"On va ouvrir le débat sur le fond aujourd'hui. Notre phase d'installation est terminée même si on va continuer à apprendre en marchant", a commenté Laurence Tubiana, facilitatrice du débat national sur la transition énergétique, lors d'une conférence de presse organisée en amont de la troisième réunion du Conseil national du débat, ce 24 janvier.
Jusque-là, les discussions ont davantage été consacrées à la forme et à l'architecture de ce débat. Car celui-ci se veut national, avec un Conseil national chargé in fine de rédiger des recommandations en vue de la loi de programmation sur la transition énergétique, mais aussi décentralisé, en impliquant au maximum à l'échelon local les citoyens et les collectivités.
Les différents comités (groupe des experts, groupe de contact des entreprises de l'énergie, comite de liaison du débat décentralisé) ont été installés. Le Conseil national a quant à lui commencé à plancher, par groupes de travail, sur les cinq questions auxquelles doit répondre le débat : quelle trajectoire énergétique pour que la France remplisse ses engagements nationaux et internationaux, quelle gouvernance de l'énergie, quelles énergies renouvelables privilégier, comment aller vers la sobriété énergétique et avec quels financements organiser la transition énergétique ?
Poser les bases du débat
L'ordre du jour de la troisième réunion du Conseil national était dédié aux premières restitutions de ces groupes de travail et au dossier du débat, qui constituera la base des discussions. Celui-ci devra être pédagogique et compréhensible par le plus grand nombre, expliquer l'objectif du débat, fournir les outils nécessaires à la compréhension des différents enjeux (environnementaux, économiques, sociaux…), présenter différents scénarios de transition et les positions des différents acteurs. Il devra être finalisé d'ici fin février avec une première partie disponible fin janvier.
"Il ne faut pas se noyer dans 1.000 considérations, explique Alain Grandjean, du comité de pilotage du débat. Le rôle du groupe des experts va être de poser un certain nombre de thèmes et de les éclairer", afin de canaliser les discussions.
Le dossier posera également quelques prérequis au débat, qui ne sont autres que les engagements du Président de la République pour une réduction de la part du nucléaire dans la production d'électricité française de 75 à 50%, pour la fermeture de Fessenheim d'ici 2016 et pour l'interdiction de la fracturation hydraulique pour l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste.
Mobiliser les citoyens
L'enjeu est de donner le maximum d'outils possible pour que le débat puisse s'organiser au niveau local. Plusieurs régions ont déjà lancé la concertation, à l'instar du Pays-de-la-Loire, de PACA, de l'Ile-de-France, de Rhône Alpes et de l'Aquitaine. Mais reste à mobiliser le plus grand nombre, ce qui est loin d'être gagné à en croire France nature environnement (FNE) : "Un récent sondage [réalisé par Ipsos pour le Syndicat des énergies renouvelables (SER)] montre que quatre citoyens sur cinq n'ont pas entendu parler de ce débat".
Sur ce point là, tout n'est pas arrêté. Un site Internet va être lancé fin janvier. Un comité citoyen va être installé mi-février afin de vérifier que le débat est accessible et lisible pour le grand public, trois journées de l'énergie vont être organisées les 29, 30 et 31 mars sur le modèle des journées du patrimoine, et une journée citoyenne le 25 mai. Mais ce dispositif sera-t-il suffisant pour mobiliser les foules, s'interroge Georges Mercadal, du comité du pilotage du débat (voir vidéo). Le plus dur reste à faire.