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Les déchets de chantier peuvent être recyclés sans surcoût

Jusqu'à 80% des déchets du second œuvre peuvent être recyclés sans surcoût si tous les acteurs s'y mettent. Le projet Démoclès le démontre et donne les clefs pour y parvenir : partage des responsabilités, planification et surtout tri à la source.

Déchets  |    |  F. Roussel
Environnement & Technique N°363
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°363
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A l'heure actuelle, seuls 50% des déchets du bâtiment bénéficient d'une valorisation matière (réemploi, réutilisation, recyclage). Mais la loi de transition énergétique prévoit un objectif de 70% d'ici 2020. Pour y parvenir, une première piste pourrait être d'améliorer la valorisation matière des déchets du second œuvre. Ces derniers représentent tous les éléments qui ne sont pas constitutifs de la structure d'un bâtiment (à l'exception du plomb et de l'amiante, qui dépendent d'une réglementation spécifique). Ils sont ainsi constitués à 49% par des déchets inertes (verre, faïence, carrelage, sanitaires (1) ), à 18,6% par des déchets non dangereux (plâtre, bois, revêtements de sols, isolants, équipements électriques non dangereux, ouvrants (2) ) et à 2,4% par des déchets dangereux (sources lumineuses, bois traités…). Etant donné la grande diversité de ces déchets, la plupart d'entre eux sont détruits en mélange et donc peu recyclés (35% seulement).

Mais le projet Démoclès vient de démontrer qu'il était possible de faire mieux. Ainsi, 80% des déchets du second œuvre pourraient être recyclés. Il suffirait pour cela que le secteur du bâtiment s'organise mieux, du maître d'ouvrage aux entreprises de recyclage en passant par le maître d'œuvre et les entreprises de travaux.

Généraliser le tri à la source

Après 18 mois d'étude sur le terrain et six chantiers de démolition de 1.300 à 65.000 m2, le projet Démoclès dévoile ses conclusions (3) et surtout les bonnes pratiques à généraliser. La première - et la plus évidente - est de réaliser le tri des déchets à la source. "La benne unique ne doit plus être l'alpha et l'omega du stockage de déchets sur le chantier", prévient Hervé Grimaud, directeur général de Recylum (4) , l'éco-organisme initiateur du projet. Mélanger les déchets est un frein au recyclage car certains sont dangereux et contaminent l'ensemble. Le stockage unique détériore les éléments alors qu'ils doivent rester intacts pour être recyclés dans de bonnes conditions.

Le tri à la source aurait d'autres vertus : "Le tri oblige à l'anticipation et à la planification, rend le chantier plus propre et moins accidentogène", constate Cyrille Blard, chef de projet industrialisation des produits de dépose à la SNCF. La mise en place de plusieurs contenants adaptés aux déchets qu'ils reçoivent limite la casse et facilite la traçabilité. La mise en place de plusieurs flux est d'autant plus facile pour les entreprises de travaux qui interviennent qu'elles s'organisent déjà par poste de travail : "Nous nous sommes rendus compte en discutant avec les entreprises spécialisées dans le curage de bâtiment avant leur démolition qu'elles travaillent éléments par éléments. Une personne s'occupe des éclairages, une autre des revêtements, une autre des ouvrants. Il est donc envisageable de prévoir des stockages spécifiques au plus près du poste de travail, plus maniables et transportables", illustre Hervé Grimaud.

Limiter les coûts cachés

Et à ceux qui rétorqueraient que cela coûte plus cher, les acteurs du projets Démoclès sont unanimes : on peut mieux valoriser les déchets à périmètre économique constant. Les données économiques recueillies sur les chantiers d'observation ont mis en évidence que les pratiques actuelles sont génératrices de coûts cachés : coûts supplémentaires indirects de main d'œuvre, opérations de nettoyage, perte de temps pour l'évacuation des déchets... "Le coût du prestataire déchets est la partie émergée de l'iceberg. La majeure partie des coûts provient des phases en amont : logistique, dépose, temps passé à manipuler les différents déchets, explique Laurent Château, référent déchets BTP Ademe. Arriver à ne pas mélanger et améliorer la logistique permet de faire des économies", ajoute-t-il. Mettre en place la dépose sélective ne prend pas plus de temps ni de place, il s'agit d'une organisation différente.

