Non seulement, les pratiques agricoles associées à l'exploitation de variétés rendues tolérantes aux herbicides (VRTH) diminuent la biodiversité végétale d'une parcelle, mais elles n'enrayent même pas la prolifération d'adventices envahissantes, comme l'ambroisie. Telle est la conclusion d'une étude (1) , publiée, le 18 mars, dans la revue Weed Research et menée par des chercheurs de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et de l'Institut national de recherche agronomique (Inrae).
Aucun effet sur la prolifération de l'ambroisie
Selon Guillaume Fried, du laboratoire de la santé des végétaux de l'Anses, les pesticides en sont la cause. « Les agriculteurs cultivant des VRTH utilisent en moyenne 1,5 dose pleine de traitement par an, tandis que ceux cultivant des variétés classiques en agriculture conventionnelle en utilisent 1,25, atteste le chercheur. Cette différence peut paraître faible, mais elle suffit pour expliquer la diminution de la biodiversité. » Si l'effet constaté ne concerne que l'intérieur de la parcelle, une étude similaire d'août 2019 (2) relatait un impact négatif jusqu'en bordure de champs. « Il faudrait refaire l'étude dans cinq ou dix ans, pour voir s'il n'y a pas d'effet cumulatif lié à la culture de VRTH qui n'aurait pas encore été détecté. »
S'agissant de l'ambroisie, les chercheurs affirment en avoir relevé « autant, voire plus » dans les cultures avec VRTH qu'ailleurs. Ils en concluent que son abondance dépend davantage de la zone géographique ou de la diversification des rotations culturales, que de la variété employée. « Les agriculteurs conventionnels ne cultivent généralement pas la même espèce d'une rotation à l'autre, alors que ceux semant des VRTH ont tendance à cultiver surtout du tournesol, une plante favorable à l'installation d'ambroisie », énoncent les scientifiques.