L'Observatoire régional des déchets d'Ile-de-France (Ordif) a présenté ce lundi 10 octobre 2011, une étude sur les coûts de collecte et de traitement des déchets en Ile-de-France. L'analyse couvre 27 collectivités franciliennes rassemblant quelque 8 millions d'habitants. Résultat : le coût de gestion des déchets ménagers et assimilés (DMA) s'élève à 91 euros par an et par habitant.
L'Ordif souhaite renouveler cette étude en lançant un "observatoire régional des coûts" au début de l'année 2012. Il espère aussi élargir ce travail aux collectivités qui n'ont pas participé à cette première analyse.
Querelle autour des chiffres
Il s'agit pour l'Ordif de présenter "des chiffres validés par l'ensemble du métier qui ne soient pas critiquables par tel ou tel acteur", indique en préambule Eric Chevaillier, président de l'Ordif, rappelant que l'Observatoire qu'il dirige rassemble des opérateurs de la gestion des déchets, des élus et des associations.
Une remarque qui égratigne au passage le récent rapport de la Cour des comptes qui avait déjà fait l'objet de vives critiques de la part de l'Association des maires de France (AMF).
Au-delà de la querelle autour des différentes évaluations des coûts, le rapport de l'Ordif illustre l'importance prise par la notion de coût réel du traitement de déchets. En effet, si l'information actuellement disponible est de piètre qualité, le sujet est néanmoins en vogue, en particulier lorsqu'il s'agit d'évaluer l'impact de la baisse des volumes prévue par le Grenelle de l'environnement et la directive cadre déchets.
Par ailleurs, cet intérêt pour l'analyse des coûts est aussi une des vertus de la tarification incitative introduite par le Grenelle : il s'agit d'un préalable à l'introduction d'une facturation du service de traitement des déchets basée sur la production réelle.
Un coût variant du simple au double
Selon l'étude, le coût annuel rapporté par un Francilien est très différent selon les collectivités étudiées, puisque la fourchette s'établit entre 66 et 124 euros, avec une moyenne de 91 euros.
L'Ordif avance deux causes principales à cette variabilité des coûts : les volumes traités et l'amortissement des équipements de collecte et de traitement. Ainsi, les collectivités présentant les coûts les plus faibles sont aussi celles qui collectent les plus faibles volumes et utilisent du matériel amorti.
S'agissant du traitement des déchets, l'incinération qui traite 86 % des 2,86 millions de tonnes d'ordures ménagères résiduelles (OMR) franciliennes présente un coût variant de 40 à 98 euros la tonne, une fois déduites les aides et les recettes industrielles. L'étude de l'Ordif constate que le syndicat dont le coût d'incinération est le plus faible combine un équipement dont l'essentiel des investissements est amorti et bénéficie de recettes industrielles élevées.
En cause, la collecte en porte-à-porte qui est particulièrement onéreuse selon l'Ordif : "ça marche très bien", indique Eric Chevaillier, ajoutant que "certaines collectivités regrettent d'être entrées dans ce système qui marche trop bien".
La solution ? Certaines collectivités réfléchissent à l'abandon pur et simple de ce mode de collecte, au profit de points d'apport volontaire, ou envisagent de facturer ce service.
"Le niveau de service impacte les coûts", résume le président de l'Ordif. Certes. Mais de quelle manière, serait-on tenté de demander.
Las, l'étude n'y répond pas, ou, pour être tout à fait précis, le rendu ne fait état d'aucun exemple. De leur côté, les représentants de l'Ordif se refusent à donner ce type d'information, y compris pour "les bons élèves".
C'est probablement là la principale limite de l'étude qui tire une conclusion générale sans en apporter la moindre illustration. Le rendu se résume donc à des moyennes qui n'ont que peu de valeur, étant donnée la dispersion des valeurs de l'échantillon étudié.
"Nous risquons d'avoir un service de collecte optimum mais à un coût insupportable pour les citoyens", prévient Eric Chevaillier. A quoi devrions-nous renoncer ? Là encore, mis à part la collecte en porte-à-porte des déchets verts qui est clairement pointée du doigt, l'Ordif ne donne pas de piste concrète.