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La radioprotection, point sensible du démantèlement de la centrale de Chooz

À l'issue de la visite décennale de Chooz A, premier réacteur à eau pressurisée en démantèlement, l'Autorité de sûreté nucléaire pointe du doigt les défauts de gestion du risque de contamination interne des salariés.

Risques  |    |  P. Collet
La radioprotection, point sensible du démantèlement de la centrale de Chooz

L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) vient de publier le bilan de la visite décennale du réacteur A de Chooz (Ardennes) en cours de démantèlement. Une opération instructive, car il s'agit du premier réacteur à eau pressurisée à être déconstruit. Surtout, il préfigure les travaux à venir sur les deux réacteurs de Fessenheim (Haut-Rhin) et sur ceux qui seront arrêtés à l'avenir.

Au terme de cet examen, l'ASN juge « [nécessaire] qu'EDF renforce son organisation » en vue des prochains démantèlements. Un constat également étayé par les contrôles effectués sur les six réacteurs uranium naturel-graphite-gaz (UNGG) de première génération, aussi en cours de démantèlement.

Un sujet a attiré l'attention de l'ASN : la radioprotection, et plus particulièrement les cas de contaminations internes. Ce sujet est d'autant plus important qu'il constitue le principal point d'attention dans ce type de travaux. En effet, les activités de déconstruction entraînent un risque accru d'exposition du fait de la remise en suspension de particules radioactives qui peuvent être inhalées ou ingérées.

Plusieurs cas de contamination interne

Depuis 1999, EDF démantèle le premier réacteur à eau pressurisée, en exploitation entre 1967 et 1991. Après l'évacuation du combustible et la vidange des circuits, la déconstruction de la salle des machines, de la station de pompage et de certains bâtiments nucléaires a été réalisée. En septembre 2007, EDF a obtenu l'autorisation de démanteler complément le réacteur de 305 mégawatts (MW) et ses auxiliaires implantés dans deux cavernes à flanc de colline. « Le démantèlement du circuit primaire du réacteur, à l'exception de la cuve, a été réalisé », explique l'ASN, ajoutant qu'« actuellement, la principale opération en cours est le démantèlement [sous eau] des équipements internes de la cuve ».

“ au cours des années 2018 à 2020, plusieurs cas de contaminations internes des intervenants extérieurs d'EDF ont eu lieu ” ASN
L'installation ne présente plus d'enjeux importants en termes de sûreté nucléaire. L'évaluation de l'ASN concerne donc essentiellement la radioprotection des travailleurs. En l'occurrence, « les dispositions mises en œuvre [par EDF] sont adéquates ». Pour autant, l'Autorité constate qu'« au cours des années 2018 à 2020, plusieurs cas de contaminations internes des intervenants extérieurs d'EDF ont eu lieu » et « plusieurs » de ces contaminations constituent des événements significatifs pour la radioprotection.

L'IRSN avait alerté sur le sujet

L'ASN ne détaille pas ces contaminations internes, mais, en 2019, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) s'en était déjà inquiété. Il avait analysé les données de trois sites en cours de démantèlement : Chooz A et des installations à La Hague (Manche) et à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine). Il apparaissait que 28 % des 936 travailleurs intervenus plus de trois fois en 2018 sur un de ces sites présentaient des résultats de contamination interne positifs.

Détail important mis en avant par l'IRSN : 60 % des travailleurs ayant participé au démantèlement de Chooz A n'ont pas été pris en compte dans ses calculs car ils ne sont intervenus qu'une ou deux fois sur l'année entière dans la zone « contrôlée », c'est-à-dire présentant le plus de risque en termes de radioprotection. À titre de comparaison, cette part des employés « préservés » n'est que 15 % et 24 % sur les deux autres sites étudiés. Cette volonté de réduire l'exposition des travailleurs « traduit probablement le fait que, dans la perspective de l'arrêt à venir d'un certain nombre de réacteurs en France, le réacteur de Chooz A (…) est une "vitrine" technologique pour le démantèlement des réacteurs à eau pressurisée ». En dépit de cette attention particulière, l'ASN note des problèmes.

Des plans d'action à améliorer

Dès mars 2018, après plusieurs événements significatifs, EDF a présenté à l'ASN un plan d'action. Mais « au cours des années 2018 et 2019, malgré ce plan d'action, de nouveaux cas de contamination ont été détectés et ont fait l'objet de déclaration d'événements significatifs pour la radioprotection », déplore l'ASN. En janvier 2020, à la demande de l'Autorité, EDF a dressé un bilan des contaminations et présenté un nouveau plan d'action.

Le mois dernier, ASN a encore renforcé ses attentes. Le gendarme du nucléaire demande à EDF « de plus amples précisions (…) pour améliorer la maîtrise de la radioprotection ». Concrètement, l'entreprise doit transmettre un « dossier spécifique », qui présente le bilan du retour d'expérience des différents événements liés à la radioprotection des dernières années et qui prenne en compte tous les cas de contamination et les événements associés au sujet. EDF doit aussi « [actualiser ses] analyses de risque portant sur le risque d'exposition interne à la radioactivité́ et sur tous les facteurs susceptibles d'être à l'origine des événements déclarés ».

Réactions1 réaction à cet article

EDF a l'habitude de mettre la poussière (radioactive) sous le tapis depuis longtemps, on se demande où en seraient les contaminations de sites et celles de ses employés si l'ASN ne veillait pas au grain. Mais à priori l'entêtement fait partie des gènes d'EDF.

gaïa94 | 15 juin 2022 à 18h55 Signaler un contenu inapproprié

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