Quelle part des déchets municipaux provient des ménages, des activités économiques ou des non-résidents ? Quel est l'impact des activités d'un territoire sur la production de déchets par habitant ? C'est à ces questions que tente de répondre une étude économétrique publiée le 10 septembre par le Commissariat général au développement durable (CGDD) du ministère de l'Ecologie.
"Les déchets municipaux sont caractérisés par un unique collecteur, le service public de gestion des déchets, mais des producteurs multiples : ménages résidents, touristes de passage dans la municipalité ou salariés qui y travaillent, petites entreprises", rappelle le CGDD. Or, derrière la production moyenne d'ordures ménagères résiduelles (OMR), d'emballages, journaux et magazines (EJM) et de verre, se cachent des écarts importants entre les communes, selon notamment les activités économiques et touristiques.
Une meilleure connaissance des contributions à la production de déchets municipaux est jugée particulièrement utile à leur bonne gestion et à la définition d'objectifs de réduction de la production de déchets ménagers et assimilés (DMA). En moyenne, chaque habitant produit annuellement environ 296 kg d'OMR, 46 kg d'EJM et 30 kg de verre, indique l'étude. Bien sûr, les résidents restent les principaux contributeurs, mais "l'activité touristique et les petits commerces en sont responsables pour une partie non négligeable".
La densité de population, un facteur clé
Les deux premières variables explicatives retenues sont le niveau de vie des habitants et la densité de population. Premier constat, "le niveau de vie moyen du groupement de communes ne semble pas avoir d'effet significatif sur la quantité de déchets par habitant, que ce soit des OMR, des EJM ou du verre".
En revanche, la densité joue un rôle important, puisque "la quantité d'OMR par habitant augmente significativement avec la densité de la commune". Cette augmentation est de l'ordre de 7 kg par habitant et par an (kg/hab/an) pour les communes entre 50 et 130 habitants par km2 (hab/km2) et de 39 kg/hab/an pour celles de plus de 130 hab/km2.
La quantité d'EJM par habitant est aussi plus importante dans les communes de densité moyenne par rapport à celle de faible densité (de l'ordre de 2,8 kg/hab/an). Cependant, le volume d'EJM collecté dans les communes les plus denses ne diffère pas de celui collecté dans les communes les moins denses. Pour les villes les plus denses, les conditions de tri plus difficiles joue probablement un rôle, ce que semble confirmer les chiffres de la collecte de verre : -1,1 kg/hab/an pour les communes entre 50 et 130 habitants par km2 (hab/km2) et -11,4 kg/hab/an pour celles de plus de 130 hab/km2.
Un commerce moyen ajoute 2,5 tonnes d'OMR
Du côté des activités économiques, le taux d'emplois salariés par habitant, "n'a pas d'impact significatif sur la quantité d'OMR collectés". Cela s'explique notamment par le fait que certains déchets liés à l'activité salariée ne sont pas forcément des déchets municipaux assimilés (les déchets d'un restaurant d'entreprise, par exemple) ou "sont captés par une autre variable explicative (nombre de commerces par habitant)". Cependant, la collecte d'EJM et de verre est plus élevée dans les communes ayant plus de 15 emplois pour 100 habitants, par rapport à celles en ayant moins.
Par contre, la présence de commerces augmente sensiblement la quantité d'OMR par habitant. "Un établissement supplémentaire de commerce, de transport ou de service engendre un surcroît de 2,5 tonnes d'OMR", explique le document, ajoutant qu'à l'inverse "l'impact n'est pas significatif sur la collecte d'EJM ou de verre". A noter que l'étude précise qu'il n'est pas possible de déterminer si le supplément d'OMR est produit par l'établissement lui-même ou par la consommation locale qu'il génère.
L'hôtellerie grosse productrice d'OMR
L'activité touristique constitue un autre facteur déterminant de la production de déchets. Ainsi, l'étude établit qu'"une résidence secondaire supplémentaire entraîne une hausse de 157 kg d'OMR, 9 kg d'EJM et 21 kg de verre". Ce résultat est "raisonnable", au regard du taux d'occupation d'une résidence secondaire, puisqu'une famille de quatre personnes occupant une résidence pendant 11% de l'année produirait environ cette quantité d'OMR, précise l'étude.
Quant aux hôtels, ils ont eux aussi un impact significatif. "Une offre de lit d'hôtel supplémentaire engendre une hausse de 265 kg d'OMR (…) mais n'a pas d'effet significatif sur les EJM et la collecte du verre", indique l'étude, soulignant que "la quantité de 265 kg d'OMR est supérieure à celle produite par un résident supplémentaire (221 kg) alors que le taux d'occupation moyen d'un hôtel est de 67%".
Enfin, l'impact des campings est lui aussi visible. En matière d'OMR, il est de l'ordre de 126,5 kg, soit moitié moins que pour l'hôtel. Ce point pourrait s'expliquer par un taux de remplissage moyen de 36%, soit la moitié de celui de l'hôtellerie. Par ailleurs, au contraire de l'hôtel, l'impact est également significatif sur les EJM (46,25 kg) et le verre collectés (55,6 kg). La différence avec l'hôtellerie s'explique notamment par de meilleures possibilités de tri dans les campings.
D'un point de vue géographique, si la présence d'un domaine skiable semble accroître de 5 kg/hab/an la collecte du verre, mais pas celle des OMR ou des EJM, l'appartenance à la zone littorale impacte beaucoup plus significativement les volumes collectés : +59,7 kg pour les OMR, stable pour les EJM et +10,1 kg pour le verre. L'appartenance à un parc naturel régional ne change pas réellement les volumes collectés (+2,4 kg pour les OMR, +0,85 kg les EJM et +2,8 kg pour le verre), alors que le fait d'appartenir à une zone couverte par la loi montagne diminue significativement la quantité de déchets par habitant (-11 kg pour les OMR, -7 kg pour les EJM et -8 kg pour le verre).