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Actu-Environnement

“La conception du projet Desertec me gêne”

Faible association des pays du Nord de l'Afrique, multitude d'obstacles techniques, surcoût économique… Destiné à valoriser et exporter l'énergie solaire du Sahara, le projet Desertec n'est pas des plus pertinents selon Maïté Jauréguy-Naudin, coordinatrice du programme Energie à l'Institut français des relations internationales (Ifri).

Interview  |  Energie  |    |  V. Roux-Goeken
   
“La conception du projet Desertec me gêne”
Maïté Jauréguy-Naudin
Coordinatrice du programme Energie à l'Ifri
   
L'Algérie aurait récemment annoncé son intention de quitter le projet Desertec. Cette décision est-elle de nature à le remettre en cause ?

Même si elle est à confirmer, cette information montre que les pays du Maghreb sont mal intégrés dans les discussions en cours sur le projet Desertec. A l'origine, ils n'ont même pas du tout ou peu été consultés. De ce point de vue, le projet Transgreen me paraît plus équilibré. Il fait partie du Plan solaire méditerranéen, et s'inscrit donc dans un projet politique.

Pourquoi le projet Desertec ne vous semble-t-il pas ''équilibré'' ?

La conception du projet me gêne. D'abord, parce qu'un projet de développement des énergies ne peut s'inscrire uniquement ou presque dans une perspective d'exportation. L'électricité produite doit bénéficier en grande partie aux pays qui la produisent et qui en ont besoin. D'un autre côté il est plus rentable de vendre de l'électricité en Europe qu'en Afrique du Nord. La difficulté consiste à trouver un équilibre qui permette d'espérer la rentabilité d'un tel projet à long terme sans négliger les besoins des populations d'Afrique du Nord.
75% à 80% de l'électricité produite par Desertec sont destinés à l'Union européenne à l'horizon 2050. C'est 25% dans le cadre du projet Transgreen.

Ensuite parce les besoins de financement de Desertec sont estimés à 400 milliards d'euros. Cela décourage d'emblée les petites entreprises et les pays les moins avancés à participer de manière significative à ce projet. D'autant que du côté de l'Union européenne, on ne sait toujours pas comment financer ce projet.

Faut-il voir une forme de néocolonialisme dans ces projets qui visent à acheminer de l'électricité en Europe ?

Non, ce mot me paraît trop fort. Mais pour développer ces projets, il faut que l'Afrique du Nord y trouve un intérêt et qu'elle s'en approprie les objectifs. Qui sera propriétaire de ces installations ? Comment assurer la rentabilité d'un tel projet pour les investisseurs privés ? Un transfert de technologie est-il prévu vers ces populations ? Enfin, l'on sait déjà que dans les années à venir, la grande majorité de la hausse de la consommation d'électricité aura lieu dans les pays du Sud.

Alors que nous peinons en Europe à améliorer le réseau électrique pour pouvoir pleinement utiliser le potentiel des nouvelles énergies renouvelables, il faudrait que les pays du Maghreb et du Machrek [est de l'Afrique du Nord et péninsule arabique] s'entendent pour renforcer les interconnections existantes et en développer d'autres indispensables. Sans compter qu'il y a un double paradoxe. Alors qu'un des avantages des énergies renouvelables consiste à les développer ''domestiquement'' contribuant en cela aux impératifs de sécurité énergétique, il est ici question de concentrer des moyens de production dans des pays qui ne sont pas sans problèmes géopolitiques (Sahara occidental, Lybie…) Ensuite, le niveau relativement faible de développement des réseaux électriques dans ces pays pourrait les autoriser au contraire à recourir au potentiel des énergies renouvelables décentralisées. C'est un peu contradictoire.

Que pensez-vous de la faisabilité technique du projet ?