Des contenants séparés permettent aussi d'augmenter le taux de valorisation et favoriser un reporting réel par type de déchets tout en améliorant le suivi et la transparence. "Le recyclage n'est pas un problème technique. Sur les 24 catégories de déchets recensés, 15 ont leur filière de recyclage, détaille Hervé Grimaud. Le cœur de la question est l'organisation". Le tri permet surtout de redonner de la valeur au déchet alors que le poste de traitement-recyclage est souvent un poste de coût en constante hausse. "Il faut que cette notion de capital-matière se développe", estime Cyrille Blard de SNCF. Une évidence pour Hervé Grimaud qui rappelle que les coûts de traitement - de type enfouissement et incinération - ne feront que croître dans les années à venir.

Des responsabilités partagées

Mais pour que le tri à la source devienne la règle, tout ne doit pas être laissé entre les mains des entreprises de travaux. Second enseignement du projet Démoclès : tous les acteurs de la chaîne ont leur rôle à jouer en la matière. "Les entreprises de travaux ne peuvent pas tout faire", prévient Hervé Grimaud. Les conclusions du projet donnent des pistes pour redistibuer les rôles et devoirs de chacun. Ainsi, le maître d'ouvrage doit impulser la démarche en exprimant clairement ses attentes et en contrôlant les performances finales. "En tant que producteur du déchet, le maître d'ouvrage doit faire respecter la hiérarchisation dans le traitement des déchets, rappelle Cyrille Blard. Et sa responsabilité porte aussi bien sur les déchets dangereux que non dangereux". Pour le chef de projet industrialisation des produits de dépose à la SNCF, le maître d'ouvrage peut même aller encore plus loin en demandant à ce que les déchets issus de la déconstruction puissent servir à la reconstruction. "Nous allons tester ce principe dans un prochain chantier. On va essayer de réutiliser sur place 90% des déchets de démolition. Le diagnostic déchets a été partagé avec l'architecte. Ce premier bâtiment baptisé EC90 devrait voir le jour au second semestre 2017."

La maîtrise d'œuvre, quant à elle, est le "bras armé du maître d'ouvrage". Elle doit être responsable de l'inventaire quantitatif et qualitatif du chantier, rédige le plan de gestion des déchets, fixe les objectifs de recyclage par filière et contrôle la bonne exécution des consignes par les entreprises de travaux. Ces dernières doivent quant à elles les appliquer et disposer des moyens et des compétences pour le faire. Enfin, les gestionnaires de déchets ne doivent pas être oubliés. C'est à eux que revient le devoir de prêcher la bonne parole en matière de tri à la source en proposant une logistique d'évacuation des contenants adaptée. Ils sont par ailleurs garants de la traçabilité des déchets et se doivent de communiquer le plus possible sur les déchets recyclables et les conditions techniques d'acceptation.

Si Hervé Grimaud reconnaît que "le poids des habitudes" ne permettra pas d'appliquer les bonnes idées du projet Démoclès du jour au lendemain, il compte sur un "effet de contagion bénéfique" et encourage le secteur du bâtiment à tester ces consignes. Un second volet du projet s'appliquera d'ailleurs à les mettre en pratique sur des opérations réelles.

1. Baignoires, lavabos, toilettes2. fenêtres et portes3. Télécharger le rapport Les clés de la démolition durable
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-27617-democles-rapport.pdf
4. L'éco-organisme chargé des déchets d'équipements électriques et électronique (DEEE) a initié le projet à l'origine pour mieux capter les gisements de DEEE issus du bâtiment. Finalement, le projet porte sur tous les déchets de second œuvre.

Réactions1 réaction à cet article

Il n'est pas nécessaire de recycler des déchets de chantier qui n'ont pas été produits

Quelle est la nature des efforts dans ce domaine d'activité aussi si on applique le vieil adage "prévenir vaut mieux que guérir" ?

Sagecol | 04 octobre 2016 à 09h22 Signaler un contenu inapproprié

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