Hébergé par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), le Panel international des ressources a publié le 24 avril 2013 deux rapports relatifs aux défis environnementaux que posent les métaux et à la contribution potentielle du recyclage pour les atténuer, ainsi que les améliorations requises pour les systèmes de recyclage appropriés.

"Les besoins en métal sont trois à neuf fois plus élevés que le volume de l'ensemble des métaux actuellement utilisés dans le monde", indique Achim Steiner, secrétaire général adjoint des Nations unies et directeur exécutif du PNUE. D'après lui, l'adoption des technologies et styles de vie des pays de l'OCDE par les pays émergents explique cet accroissement. Or, les métaux étant utilisés pour les infrastructures, leur demande devrait rester forte à l'avenir, notamment en raison de l'industrialisation rapide dans les pays en développement, et des technologies modernes dans les pays développés. Ainsi, "les technologies basées sur les énergies renouvelables sont susceptibles de voir leur demande augmenter car elles sont à plus forte intensité de métal que les sources fossiles", précisent les rapports.

Un système de gestion durable des métaux doit être mis en place selon eux. Ils préconisent d'appliquer à l'échelle mondiale des systèmes certifiés reposant sur les meilleures techniques disponibles (MTD). D'autres mesures pourraient aussi améliorer l'efficacité énergétique des exploitations minières et des industries de recyclage.

Concernant le recyclage, le potentiel est énorme selon l'étude, étant donné la quantité de déchets issus des équipements électriques et électroniques. Ils sont estimés au niveau mondial entre 20 et 50 millions de tonnes, soit trois à sept kilogrammes par personne et par an. En Europe, le gisement de ces déchets est d'environ 12 millions de tonnes par an. Les rapports estiment que ces quantités devraient augmenter d'au moins 4% dans les prochaines années, soit trois fois plus que les déchets municipaux.

Une approche sophistiquée pour des produits complexes

Le taux de recyclage du métal est pourtant faible, rappelle l'étude. Le PNUE avait déjà mis en avant que moins d'un tiers des quelque 60 métaux étudiés ont un taux de recyclage en fin de vie supérieur à 50% et 34 composants sont recyclés à un taux inférieur à 1%.

Les produits métalliques peuvent contenir une grande variété de métaux et de matériaux interconnectés qui rendent le recyclage difficile, expliquent les rapports. Si les métaux sont en principe recyclés presque indéfiniment, la complexité croissante des produits finis rend difficile l'extraction de tous les composants et la réutilisation de tous les métaux utiles. Ainsi, un téléphone portable peut contenir plus de 40 composants, notamment du cuivre, de l'étain et des métaux précieux tels que l'argent, l'or ou le palladium. La priorité donnée à un métal ne doit cependant pas l'être au détriment d'autres métaux, soulignent les rapports. Des priorités différentes doivent être établies pour différents métaux, tels que les métaux de base, les métaux spéciaux ou les métaux de technologie de pointe.

Pour remédier aux taux de recyclage historiquement bas, les rapports estiment "qu'il faut abandonner une approche centrée sur la matière pour une approche centrée sur le produit", c'est-à-dire adopter une technique de recyclage qui cible les composants spécifiques d'un produit, leur complexité en fin de vie et élabore des moyens pour les séparer et les récupérer. Une telle approche serait "une avancée importante vers des systèmes de recyclage efficaces, avec un meilleur rendement des ressources et vers une économie verte", est-il souligné.

Pour ce faire, selon Achim Steiner, "les métaux terrestres rares dans des produits tels que les panneaux solaires, les aimants d'éoliennes ou les téléphones portables, doivent pouvoir être récupérés facilement quand ils ne fonctionnent plus". Il s'agit pour les concepteurs de produits de prendre en compte des approches de cycle de vie, d'utiliser les dernières connaissances en métallurgie et de mettre en œuvre des processus de simulation de systèmes de recyclage rigoureux.

Réduire les impacts environnementaux

L'optimisation et la conception du système peuvent augmenter davantage les taux de recyclage et diminuer les impacts environnementaux, est-il précisé. L'étude pointe les effets au niveau local de l'exploitation minière et précise que l'utilisation des métaux et de leurs composés représente 7 à 8% de l'alimentation mondiale en énergie. Or, le recyclage permettrait de "prévenir la pénurie de certains métaux précieux d'utilisation courante". Mais il ralentit également le besoin d'exploiter les minerais à faible teneur et nécessite moins d'énergie par kilogramme de métal que la production initiale.

"Une augmentation du recyclage des métaux devrait atténuer certains des effets environnementaux nocifs provenant de l'utilisation et de la production de métaux", confirment Ernst Ulrich von Weizsäcker et Ashok Khosla, co-présidents du Panel. Toutefois, selon eux, l'augmentation des taux de recyclage ne sera pas suffisante. Elle doit s'accompagner d'une stabilisation de la courbe de demande en métaux.