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Actu-Environnement

Le Danemark aux avant-postes de la transition énergétique

L'appropriation démocratique de la production électrique des éoliennes par les citoyens eux-mêmes à travers les coopératives et les municipalités est le vecteur de la montée en puissance des ENR danoises.

Décryptage  |  Energie  |    |  A. Sinaï

Dans sa dernière livraison, la revue Global Chance (1) présente le Danemark comme le pays le plus avancé en Europe et au monde sur la voie de la transition énergétique. En 2014, il a produit près de 55% de son électricité à partir d'énergies renouvelables. Ses objectifs officiels visent à atteindre 50% d'électricité éolienne, 40% de réduction des émissions de CO2 en 2020, et d'éliminer totalement les énergies fossiles de la production de chaleur et d'électricité en 2035.

Au-delà de ces chiffres, ce qui est frappant, c'est la structure énergétique originale dont ce petit royaume septentrional s'est doté en l'espace de quelques décennies. Comme le souligne Thierry de Larochelambert, professeur associé et chercheur à l'Institut FEMTO-ST, auteur d'un article substantiel (2) consacré à la question, la transition énergétique du Danemark relève d'abord d'un modèle de planification démocratique.

Mobilisation participative

Le Danemark est passé d'une dépendance totale vis-à-vis des producteurs de pétrole en 1972 à une indépendance totale dès 1997, grâce à deux éléments concomitants : la mise en production de pétrole et de gaz naturel offshore en mer du Nord, et la politique de maîtrise de ses consommations et de production renouvelable.

C'est vers le nucléaire et le gaz que les compagnies d'électricité danoises proposent de se tourner en 1976 pour sortir le pays de sa dépendance quasi-totale du pétrole importé à l'époque. Une résistance associative et scientifique s'organise alors, et un premier plan alternatif au nucléaire combinant économies d'énergie, cogénération et énergies renouvelables, élaboré par une équipe comprenant des universitaires, est publié par les associations.

Ce plan met en avant la nécessité d'un processus basé sur la participation, la connaissance et la conscience que le développement énergétique doit se faire par un choix éclairé sous contrôle démocratique. Il fait aujourd'hui figure d'exemple pour le monde entier, tant en termes d'efficacité énergétique, de traitement des déchets que de production renouvelable, de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), qui ont diminué de près d'un quart entre 1990 et 2012 (à comparer avec la baisse de 11% seulement des GES de la France sur la même période et ce malgré le recours massif au nucléaire), tandis que le PIB augmentait de 38,3% sur la même période.

Sortie programmée des énergies fossiles

Le grand virage amorcé pendant cette première phase est celui de la création massive de réseaux de chaleur urbains alimentés en cogénération, d'abord déployés dans les grandes villes puis étendus aux petites villes et villages, couplée à une campagne massive d'isolation thermique des bâtiments. Les évolutions qui en résultent sont considérables et constituent l'amorce de la planification énergétique ultérieure du Danemark : baisse de 53% de la consommation énergétique des logements de 1972 à 1996 ; couverture de 49% des besoins thermiques et 48% des besoins en électricité par la cogénération. La mise en place d'une taxe carbone appliquée aux particuliers dès 1992 puis aux industriels l'année suivante est l'un des leviers majeurs de ce succès.

L'année 2006 marque un tournant dans la politique énergétique du Danemark avec la publication du "Energy Plan 2030" de l'IDA (Association danoise des ingénieurs), suivie de la conversion publique du Premier ministre Rasmussen à la nécessité d'une sortie complète des énergies fossiles à long terme. Ce virage met le Danemark en capacité de réaliser sa transition énergétique 100% renouvelable à l'horizon 2050.

La commune de Frederikshavn, port industriel de 25.000 habitants, prend les devants et s'engage à atteindre 100% de renouvelables en 2015. La ville réduit drastiquement ses consommations d'énergie qui passent de 758 à 560 Gwh/an entre 2007 et 2015. Les consommations et productions de l'ensemble des secteurs économiques sont modélisées heure par heure. Les investissements sont échelonnés.

Smart Grids insulaires

En 2007, un groupe de 48 représentants de la communauté de l'île de Bornholm au Sud-Est du Danemark lance le projet Bright Green Island afin de libérer l'île de toute énergie fossile et de la rendre autonome en énergies renouvelables d'ici à 2025. Ce territoire développe le premier réseau électrique intelligent en mode isolé et possiblement interconnecté pour résoudre les problèmes posés par les ruptures fréquentes du câble électrique sous-marin la reliant à la Suède par le passage des bateaux.

En février 2008, le Gouvernement danois (conservateur-libéral) noue un accord avec l'ensemble des formations politiques du Parlement (Energy Agreement 2008) pour engager la politique énergétique du pays de 2008 à 2011 dans la perspective volontariste de dépasser les objectifs de réduction des GES (-20%) et de production d'énergies renouvelables (30% de l'énergie primaire) assignés en 2007 au Danemark par la Commission européenne à l'horizon 2020. La taxe carbone est augmentée.

Décentralisation énergétique sécurisée par la cogénération

L'approche développée par le programme Energy Plan et l'Université d'Aalborg élabore une nouvelle étape dans l'évolution du système énergétique : "La reconstruction socio-technique pas à pas du système électrique dans le sens de la flexibilité pour qu'il soit en mesure de gérer simultanément les fluctuations du côté de la demande électrique et du côté de la production électrique à travers le concept de Smart Grid, adossé au stockage thermique flexible (pompes à chaleur, unités de cogénération décentralisées, réseaux de chaleur) et électrochimique (hydrogène, piles à combustibles, véhicules électriques)", résume Thierry de Larochelambert.

La stabilité du réseau électrique est assurée par les grandes centrales de cogénération et par les postes de régulation automatique des réseaux régionaux qui gèrent l'injection locale d'électricité variable (éolienne, photovoltaïque) et modulable (unités de cogénération locales) et assurent de plus en plus les stockages locaux d'électricité (eau chaude des réseaux de chaleur, pompes à chaleur géothermales, stations de batteries, véhicules électriques, hydrogène, station de méthanation en cours d'installation) pour absorber et restituer les excès croissants d'électricité éolienne en fonction de l'équilibre électrique des lignes d'interconnexion européennes.

Transports : le triomphe du vélo

Les ENR assurent aujourd'hui plus de 50% de la production électrique danoise. La forte décentralisation de la structure de ces réseaux de production d'électricité et de chaleur, planifiée et encouragée par la majorité des politiques volontaristes de tarification, a été le facteur essentiel de leur développement fulgurant au Danemark depuis 1982. Une autre étape, franchie avec l'Energy Agreement 2012, planifie le basculement total des transports danois des énergies fossiles aux énergies renouvelables d'ici 2050.

La politique du Danemark en faveur du développement massif des usages de la bicyclette pour les déplacements quotidiens, relayée sur le terrain par les communes, est probablement la plus avancée de toute l'Europe. Elle a permis à Copenhague d'être distinguée de l'"European Green Capital Award 2014" pour la planification de 50% des déplacements domicile-travail à bicyclette en 2015 et de la neutralité carbone en 2025. Les analyses de coût-bénéfice les plus récentes confirment la validité de cette politique, avec un coût total moyen en 2015 de 8 c€/km constamment décroissant pour le vélo, contre 50 c€/km constamment croissant pour la voiture.

1. Lien vers la revue
http://www.global-chance.org/
2. Télécharger l'article
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-26232-article-de-larochelambert-global-chance.pdf

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