Ce mercredi 3 juillet, le groupe pétrolier Total a annoncé le démarrage de sa bio-raffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône). Pour rappel, Total avait reçu, en mai 2018, le feu vert de la préfecture des Bouches-du-Rhône et du ministère de la Transition écologique pour exploiter son usine polémique de production de biocarburants. La production "des premiers litres de biocarburants" a démarré dans la nuit de lundi à mardi. La bio-raffinerie a une capacité totale de production annuelle de 500.000 tonnes de biocarburants utilisés pour produire du biodiesel de type HVO (hydrotraitement des huiles végétales) ainsi que "du biojet pour l'aviation", précise Total.
Le site s'approvisionnera à hauteur de 60 à 70 % d'huiles végétales brutes (colza, palme, tournesol, etc.) et 30 à 40 % à partir de retraitement de déchets (graisses animales, huiles de cuisson, huiles résiduelles, etc.). Total rappelle son engagement à limiter son approvisionnement en huile de palme brute à un volume inférieur à 50 % des volumes de matières premières qui seront traitées sur le site. Soit 300.000 tonnes par an. Le groupe alimentera aussi sa bio-raffinerie avec 50.000 tonnes de colza français "au minimum" par an, "afin d'assurer un débouché supplémentaire à l'agriculture française".
L'arrêté d'autorisation du site oblige Total à utiliser des huiles répondant aux critères de durabilité fixés par la Commission européenne. Ce démarrage "marque l'aboutissement de la reconversion d'une raffinerie d'hydrocarbures en une plateforme de nouvelles énergies. Lancé en 2015, ce projet a bénéficié d'un investissement de 275 millions d'euros", rappelle Total et "le maintien de 250 emplois directs".
Le recours des ONG est "toujours en cours"
Les ONG environnementales sont opposées au site. Les Amis de la Terre France et Canopée fustigent "une ouverture en trompe l'œil". Les associations "dénoncent l'entêtement du groupe pétrolier alors que, d'ici six mois, l'huile de palme devrait être exclue de la liste des biocarburants." En décembre 2018, l'Assemblée nationale a en effet voté la fin, à partir de 2020, de l'avantage fiscal permettant d'incorporer l'huile de palme dans les carburants, à cause de son impact sur la déforestation dans les pays du Sud. "Cette exclusion priverait Total d'un avantage fiscal représentant environ 100 millions d'euros par an", indiquent les ONG.
La France a adopté en novembre 2018 une stratégie contre la déforestation importée "mais augmente massivement ses importations d'huile de palme", pointe également l'ONG Greenpeace. "Le premier fournisseur connu de Total à la Mède, Asian Agri, ne respecte pas ses engagements zéro déforestation", ajoute-t-elle. Greenpeace et Les Amis de la Terre ont déposé un recours en juillet 2018 au tribunal administratif de Marseille contre l'autorisation préfectorale du site. Ce recours est "toujours en cours", selon Greenpeace.