Le SYCTOM propose de reconstruire le centre de traitement d'Ivry-Paris XIII construit en 1969 et dont la fin d'exploitation est prévue pour 2018. Chaque année, ce centre accueille 37.500 tonnes de déchets recyclables provenant des collectes sélectives et 690.000 tonnes d'ordures ménagères résiduelles (OMR) dont 587.000 tonnes provenant du périmètre proche et 103.000 tonnes provenant d'autres centres du SYCTOM. Ces OMR sont incinérées avec valorisation énergétique : 962.346 MWh de vapeur permettant de chauffer 100.000 logements et 108.858 MWh d'électricité ont été produit en 2008. Le site dispose également d'une déchetterie d'une capacité de 5.500 tonnes par an.
Mise en place d'un tri mécanobiologique
Pour son nouveau projet, le SYCTOM envisage de déplacer la déchetterie et le centre de tri sur deux autres sites et de construire à Ivry un nouvel incinérateur et une unité de méthanisation. Le site pourrait traiter au total 600.000 tonnes de déchets par an contre 740.000 tonnes aujourd'hui (-18%). Le SYCTOM mise donc sur une réduction de la production de déchets sur son périmètre au regard des politiques de prévention et de l'accroissement du recyclage. Le syndicat a donc dimensionné ses installations pour recevoir 490.000 tonnes d'OMR provenant de son périmètre et 110.000 tonnes de rebus combustibles en provenance de ses autres centres de méthanisation.
Estimant que la mise en place d'un tri sélectif des biodéchets est trop compliquée pour l'instant dans un secteur très urbain et très dense, le SYCTOM a choisi de mettre en place un tri mécanobiologique. Les ordures ménagères résiduelles seront ainsi triées afin d'isoler la part fermentescible qui sera envoyée dans un méthaniseur (de 35 à 39%), la part recyclable qui rejoindra les collectes sélectives (de 3 à 9%) et les éléments indésirables ou dangereux qui seront envoyés en centre de stockage (de 4 à 14%). Le volume restant sera incinéré : 350.000 tonnes au total. Le SYCTOM entend produire grâce à une incinération plus efficace et à la production de biogaz environ 990.000 MWh sous forme de vapeur, 149.000 MWh d'électricité et 170.000 MWh de biogaz valorisable en carburant pour le parc de bennes à ordures.
Neuf réunions publiques pour aborder les points clefs du projet
L'ensemble de ces données vont être transmises aux habitants des communes concernées, aux riverains du site, aux utilisateurs des sous-produits (énergie, compost…) et aux divers acteurs intéressés par la gestion des déchets ménagers en Ile-de-France. Neuf réunions publiques, des expositions, des dépliants dans les boîtes aux lettres, la Commission du débat public prévoit une information multiple aux frais du SYCTOM. Nous ne donnerons pas d'avis sur le projet mais nous sommes là pour que tous les points de vue puissent s'exprimer, explique Philippe Marzoff, Président de la Commission Particulière mise en place pour ce débat. Il s'agira d'organiser le débat de manière à répondre à plusieurs questions : faut-il vraiment reconstruire le centre, la méthanisation sur ordures ménagères résiduelles est-elle acceptable, l'intégration du projet dans son environnement est-elle suffisante, ajoute Philippe Marzoff.
Pour tenter de répondre à ces questions, la Commission fera intervenir les promoteurs du projet mais également des experts indépendants. Le Président de la Commission Particulière reconnaît qu'il n'est pas toujours facile pour un maître d'ouvrage de donner en pâture un projet préparé depuis plusieurs années, mais précise que de nombreux projets ont été améliorés grâce au débat public : il cite par exemple le projet CDG express dont le débat public a permis de faire émerger une solution moins coûteuse proposée par une association et qui est aujourd'hui le projet retenu par RFF. Les projets sont soit transformés, soit mieux compris ou parfois abandonner comme ce fut le cas pour l'autoroute Metz-Nancy, ajoute-t-il. De son côté, le SYCTOM se montre enthousiaste : le SYCTOM se réjouit de ce débat public, c'est une chance supplémentaire d'approfondir et d'élargir la concertation et de sensibiliser notre population, a déclaré François Dagnaud son Président.
Premier débat public pour un centre de traitement des déchets
Pour ce projet, le SYCTOM prévoit d'investir entre 737 et 787 millions d'euros via des emprunts et dans la mesure du possible par des fonds propres. Ce sont donc les 84 communes adhérentes au syndicat qui financeront ces installations via la redevance versée pour le service rendu.
Vu les sommes investies, le projet du SYCTOM doit faire l'objet d'un débat public conformément à la loi de février 2002. En effet, depuis cette loi, les équipements industriels qui nécessitent plus de 300 millions d'euros d'investissement en terme d'infrastructures (hors coût des process) sont concernés. Le projet Ivry-Paris XIII est ainsi le premier centre de traitement de déchet à faire l'objet d'un débat public.
La première réunion publique est prévue le 22 septembre à Ivry-sur-Seine tandis que la réunion de clôture sera organisée le 14 décembre prochain. À l'issue du débat public, la Commission élaborera un compte rendu dans les 2 mois suivants. Le SYCTOM disposera ensuite de 3 mois pour décider de la suite qu'il souhaite donner au projet. Une fois le constructeur du centre choisi, le SYCTOM déposera les demandes d'autorisation début 2013. Les travaux pourraient démarrer en 2014 pour une mise en service des équipements d'incinération en 2019 et l'achèvement du chantier en 2023.