Ce vendredi 31 mars 2017, le groupe Radiofrance publie des articles expliquant qu'EDF et Areva savaient dès 2005 que la forge du Creusot, chargée de la fabrication de la cuve de l'EPR de Flamanville (Manche), n'était pas fiable. "Les deux industriels semblent avoir ignoré les avertissements de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et installé la cuve dans le bâtiment réacteur en 2014, en dépit de ces mises en garde". S'appuyant sur des échanges de courriers entre Areva et l'ASN, les radios publiques expliquent que les deux entreprises ont été alertées dès 2005 des problèmes de contrôle qualité à la forge. Pour rappel, les investigations réalisées suite à la découverte des défauts de la cuve de l'EPR ont mis à jour des falsifications de dossiers concernant d'autres gros équipements nucléaires.
Pas au niveau des standards du nucléaire
En mars 2015, l'ASN avait déjà publié un historique de ses échanges avec Areva au sujet de la construction de la cuve de l'EPR. Ce document démontrait que le risque de défaut dans l'acier de la cuve inquiétait les experts nucléaires depuis 2005. Tout au long des échanges, Areva n'a eu de cesse d'expliquer qu'elle avait une entière confiance dans son procédé de fabrication.
L'enquête de Radiofrance nous apprend aujourd'hui, qu'outre les doutes sur la méthode de fabrication d'Areva, l'ASN n'était pas convaincue de la fiabilité de la forge. "L'ancien directeur général de l'ASN, André-Claude Lacoste, a également confirmé à Franceinfo qu'il s'était rendu sur place en 2006, et qu'il était revenu « effondré » par ce qu'il avait vu", explique la radio, ajoutant que "selon lui, la forge n'était pas au niveau des standards attendus dans le nucléaire".
Pour Michèle Rivasi, "l'Autorité de sûreté nucléaire perd tout sa crédibilité" avec ces nouvelles révélations. L'eurodéputée écologiste critique notamment le fait que l'ASN ait laissé mettre en place la cuve de l'EPR, alors qu'elle "avait alerté Areva et EDF sur la fiabilité des composants produits à l'usine de Creusot Forge (…) un an avant la production de la cuve". Par ailleurs, elle estime que "l'ASN ne dispose pas des moyens nécessaires à l'accomplissement de ses missions" et juge qu'"il faut renforcer les effectifs de l'ASN et surtout la doter de véritables pouvoirs d'investigation et de sanction".
Suite à ces nouvelles révélations, l'ASN rend publique ce vendredi une série de documents, dont un historique qui détaille 49 inspections réalisées sur le site du Creusot depuis 2005, et six courriers envoyés par l'ASN à EDF ou Areva.