Nous n'avons que peu de retour d'expérience. Le Congressional research service (CRS), organisme de recherche du Congrès américain, a publié en juin 2009 un rapport s'inquiétant des besoins en eau des centrales solaires à concentration installées dans le sud-ouest des Etats-Unis. C'est cette technologie qui doit être utilisée dans le cadre de Desertec. Si l'arbitrage des ressources en eau se pose aux Etats-Unis, il sera d'autant plus crucial dans le Sahara. Certes, des améliorations limitant l'usage de l'eau existent mais au détriment du rendement électrique.

Sans parler de la capacité de résistance de ces installations en environnement hostile : qui sera en charge de leur entretien, leur maintenance ? Que faire en cas de tempêtes de sable ?

Ensuite, construire de nouvelles capacités n'a de sens que si l'on peut acheminer l'électricité produite. Or, il n'existe qu'une seule interconnexion entre le Maroc et l'Espagne. D'autres interconnexions sud-nord sont à construire, vers l'Italie, vers l'Espagne… Il faut ensuite que ce nouvel apport d'électricité soit transportable au sein de l'Union européenne. Or, nous bloquons déjà sur ce point. Les Espagnols doivent régulièrement couper leur production éolienne faute de débouchés sur le réseau. L'an passé, 10% de l'énergie éolienne italienne n'a pu être utilisée car le réseau n'était pas en mesure de l'absorber. Je rappelle que nous avons mis douze années pour doubler la capacité d'interconnexion entre la France et l'Espagne. Le projet initial a été profondément modifié et déplacé des Pyrénées Atlantiques vers les Pyrénées Orientales pour permettre l'enfouissement de la ligne. Cela a entrainé une augmentation de coût et des retards importants. Pour l'anecdote, le bulletin officiel indique que le gouvernement français s'engage à ne plus entreprendre de tels projets dans cette région ce qui laisse présager des futures complications lorsqu'il s'agira d'enterrer des lignes haute-tension dans des régions montagneuses.

Le problème n'est pas seulement technique, mais aussi réglementaire, et d'acceptation.

Vous pensez que l'opinion publique ne suivra pas ?

D'un côté, l'opinion publique est sensible à la protection de l'environnement et très favorable au développement des énergies renouvelables. Les politiciens surfent du reste sur l'engouement pour ces nouvelles formes d'énergie. Mais le soutien pour les énergies vertes a un coût qui ne manquera pas de peser sur le consommateur européen. L'électricité danoise et allemande sont parmi les plus chères d'Europe.

Le soutien de ces grands projets ne fera qu'ajouter au fardeau européen. Les tarifs d'achat pour le photovoltaïque, l'éolien onshore et offshore mis en place dans l'Union européenne sont déjà largement supérieurs aux prix de marché. Un tarif d'achat ''Desertec'' serait forcément encore supérieur… Il me semble qu'il y a mieux à faire d'un point de vue économique et climatique en mettant l'accent en Europe sur la maîtrise de la demande et l'amélioration de l'efficacité énergétique - pensez à ce qui pourrait être entrepris en matière d'économies d'énergie, sur le sol européen, avec 400 milliards d'euros !

Votre opinion est-elle isolée ?

De nombreux chercheurs et industriels sont sceptiques quant à la faisabilité et à l'efficacité de ce projet. Il semble que Desertec relève davantage de la stratégie industrielle que de la politique climatique. On peut espérer cependant que l'effet d'annonce entraîne la réalisation de petits projets, même si in fine ils ne sont pas à la hauteur des objectifs avancés.

Etonnamment, Desertec n'apparaissait pas dans un projet du plan d'orientation énergétique que doit prochainement publier le gouvernement allemand. Après l'avoir soutenu, il semble que le gouvernement allemand ne souhaite pas recourir à des tarifs d'achat pour aider au développement du projet.

Réactions33 réactions à cet article

Le moindre mal est-il un bien ?

Très bon article, bien renseigné et structuré.

Il est certain que le projet Desertec n'est pas sans problème, qu'il coûte cher et demande une coopération accrue entre bien des pays.

Maintenant, étant donné que ce projet est en stade de pré-étude, qu'il est prévu d'aboutir en 2050 et que l'énergie solaire en Afrique du Nord ne représente pas la totalité de la production attendue, il m'apparaît nécessaire de remettre en perspective cette analyse.

