exposés à l'eau de la Save (bassin versant de la Garonne) en période de crue que pour des animaux témoins : c'est un des résultats qui découlent du projet européen de recherche Aguaflash. Différentes équipes française, espagnole et portugaise (1) ont élaboré une méthodologie pour caractériser le niveau de contamination des rivières en milieu agricole lors de crues pour le territoire du Sud-Ouest européen. Elles ont développé et testé cet outil sur quatre bassins versants agricoles de typologies différentes : le bassin versant de la Save (Sud-Ouest de la France), celui de la rivière Flumen (Espagne), de l'Alegria (Pays Basque) et de l'Enxoé (Portugal). La démarche passe par l'identification et caractérisation des zones à risques mais également l'évaluation des conséquences biologiques de la pollution.

Les crues joueraient un rôle non négligeable dans la dégradation de la qualité des eaux de surface. Atrazine, Linuron, Métalochlore, etc., les pesticides présents de façon majoritaire dans les eaux de surface verraient ainsi leur concentration augmenter jusqu'à 500 fois le seuil fixé pour les eaux destinées à la consommation (2) . Pour une année moyenne, 90 % des contaminants associés seraient ainsi transportés durant ces événements. La méthodologie développée permettrait de fournir des informations pour les plans de gestion des points de captage des eaux brutes destinées à la potabilisation.

Topographie, hydromorphologie, pression en fertilisant et en pesticides, pour établir des cartes des zones à risque, les chercheurs ont croisé les caractéristiques du bassin versant avec le risque de contamination des eaux de surface en période de crues. Ils ont utilisé un modèle numérique hydro-agro-environnemental qui simule les débits, les flux de matières en suspension, les flux de nitrates et de pesticides, du bassin versant vers les eaux de surface. A l'exutoire des quatre sites de l'expérimentation, les équipes ont installé une station de mesure de la qualité des eaux qui suivent en continu (pas de temps de 10 min) les paramètres hydrologiques et physico-chimiques. Selon que les pesticides soient transportés par voie dissoute ou particulaires, les effets sur les niveaux de concentration varient. Dans le premier cas, ils sont liés à la fois au débit, à la surface d'application de la méthode et au délai entre celle-ci et le futur événement pluvieux. Dans le second, comme les molécules sont adsorbées sur les sédiments en suspension, le transport se fait par ruissellement et dépend de l'intensité de la pluie.

Dégradation du milieu

Les scientifiques ont également étudié l'impact de la dégradation du milieu aquatique : ils ont suivi des communautés d'invertébrés benthiques (3) et ont mesuré les effets génotoxiques sur les poissons. Ces derniers ont été exposés à de l'eau de la Save (lors de crue et hors crue) mais également à des mélanges d'herbicides retrouvés dans le cours d'eau. Aussi bien au niveau du lit que des berges, les chercheurs ont constaté que la qualité écologique des quatre rivières diminuait au fur et à mesure de la progression de la tête du bassin jusqu'à l'exutoire.

En se basant sur l'ensemble des résultats, les scientifiques ont établi pour les sites étudiés des cartes de risques de contamination des eaux de surface avec un maillage fin (30m x 30m). Les zones problématiques sont spécifiques à chaque bassin versant. Ainsi pour la Save, les risques de pollution se situent dans la moitié aval du bassin versant, alors que ce seraient dans la plaine alluviale aux abords de la rivière principale pour le bassin de l'Alegria. Concernant le Flumen, les points noirs seraient localisés dans la zone irriguée où l'assolement et les pratiques intensives entraînent des niveaux de traitements phytosanitaires importants. Au contraire, sur le bassin de l'Enxoé, les modes de culture engendrent un risque plus limité de pollution aux pesticides.

1. Le CNRS, l'Université du Pays Basque, l'Institut Pyrénéen d'écologie (Espagne), l'Institut National Polytechnique de Toulouse, L'Irstea, l'Institut national de ressources biologiques (Portugal).2. Pour les eaux brutes : norme de 2 µg/l par substance et de 5 µg/l toutes substances confondues3. Les organismes benthiques sont des animaux ou des végétaux qui vivent fixés au sol ou qui se déplacent en rasant le fond.

Réactions1 réaction à cet article

Et les terres agricoles devenant improductives après inondation par des fleuves pollués par les villes et l'industrie, on s'en préoccupe ?

Laurent Berthod | 25 avril 2012 à 09h49 Signaler un contenu inapproprié

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