Ce vendredi 5 septembre, la Fédération des entreprises du recyclage (Federec) a créé une nouvelle branche, Federec BTP, dédiée aux déchets du bâtiment et des travaux publics. Cette création, la première en 15 ans, porte à douze le nombre de branches de Federec. Elle a été validée après deux ans de réflexions au sein d'un groupe de travail ad hoc.
Une quarantaine d'entreprises y adhère officiellement, quatorze administrateurs ont été nommés et la présidence revient à Erwan Le Meur, directeur délégué de Paprec, en charge de l'activité déchets de chantiers sur l'ensemble de la France.
Il s'agit d'un "véritable tournant pour les acteurs de ce métier du point de vue de leur représentation et professionnalisation", estime l'organisation professionnelle, pour qui "les années 2010 doivent être celles des déchets du BTP", les années 1990 ayant été celles des déchets ménagers et les années 2000 celles des déchets industriels.
Plan déchets, Nouvelle France industrielle et transition énergétique
Trois "événements majeurs" récents ont mis en lumière l'importance des déchets du BTP et ont conduit Federec à créer une branche spécifique. Pour la fédération, la conjugaison de ces trois événements crée "une dynamique dans la morosité ambiante" et offre une belle opportunité de diversification.
Tout d'abord, Federec rappelle les travaux en cours relatifs au plan national déchets pour la période 2015-2025 engagés par le Conseil national des déchets (CND). Dans ce cadre, un groupe de travail a été mis en place afin d'identifier des pistes pour améliorer les pratiques de recyclage dans ce secteur.
Ensuite, l'adoption début juillet de la feuille de route du plan "Recyclage et matériaux verts" de la Nouvelle France industrielle fait des déchets du BTP une priorité. Le groupe de travail BTP, dont Federec a obtenu le pilotage, a notamment préconisé le renforcement des contrôles des dépôts illégaux de déchets, la généralisation de l'utilisation des recyclats dans les cahiers des charges, l'établissement de normes de composition et de granulométrie pour les recyclats, la sortie des déchets du BTP du statut de "déchets", le développement des projets collaboratifs, et la promotion d'outils de tri et de valorisation.
Enfin, le projet de loi de programmation pour la transition énergétique prévoit de transcrire en droit français l'objectif de recyclage de 70% des déchets du BTP à l'horizon 2020, inscrit dans la directive cadre déchets de 2008. Le retard est sur le point d'être rattrapé, mais "on a quand même mis six ans pour retranscrire l'objectif de 2008", regrette le président de Federec BTP. Une remarque qui traduit l'attentisme de la France après une décennie au cours de laquelle elle a privilégié la mise en décharge de ces déchets.
Un maillage du territoire à revoir
Le SRBTP, dont la principale différence est de compter des professionnels du BTP parmi ses adhérents, alors que Federec BTP ne compte que des professionnels du recyclage, aurait officiellement donné son feu vert pour établir un partenariat.
Reste que pour l'instant le retard est patent et en particulier dans le secteur du bâtiment : la réglementation de 2012 imposant un diagnostic déchets avant toute déconstruction d'un édifice de plus de 1.000 m2 n'est respectée que dans 10% des cas, qui plus est, elle est "mal appliquée", déplore Federec.
Pour parvenir à rattraper ce retard, la priorité est d'assurer une couverture correcte du territoire, estime la fédération. Il faut "remailler le territoire", plaide Erwan Le Meur, estimant que "la France a beaucoup de retard". Si le Rhône-Alpes et l'Est de la France font figure de bons élèves par rapport au reste de la France, l'Ile-de-France, première région en terme de gisement, Marseille, Nantes ou encore le Nord "sont à la traine" en terme d'équipements, notamment pour le tri.
La deuxième priorité est la mise en relation des professionnels du recyclage avec ceux du bâtiment et des travaux publics. L'objectif est d'assurer une déconstruction simple des ouvrages afin d'assurer le recyclage des matériaux.
Enfin, Federec BTP entend favoriser la formation, et en particulier celles des professionnels en charge de l'élaboration et la construction des ouvrages. Le volet de la formation des architectes, ingénieurs et agents de maîtrise concernant la construction d'édifices simples à déconstruire et dont les matériaux se recycleraient correctement est "totalement embryonnaire", regrette Erwan Le Meur.