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Tara : en route pour 3 ans d'expédition

La goélette Tara a quitté Lorient samedi. Objectif : échantillonner les eaux autour du globe et mieux connaître les océans. Retour sur le départ d'une aventure scientifique qui s'inscrit déjà dans la lignée des grandes expéditions des siècles passés.

Eau  |    |  D. Ascher
   
Tara : en route pour 3 ans d'expédition
© D.Ascher
   
Vous allez perdre votre bateau… mais vous allez gagner un mythe, prévenait avec bienveillance Valérie Pécresse, à Agnès b. et Etienne Bourgois lors de la conférence de presse organisée le vendredi 4 septembre à la cité de la mer Eric Tabarly de Lorient. La Ministre de la Recherche et de l'Enseignement supérieur, venue visiter le bateau la veille de son départ, a annoncé une dotation supplémentaire d'1 million d'euros au profit de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité et les micro-organismes à laquelle Tara-Expéditions pourra adresser un projet. Car organiser un tel projet coûte cher, a fortiori lorsqu'il est financé par des fonds privés en tête desquelles ceux d'Agnès b. et de son fils Etienne Bourgois. 3.000.000 d'euros : c'est le budget bouclé au plus juste pour la première année et annoncé par Romain Troublé le coordinateur des opérations Tara.

L'expédition de tous les superlatifs

Cela faisait longtemps qu'une expédition scientifique, à l'exception notoire de celles menées dans le cadre de la conquête spatiale, n'avait eu autant de retentissement en France. Peut-être est-ce du fait que l'on connaît à peu près aussi mal les océans de la planète Terre que l'Espace qui l'entoure. Et c'est justement là l'objectif de Tara : mieux connaître les océans et leur biodiversité pour appréhender leurs rôles dans la régulation du climat. 150.000 kilomètres seront parcourus autour du globe en 3 ans pour prélever des échantillons d'eau, de quelques mètres sous la surface à plusieurs milliers de mètres, à raison de 12 heures de prélèvements en moyenne tous les deux jours : une tâche colossale que seul un navire de la taille de Tara peut entreprendre. Mobiliser un bateau traditionnel d'océanographie coûte 50.000 euros par jour, indique Eric Karsenti, chercheur au Laboratoire Européen de biologie moléculaire (EMBL) de Heidelberg (Allemagne) et directeur scientifique de l'expédition. Un coût colossal qu'il est inconcevable d'engager par la recherche publique sur une période aussi longue. Sur la goélette, les aménagements et les équipements ont été conçus spécifiquement pour le projet grâce aux partenaires financiers parmi lesquels figurent, outre Agnès b., le BIPE, le CNRS, l'agglomération Cap Lorient et les fondations Veolia Environnement et DiversiTerre d'EDF.

Par son ampleur, le projet Tara Océans a su convaincre. Outre le PNUE et l'EMBL qui figurent parmi les partenaires majeurs, l'expédition bénéficie de soutien scientifique de l'Agence Nationale pour la Recherche (ANR) de la région Bretagne, du Génoscope, de l'Université Pierre et Marie Curie et de l'Ifremer. De même, on aura rarement vu autant de Ministère et d'institutions associées, preuve de la transversalité des objectifs poursuivis : Marine Nationale, MEEDDM, Commission Européenne, Ministère des Affaires Etrangères et Européennes, Douanes françaises, Ministère de la Recherche, Secrétariat d'Etat à l'Outre Mer…

Médiatiquement, le projet n'est pas en reste car la mission consiste aussi à sensibiliser le public et les plus jeunes. Alors qu'un journal traduit en français, anglais et chinois sera édité gratuitement par Tara-Expéditions, le site Internet de l'expédition suivra en permanence le bateau qui embarque des correspondants dédiés à la communication écrite et multimédia (films, photos etc…). Cet effort tout particulier de communication sera relayé tout au long de l'expédition par des partenaires médias à forte audience, au premier rang desquels figurent l'émission de télé et la chaîne Thalassa, le journal Metro, l'Agence France Presse (AFP), la radio France Info et enfin Actu-Environnement.com.

Fort de ses partenariats média, l'expédition Tara Océans a trouvé un écho dans la presse. Articles de presse régionale ou nationale, sites Web, radios et télés ont relayé le grand événement constitué par le départ. Plus de 5.000 personnes ont ainsi assisté au largage des amarres du bateau le samedi 5 septembre à midi. La veille au soir, l'émission Thalassa dédiée, a réuni 2,2 millions de téléspectateurs selon Médiamétrie.

Un pari pour l'avenir

Après une soirée de festivités, la goélette a donc hissé les voiles entourées de plusieurs dizaines d'embarcations comme le veut la tradition bretonne. Direction : Lisbonne au Portugal. D'ici là, des échantillons d'eau de mer commenceront à être prélevés. Au cours de l'expédition, les prélèvements filtrés et conservés sur membrane seront expédiés en labo, (notamment à l'EMBL et au centre Ifremer de Roscoff) à chaque escale pour y enrichir une bio-banque qui sera analysée tout au long des années à venir. Il y a une vie microscopique extrêmement riche sous les eaux, expliquait il y a peu Eric Karsenti à Actu-Environnement. Le plancton constitue 98 % de la biomasse de la mer. Il a un rôle primordial : il absorbe le CO2 et produit 50 % de l'oxygène. Mais, si beaucoup de bateaux scientifiques parcourent les océans pour connaître la physique et la chimie des mers, très peu travaillent sur les écosystèmes. Notre objectif est d'établir une carte, à l'échelle mondiale, des écosystèmes planctoniques et d'avoir une vision globale de la vie des océans. […] Cela nous permettra également de constater les évolutions liées au changement climatique et à l'acidification des océans. En comparant les zones, on pourra voir comment certaines espèces ont évolué selon le contexte dans lequel elles se situent. Cela nous permettra d'établir des scénarios sur les évolutions futures des écosystèmes océaniques.
L'expédition scientifique devrait également étudier les coraux, très sensibles au changement climatique et très riches pour la biodiversité marine. Huit récifs coralliens, dont certains encore vierges, devraient être approchés par Tara et ses scientifiques au cours du voyage.
Enfin, le Génoscope apportera un soutien incontournable pour décrypter les génomes des espèces prélevées. Un intérêt scientifique qui se double ainsi d'un pari pour l'avenir car nombre des découvertes qui seront effectuées sur les micro-organismes pourront trouver usage dans l'industrie des biotechnologies et contribuer ainsi à réduire le recours à la chimie issue du pétrole.

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