La double nécessité de lutter contre la raréfaction des énergies fossiles et le réchauffement climatique me fait penser que les problèmes que vous mentionnez, bien qu'étant fondés et préoccupants, me paraissent assez anodins en comparaison de ceux que l'on pourrait attendre en continuant "as usual".

Si Desertec est incertain, Transgreen l'est encore plus.
À propos, pourquoi les 2 projets ne pourraient t'il pas coopérer?
Les infrastructures requises sont égales ou complémentaires, et les entreprises partenaires sont bien souvent les mêmes.

Eric Duminil | 29 septembre 2010 à 20h29 Signaler un contenu inapproprié
Et pourtant...

les deux projets cités dans cet article, Transgreen et Desertec ont bien les mêmes enjeux et intérêts.
Transgreen est simplement plus "français", moins "allemand" et un peu plus modeste que son cousin Désertec.
Une erreur, le CSP n'est pas la seule technologie envisagée.
Si les deux projets sont encore à leurs débuts, de nombreuses incertitudes planent sur eux, ils ne sont pas forcément en concurrence avec d'un côté un bon petit projet Made in France, gentil pour les pays du Sud, et de l'autre, un gros ogre vilain du voisin Allemand.

Neutralité | 29 septembre 2010 à 23h36 Signaler un contenu inapproprié
Excellente analyse

Ce fut mon discours dans le cadre de TREC France, dans celui d'ESTELA et face aux autorités des pays du Sud.

Jack | 30 septembre 2010 à 08h30 Signaler un contenu inapproprié
Pousser la réflexion!!

Merci pour cet exposé très clair. Il faut pousser la réflexion et poser les questions fondamentales: pourquoi consomme-t-on de l'énergie, sous quelle forme, qui maitrise tout cela.
Il est évident que plus un système est centralisé plus il est contrôlable: vous voyez ce que je veux dire, le consommateur est squeezé! donc à la merci de celui qui a le tuyau et surtout le compteur (cf Linky). Ces deux grands projets sont à la mesure des grandes sociétés qui les construiront et les exploiterons.
Une production décentralisée (locale) et toute cette machine à faire de l'argent s'écroule.
Autre question: 10% de l'électricité invendable car pas injectable sur le réseau. Au lieu d'imaginer des solutions pour 2050 basées sur l'état actuel de la technologie, ne serait-il pas possible de réfléchir aux solutions de 2050: savoir stocker d'importantes quantités d'énergie sur 12 h ou 24 h bouleverserait notre système actuel, précisément en couvrant le décalage entre production et consommation. Tout le monde postule que l'électricité ne se stocke pas. Postulons que c'est faux et trouvons les solutions, d'ici 2050 c'est possible, bien des chimistes vous le diront.

Gugu | 30 septembre 2010 à 09h18 Signaler un contenu inapproprié
Efficacité énergétique d'abord !

Encore et toujours une erreur dans les priorités: L’énergie la moins coûteuse et la plus propre est celle qui n'est pas consommée !
Des réductions drastiques des besoins énergétiques des plus gros consommateurs doivent être réalisées, à moindre budget, avant d'envisager une sur-production d'électricité "renouvelable". Il semblerait que ces 2 projets comptent encore sur le mirage de l'abondance énergétique sur lequel nous avons misés il y a bien longtemps et qui nous mène aujourd'hui dans le mur.
Etape n°1 = Sensibilisation + sobriété énergétique. Voici le seul vrai chantier à mener sur le cours terme !

solvin | 30 septembre 2010 à 09h37 Signaler un contenu inapproprié
faisabilité Desertec

D'abord, pour pouvoir utiliser du solaire thermique, cad,produire de la vapeur, il faut de l'eau comme fluide caloporteur. Ou est elle dans le désert? Encore un projet farfelu.

