C'est une nouvelle étude alarmante que le WWF dévoile ce mercredi 13 janvier. Elle révèle que 43 millions d'hectares de forêts ont été détruits entre 2004 et 2017 sur les principaux fronts de déforestation à travers le monde. Soit une superficie équivalente à celle du Maroc.
L'ONG a identifié les 24 fronts les plus sévères, qui concentrent 52 % de la déforestation tropicale totale. Neuf se situent en Amérique latine, « une région qui connaît un déclin particulièrement dramatique des populations d'animaux sauvages illustrée par le récent rapport Planète vivante ». Ce dernier a montré que les populations de vertébrés avaient chuté de 68 % entre 1970 et 2016. Les autres fronts se situent en Afrique et en Asie-Pacifique.
L'étude révèle aussi que 45 % des forêts qui n'ont pas été détruites sont dégradées. « Elles (…) deviennent plus sensibles aux feux et plus à risque de déforestation définitive du fait de leur accessibilité. D'autre part, cette dégradation met à mal la capacité des forêts à fournir des services écosystémiques (épuration et rétention de l'eau, captation de carbone, production de nourriture et de matériaux, etc.) indispensables à l'homme », explique le WWF.
Les causes principales de ces atteintes ? En premier lieu, l'agriculture « commerciale » qui conduit à défricher de nombreuses zones pour le bétail et les cultures. C'est particulièrement le cas avec le soja et la production de bœuf dans les régions du Chaco et du Cerrado dans la zone amazonienne. Le rapport identifie aussi d'autres causes comme l'exploitation minière ou les infrastructures. « Quatre-vingt-quatre pour cent de la déforestation au Guyana est causée par l'exploitation minière », rapporte l'ONG, qui pointe les projets miniers industriels comme celui de la Montagne d'Or. Curieusement, le rapport mentionne aussi l'agriculture vivrière parmi les autres moteurs de déforestation, tout en réclamant de garantir le droit des populations autochtones.Pour le WWF, une opportunité s'offre cette année à l'Union européenne pour légiférer. Plus d'un million de citoyens ont en effet répondu à la consultation publique lancée par la Commission en vue d'adopter un texte garantissant que les produits mis sur le marché européen ne sont pas liés à la déforestation. L'ONG demande également à la France la mise en œuvre effective de la stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI) qu'elle a adoptée en 2018. « Nous devons nous attaquer rapidement à ce fléau qui repose sur notre modèle de consommation. L'émotion suscitée par les immenses feux de forêts et la crise de la Covid-19 ont rappelé l'importance de protéger la nature », avertit Véronique Andrieux, directrice générale du WWF France.