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Pollution plastique : Danone assigné en justice pour manquement à son devoir de vigilance

Une coalition d'ONG dépose un recours contre Danone. Elle estime que la stratégie plastique de l'entreprise ne répond pas à ses obligations en matière de devoir de vigilance. Objectif : que la firme adopte une trajectoire de déplastification.

Déchets  |    |  P. Collet
Pollution plastique : Danone assigné en justice pour manquement à son devoir de vigilance
Droit de l'Environnement N°318
Cet article a été publié dans Droit de l'Environnement N°318
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Une coalition d'ONG réunissant ClientEarth, Surfrider Foundation et Zero Waste France assigne, ce lundi, le groupe Danone pour sa « mauvaise gestion du plastique ». Ce recours, déposé devant le tribunal judiciaire de Paris, se fonde sur le devoir de vigilance. Les trois ONG attendent de la justice qu'elle condamne le géant français de l'agroalimentaire à publier un nouveau plan de vigilance intégrant une stratégie de réduction du plastique.

Il s'agit là d'une première : jusqu'à présent, le devoir de vigilance a été invoqué dans des recours liés au climat (contre TotalEnergies), à la protection des peuples autochtones (contre Casino, à propos des pratiques de certains de ses fournisseurs brésiliens) ou encore à la pollution de l'eau (contre Suez, au sujet de la contamination d'un réseau d'eau potable par une filiale chilienne). Mais jamais concernant le plastique.

Pourtant, au même titre que les émissions de CO2, le plastique génère un problème grave (la pollution plastique est présente partout, jusque dans notre sang, selon une étude publiée en mars dernier), mais réversible (l'abandon du plastique stopperait l'aggravation de cette pollution). Cette assignation, qui intervient dans un contexte de négociation d'un traité international sur le plastique, vise à ce que Danone adopte une « trajectoire de déplastification », au même titre qu'elle dispose d'une trajectoire de décarbonation (l'entreprise vise la neutralité carbone en 2050).

Neuf mises en demeure en septembre

En septembre, les trois ONG avaient mis en demeure neuf groupes agroalimentaires et de distribution d'adopter un plan de réduction des plastiques couvrant l'ensemble de leurs activités dans un délai de trois mois. Elles estimaient que les politiques liées au plastique d'Auchan, Carrefour, Casino, Danone, Lactalis, Les Mousquetaires, McDonald's France, Nestlé France et Picard Surgelés sont sources de dommages environnementaux et de violations des droits de l'homme. Or, la loi de mars 2017 relative au devoir de vigilance impose aux sociétés mères et aux entreprises donneuses d'ordres d'adopter des plans de réduction de ces dommages.

“ Danone n'a pas saisi la balle au bond ” Antidia Citores, porte-parole de la coalition d'ONG
Certaines entreprises ont réagi, « à l'image de Nestlé France qui a retenu certaines de nos demandes en matière de réduction des plastiques et qui s'est aligné avec la loi Antigaspillage et économie circulaire (Agec) », explique Antidia Citores. De même, explique la porte-parole de la coalition, « des échanges existent avec des groupes comme Carrefour ou Les Mousquetaires ». Mais à l'issue du délai légal de trois mois, la réponse de Danone est jugée tout à fait insuffisante. « Nous avons reçu une lettre qui entérine le statu quo », déplore Antidia Citores, regrettant que « Danone n'[ait] pas saisi la balle au bond ».

Le plastique absent du plan de vigilance

Aujourd'hui, le mot plastique est totalement absent du plan de vigilance de l'entreprise, alors même qu'elle figure parmi les principaux responsables de la pollution plastique identifiés par le rapport Break free from plastic. L'entreprise estime mettre sur le marché quelque 750 000 tonnes de plastique chaque année. Pourtant, critique la coalition, elle se contente d'évoquer le sujet dans des documents internes et uniquement par le biais du recyclage des emballages. Pire, note la coalition, la part du réemploi a reculé de 4,8 à 4,1 %, selon les documents du groupe.

Concrètement, les ONG attendent de Danone et des autres groupes interpelés qu'ils adoptent une « trajectoire de déplastification ». C'est-à-dire qu'ils « placent la réduction nette de l'utilisation de plastique, quelle que soit sa forme, comme objectif prioritaire et [concentrent] leurs efforts sur des [solutions] alternatives, comme le vrac ou la consigne ». Cette trajectoire doit être globale et ne pas se limiter aux emballages. Elle doit donc, par exemple, aborder la réduction des géotextiles agricoles (le paillage des cultures offrant une alternative) ou les plastiques utilisés pour le stockage des produits.

Faute de réponse satisfaisante, la coalition demande au juge de condamner Danone à revoir son plan de vigilance sous six mois, avec astreinte financière de 100 000 euros par jour de retard.

Une atteinte aux droits de l'homme

La coalition demande aussi que cesse le préjudice. Celui-ci est d'abord lié à la pollution plastique. Ce volet est le plus connu. Sébastien Mabille, l'avocat qui porte le recours de la coalition, rappelle notamment que Marcos Orellana, le rapporteur spécial des Nations unies sur les produits et déchets dangereux, a clairement expliqué, en septembre 2021, que le recyclage des plastiques est un exemple manifeste de désinformation en matière de lutte contre les produits toxiques. Il explique en particulier que moins de 10 % des plastiques sont réellement recyclés et que le recyclage concentre une myriade de substances toxiques ajoutées aux plastiques.

Le préjudice est aussi lié aux droits humains, ajoute l'avocat du cabinet Seattle Avocats, qui avance plusieurs arguments. Tout d'abord, le Conseil d'État a jugé que le droit de chacun de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé constitue une liberté fondamentale. Ensuite, la stratégie de Danone, basée exclusivement sur le recyclage, s'appuie sur un secteur informel dans de nombreux pays (à l'échelle planétaire, 58 % de la collecte des plastiques recyclés est réalisée par des chiffonniers). Faire la promotion du recyclage revient à s'appuyer sur le travail de personnes très précaires et d'enfants. Sans compter que dans de nombreux pays, les capacités de recyclage des plastiques sont inexistantes ou particulièrement polluantes.

Réactions1 réaction à cet article

La laisse de mer du littoral Atlantique, avec cette période de gros coups de vent et de forts coefficients de marées, est jonchée de débris plastiques divers, certes avec des emballages alimentaires mais aussi avec une forte proportion de déchets d'engins de pêche (mailles de filets jetées à la mer, flotteurs, cordages, bouts, etc.). Certains de ces résidus plastiques sont facilement repérables mais beaucoup, après un séjour prolongé en mer, se retrouvent à l'état de très petites fibres, impossibles à ramasser.
S'ajoutent à cela les résidus d'usure de nos pneus et de nos textiles synthétiques, déchets qui représenterait les 2/3 des micropolluants plastiques en mer !
C'est affolant et affligeant ! Il y a donc effectivement urgence à tarir les sources de ces pollutions plastiques.

Pégase | 12 janvier 2023 à 11h29 Signaler un contenu inapproprié

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