Le président de Federec parle "d'alignement des planètes", celui de la Fnade "d'une histoire d'hommes". Les ingrédients semblent enfin réunis pour que la Fédération des entreprises du recyclage et la Fédération nationale des activités de dépollution et de l'environnement se rapprochent en créant la Confédération des métiers de l'environnement (CME). Un projet vieux de deux ans qui a poussé les deux fédérations à améliorer leur représentativité au sein du secteur et à convaincre progressivement leurs adhérents de l'intérêt d'un tel projet. "L'avenir de nos métiers se dessine maintenant. Nous voulons porter une même voix pour défendre nos entreprises. Notre expertise est essentielle pour créer de nouvelles filières et de nombreux emplois : 35.000 emplois d'ici 2025", estime Jean-Marc Boursier, président de la Fnade. Aujourd'hui, la CME représente 1.529 entreprises, 75.840 emplois pour un chiffre d'affaires de 18,5 milliards d'euros. De quoi peser dans les débats. Et ils sont nombreux.
Agir local pour orienter plus de déchets vers le recyclage
Le président de la CME et ex-président de Federec, Dominique Maguin, et les 20 membres du conseil d'administration devront notamment suivre avec attention le paquet réglementaire européen sur l'économie circulaire en cours de négociation. Deux objectifs se dessinent d'ici 2030 : faire grimper la part des déchets ménagers valorisés à 65-70% contre 45% aujourd'hui et réduire la part de mise en décharge à 5 ou 10% seulement des déchets produits.
La CME va s'efforcer au cours des prochains mois de prôner une clarification du périmètre du service public de gestion des déchets, notamment pour les déchets produits par les entreprises mais assimilés à des déchets ménagers car de même nature. Pour la CME, il est temps de savoir précisément ce qui relève des services privés ou non, car le décret "cinq flux" entre dans sa phase d'application dans les entreprises et les collectivités. Autre sujet : la gouvernance des filières REP : "Nous avons un mot à dire, prévient Dominique Maguin. Il faut une gouvernance partagée et envisager de nouvelles REP seulement après étude d'impact", estime-t-il.
Penser mondial pour évacuer les excédents de matières recyclées
La CME compte bien mettre en avant les "nombreux emplois non délocalisables" de sa filière pour convaincre de la nécessité de "réindustrialiser la France" par des centres de traitement de déchets mais aussi des filières de consommation des matières recyclées ou des résidus non recyclables pour production d'énergie. La fiscalité lui semble être un outil majeur. Elle demande ainsi une TVA réduite sur les installations de CSR produisant de l'énergie et surtout une fiscalité qui encourage la consommation de matières recyclées. "Aujourd'hui l'économie circulaire est une boucle à l'échelle mondiale. Le traitement doit être à proximité du lieu de production des déchets mais les marchés français de matières recyclées sont excédentaires", prévient Dominique Maguin. La question est d'autant plus prégnante que la Chine, grand consommateur de matières, a fermé ses portes aux déchets européens cet été. La France doit trouver de nouveaux débouchés. "L'Ademe a lancé le dispositif Orplast pour soutenir financièrement l'incorporation de matière plastique recyclée. Il faut la même chose pour les autres filières", appelle M.Maguin.
L'enjeu est surtout de décorréler le prix des matières recyclées à celui des matières vierges pour favoriser la stabilité économique du secteur. "Tant que les produits recyclés seront plus chers que les produits vierges, ça ne fonctionnera pas. Il faut rééquilibrer la donne", estime Vincent Le Blan, délégué général de la Fnade. Une première initiative dans ce sens a été initiée par le syndicat national des régénérateurs de matières plastiques (SRP) qui, en calculant les bénéfices environnementaux dus à l'utilisation de matières recyclées, fournit aux industriels un certificat d'économie carbone. De quoi les inciter à intégrer encore plus de matières recyclées avant que la France ne sache plus quoi en faire.