Les industriels ont entrepris des recherches pour améliorer les procédés de fabrication, les rendre moins énergivores et limiter les déchets à la source, mais la question des matériaux déjà existants se pose aujourd'hui, bien que les besoins ne soient pas immédiats : La filière du photovoltaïque est récente et le déchet correspondant n'est pas encore produit. Il le sera dans 15 ou 20 ans, lors de la fin de vie des premières installations, note Etienne Couvreur, directeur de la plateforme Education de l'Institut national de l'énergie solaire (INES). La question se posera d'abord en Allemagne, où le marché du photovoltaïque est très développé, précise encore Eleni Despotou, secrétaire générale de l'Association européenne de l'industrie photovoltaïque (EPIA). Mais avec la nouvelle impulsion européenne, portant à 20 % le taux d'énergies renouvelables dans la production d'énergie d'ici 2020, de nouveaux marchés vont s'ouvrir et se développer rapidement.
Il faut donc que la filière s'organise, et ce, dès aujourd'hui. D'autant que l'Union européenne en a fait la requête : Si aujourd'hui le photovoltaïque n'est pas inclus dans la directive sur les DEEE (déchets d'équipement électrique et électroniques), il pourrait l'être dans le futur. Or, nous souhaitons rester en dehors de cette législation. Notre industrie est jeune et a besoin d'être compétitive. Le moindre coût supplémentaire, la moindre contrainte freinerait le développement de la filière. Nous avons donc travaillé avec l'Union européenne pour ne pas être contraints par les DEEE, explique Eleni Despotou.
La directive européenne portant sur les DEEE impose aux producteurs la mise en place d'une collecte des déchets, d'un système de traitement et de valorisation et le financement des coûts engrangés. Si le secteur de l'énergie solaire parvient à organiser la récupération et le recyclage de ses déchets sur une base volontaire, il ne sera pas soumis à cette directive.
En juillet 2007, l'association PV Cycle est née afin de répondre à ce problème. L'objectif est d'établir un schéma volontaire de récupération des déchets, de « devenir le corps de recyclage de l'Europe ». Le schéma de collecte sera basé sur le principe de la responsabilité sociale des entreprises : « Celui qui pollue paie ».
L'association rassemble aujourd'hui 23 industriels, représentant près de 80 % du marché européen du photovoltaïque. Cette large représentation du secteur est la condition posée par l'Union européenne pour que cette organisation sectorielle soit acceptée, commente Eleni Despotou.
Dans un premier temps, l'association évalue les projets existants de recyclage et de récupération. Déjà, des compagnies recyclent près de 99 % des produits dangereux récupérés. Notre objectif est d'atteindre d'ici 2015, 90 % de déchets collectés et d'arriver à un taux de recyclage minimum de 80 %, précise la secrétaire générale d'Epia.
Un module photovoltaïque est essentiellement composé de verre et de métal, des matériaux recyclables. Là où le problème est le plus délicat, c'est lors de la récupération du silicium. Les industriels ont entamé des recherches à ce sujet, précise Etienne Couvreur.
Il y a une grande marge d'amélioration des performances, résume Eleni Despotou. L'association travaille avec des instituts de recherche et des universités afin de guider les travaux sur la question du recyclage et les procédés de fabrication.
Début 2009, le schéma de collecte volontaire devrait être mis en place. Mais avant cela, une autre échéance attend EPIA : l'Union européenne devrait réviser la DEEE en juin 2008.