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Déforestation importée : une stratégie européenne à redéfinir

Le Conseil économique social et environnemental présente un projet d'avis pour mieux équiper l'Union européenne dans la lutte contre la déforestation importée.

Gouvernance  |    |  R. Pin
Déforestation importée : une stratégie européenne à redéfinir

En pleine crise mondiale de la Covid-19, la question de la déforestation importée est plus que jamais d'actualité. Il est démontré que l'apparition de nouvelles maladies, comme le paludisme, Ebola ou encore les coronavirus, est liée à l'anéantissement des écosystèmes, souvent au profit de monocultures intensives.

L'Europe première contributrice de déforestation importée

L'Union européenne demeure l'une des régions du monde qui génère le plus de déforestation importée, représentant près de 39 % de l'empreinte mondiale, selon une étude commandée par la Commission européenne en 2013. Treize millions d'hectares de forêts disparaîtraient chaque année, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. Sous la présidence de Jair Bolsonaro, la déforestation en Amazonie brésilienne poursuit sa progression. Selon des données de l'Institut national de recherche spatiale du Brésil, ce sont 1 202 kilomètres carrés de forêt qui ont disparu de début janvier à fin avril 2020, une augmentation de 55 % par rapport à la même période l'année dernière.

Trois axes d'intervention

Des jeux pour comprendre les enjeux de la déforestation

Si les efforts nationaux et internationaux se sont multipliés ces dernières années concernant la lutte contre la déforestation, les politiques en la matière ont toutes échouées. C'est ce qu'affirme un article qui vient d'être publié dans One Earth. Coordonnée par Claude Garcia du Cirad et de l'ETH Zurich, l'équipe internationale à l'origine de cette publication en appelle à une approche radicalement nouvelle. Elle estime qu'il faut d'abord comprendre les choix et les actions humaines impliqués dans les transitions forestières ainsi que les « modèles mentaux » des acteurs, la façon dont les individus voient le monde et prennent des décisions. Les auteurs de l'étude proposent une méthode qui permet aux acteurs et aux décideurs d'« aligner leurs forces » : des jeux de société spécialement conçus, qui se révèlent être des outils essentiels dans le processus d'introspection, d'apprentissage et de négociation. La méthode a, par exemple, connu un succès particulier en 2018, lorsque, après deux ans d'impasse, un jeu de ce type a permis aux participants de parvenir à un accord sur la gestion des paysages forestiers intacts dans le bassin du Congo. « Plutôt que de faire aveuglément confiance à l'intelligence artificielle pour identifier les décisions que nous devrions prendre, nous préférons parier sur l'intelligence collective », explique Claude Garcia à propos de cette méthode innovante, et pourtant peu technologique.
Un projet d'avis du Conseil économique social et environnemental (CESE) est aujourd'hui rapporté par Jean-Luc Bennahmias et Jacques Pasquier. Il préconise plusieurs actions en trois axes pour mieux armer l'Union et ses États membres dans la lutte contre la déforestation importée. En premier lieu, le projet préconise « d'améliorer la cohérence des politiques européennes », en adoptant un plan commun sous la responsabilité du Conseil. Cela passe notamment par une plus grande sensibilisation des consommateurs européens en améliorant l'étiquetage environnemental. Il conviendrait, dans ce cadre, d'améliorer la qualité et la crédibilité des labels « zéro déforestation importée », et d'augmenter le budget du programme Horizon Europe consacré à la recherche d'alternatives à la déforestation importée.

Le second axe proposé par le CESE appelle à « accélérer la réforme des filières économiques contributrices de la déforestation ». Il préconise la mise en place d'un « plan protéine européen » pour limiter les importations de soja destinées en particulier au bétail, en soutenant les cultures de légumineuses, et en conditionnant les aides aux investissements des filières animales à la non-utilisation de soja importé. Le Conseil demande la sortie progressive des agro-carburants conventionnels, pour une suppression totale au plus tard en 2030, et une réforme rapide de l'OMC (Organisation mondiale du commerce) pour rendre opposables les critères de développement durable inclus dans les accords commerciaux internationaux.

Accompagner les populations locales

Troisième volet de l'avis du CESE, le nécessaire accompagnement des états tiers producteurs et des acteurs locaux dans la lutte contre la déforestation. Il prône pour cela un projet de « Pacte mondial pour les forêts », associant l'ensemble des parties prenantes, et la création d'un réseau mondial d'aires protégées ciblant les forêts primaires. Des politiques de gestion durable devraient ainsi être mises en place dans les pays d'Afrique sub-saharienne et d'Amérique latine, en permettant aux pays de transformer sur place les matières premières produites, pour en tirer plus de valeur ajoutée. Il conviendrait enfin de soutenir, en lien avec les populations locales, la reforestation des zones déboisées, et l'afforestation.

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