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Décarbonation des réseaux de chaleur (5/5) : Rennes fait de la place à la biomasse

Dans les années 1960, la ville de Rennes s'est équipée d'un réseau de chaleur alimentant de nombreux bâtiments collectifs en chauffage et en eau chaude sanitaire. Un réseau en constante extension au sein duquel la biomasse a toute sa place.

TECHNIQUE  |  Energie  |    |  C. Lairy
Décarbonation des réseaux de chaleur (5/5) : Rennes fait de la place à la biomasse
Environnement & Technique N°386
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°386
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À ce jour, le réseau de chaleur de la ville de Rennes parcourt un peu plus de 80 km et dessert l'équivalent de 53 000 habitants. À l'horizon 2035, la capitale bretonne entend porter la longueur de son réseau à 150 km environ, pour desservir 75 000 équivalents logements. Des travaux sont d'ailleurs en cours pour connecter les réseaux Nord et Est, le réseau Est s'organisant autour de la chaufferie de Baud-Chardonnet, « épaulée » par deux autres chaufferies au gaz : celle de Gros-Chêne, pour desservir le quartier du même nom, et celui de Maurepas, ainsi que celle du centre hospitalier Guillaume-Régnier (CHGR), qui ne sert qu'en appoint ou en secours pour les seuls besoins de cet établissement.

Inaugurée en 2015, la chaufferie de Baud-Chardonnet a été conçue pour consommer 60 % de bois et 40 % de gaz. Elle se compose de deux chaudières à biomasse, de 1,5 et 5,2 MW respectivement, ainsi que de deux chaudières au gaz, d'une puissance de 7,2 et 3 MW, celle de 3 MW étant en cours de remplacement par une autre de plus grande puissance (5,8 MW). Le réseau s'étant agrandi depuis la mise en service de la chaufferie, et étant appelé à le faire encore dans les années à venir, d'importants travaux sont programmés en 2024 pour remplacer la chaudière à biomasse de 1,5 MW par une autre de plus grande puissance (le choix du modèle et de ses caractéristiques est à l'étude).

En'RnoV

Filiale d'Engie Solutions, En'RnoV s'est vu attribuer, en 2019 par Rennes Métropole, le marché de concession du réseau de chauffage urbain Rennes-Nord-Vilaine pour une durée de dix-huit ans, avec une prise d'effet au 1er janvier 2020. À terme, ce réseau unifiera les deux réseaux existants au nord et à l'est de la ville. Il se composera de cinq chaufferies principales, dont les apports en chaleur viendront compléter ceux de l'UVE de Villejean, qui reviendra au cœur du dispositif une fois les travaux de rénovation en cours achevés, et ceux de la chaufferie à biomasse de Baud-Chardonnet. Au total, le réseau En'RnoV mesurera quasiment 70 km et desservira quelque 35 000 équivalents logements en chaleur issue à plus de 68 % d'énergies locales et renouvelables.
Victime de son succès

En 2023, il est prévu qu'En'RnoV raccorde une cinquantaine de sous-stations – en 2020, il y en avait un peu plus de 200, un nombre qui devrait dépasser 400 d'ici à 2026. De 32 km, la longueur du réseau enterré devrait quant à elle passer à 65 km.

« Avec la crise énergétique, le nombre de demandes de raccordements a considérablement augmenté », témoigne Jean-Yves Vincent, responsable réseaux de chaleur territoire Ouest d'En'RnoV. Dans un premier temps, l'objectif reste de raccorder les gros bâtiments consommateurs, pas les maisons individuelles. « Vu la demande, on est obligés de se freiner et de commencer par renforcer la puissance disponible en chaufferies. Ça ne sert à rien de raccorder des bâtiments auxquels on ne pourra pas délivrer la chaleur attendue : tout le monde sera mécontent. »

Des approvisionnements contrôlés

La biomasse utilisée à Baud-Chardonnet provient aux deux tiers du département. Elle est captée dans un rayon maximum de 100 km pour les plaquettes forestières et de 50 km pour les plaquettes bocagères agricoles – c'est une obligation contractuelle dont le non-respect est sanctionné par une pénalité. Autre impératif : la biomasse doit contenir a minima 15 % de plaquettes bocagères.

Les approvisionnements sont gérés et programmés avec la société Soven, filiale du groupe Engie, qui ne craint pour l'instant pas de pénuries en région Bretagne. « La situation pourrait néanmoins changer avec la mise en place progressive de petites chaufferies à biomasse dans les villes de 5 000 à 6 000 habitants, pour chauffer une école, un gymnase ou une salle des fêtes », note cependant Jean-Yves Vincent.

En 2020, la chaufferie de Baud-Chardonnet a consommé 6 900 tonnes de bois, soit autour de 285 camions de 24 tonnes. En 2022, cette consommation a flirté avec les 10 000 tonnes (autour de 9 800 tonnes). À réception, en cas de doute, la biomasse peut faire l'objet d'un contrôle qualité : il s'agit notamment de vérifier le taux d'humidité, en effectuant des prélèvements en début, milieu et fin de déchargement. Cette vérification consiste à placer l'échantillon de bois dans une étuve où il est séché pendant vingt-quatre heures, le pesage avant/après permettant de déterminer la quantité d'eau évaporée, puis d'en déduire le taux d'humidité. Une autre méthode, plus expresse, consiste à sécher le bois en four micro-ondes.

Objectif de ces contrôles ? Vérifier que la qualité du bois est conforme aux cahiers des charges ; il peut arriver qu'un camion soit refusé si le taux d'humidité constaté est trop important ou si le bois est de mauvaise qualité. « Il y a deux à trois ans, la qualité du bois était bonne ; aujourd'hui, on constate qu'elle s'est un peu dégradée. C'est peut-être lié à une trop forte demande », s'interroge Jean-Yves Vincent. L'autre point de vigilance s'agissant des approvisionnements en bois concerne le calibrage : ce sont des plaquettes dont la chaufferie conserve des échantillons.

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