Reyne | 30 septembre 2010 à 10h11 Signaler un contenu inapproprié
Electricite par des moteurs magnetiques

Bonjour
« « « Il me semble qu'il y a mieux à faire d'un point de vue économique et climatique en mettant l'accent en Europe sur la maîtrise de la demande et l'amélioration de l'efficacité énergétique - pensez à ce qui pourrait être entrepris en matière d'économies d'énergie, sur le sol européen, avec 400 milliards d'euros !>>>>

Je reprend votre analyse qui me plait bien car pleine de bon sens, si nous mettions plutôt cet argent dans l’étude des moteurs magnétiques (par exemple) pour faire seulement de l’électricité, pas de pollution, pas d’achat de combustible ,cout du KW plus bas que les photovoltaïques, éoliennes et même centrales .


Des solutions simples et moins couteuses existent dans les cartons, mais tant que le pétrole existera, rien ne sera fait, en vérité toutes ces recherches ne sont que poudre aux yeux pour nous faire patienter et payer des taxes et encore des taxes, le bien être des petits consommateurs n’est pas une priorité et encore moins les solutions contre les pollutions.
Jacky de bordeaux

jtitus1 | 30 septembre 2010 à 10h11 Signaler un contenu inapproprié
Re:Et pourtant...

merci, je voulais dire la meme chose!

je voudrais preciser que Desertec fait aussi partie du Plan Solaire Mediterraneen et que certaines entreprises font partie et de Desertec et de Transgreen

pour moi cet article ne sert qu a creer une polemique la ou il n y en a pas (en d autres termes "faire des histoires"), il est bourre d inexactitudes et meme de faits qui sont faux !!

lilarot6 | 30 septembre 2010 à 10h25 Signaler un contenu inapproprié
Une analyse bien franco-française

Pour reprendre ce qui a été dit juste au dessus, en effet si desertec est incertain qu'en est il de Transgreen. C'est un projet sorti d'un chapeau car encore une fois la France c'est rendu compte qu'elle était à la traine sur les grands projets industriels, donc nous avons bricolé un "machin" pour ne pas perdre la face.

Sur la faisabilité technique les références utilisées sont intéressantes...La France n'a aucune compétences industrielles sur le solaire thermique à concentration par contre l'Allemagne est leader dans le domaine.

Dans le même esprit nous sommes nous français très retissant sur l'installation des éoliennes, car il parait que c'est nuisible pour l'être humain, il n'y a pas ce genre de problème en Allemagne ou en Espagne.

Ce que je veux démontrer c'est que comme à chaque fois en matière d'innovation énergétique et cela parce que nous avons le fameux nucléaire en France nous sommes extrêmement frileux et très en retard sur les nouveaux modes de productions d'énergies. Et malheureusement cet article n'est que le reflet de cette vision biaisée de ce qu'est un projet utilisant des EnR. Les années de mensonges d'états sur le nucléaire ont bien fait leur effets.

Guillaume B | 30 septembre 2010 à 11h24 Signaler un contenu inapproprié
Bon article

Desertec ne manque pas d'intérêt, en tous les cas les interconnexions, le manque d'eau et le fait que la plupart de l'énergie part en Europe est effectivement bien dommage à moins de retribuer grassement les etats sous conditions de projets d'EnR ou d'économie d'Energie chez eux, je vois pas pourquoi ils n'auraient pas droit à plus !

Kent | 30 septembre 2010 à 11h47 Signaler un contenu inapproprié
Tres bonne analyse

Clair, bien structuré faisant appel à des realités et pas a l'ideologie, c'est une excellente analyse.
Au lieu de prévoir des grands projets de ce genre qui demandent des moyens d'interconnexions a grande distance très coûteux et apportent peu aux pays africains ne serait il pas plus judicieux de prevoir des programmes d'économie d'énergie qui dans nos pays sont les moyens les moins couteux et les plus rapides pour diminuer les emissions de gaz a effet de serre.

Jean-Marie | 30 septembre 2010 à 11h58 Signaler un contenu inapproprié
Le capital

L'intérêt de projets aussi mégalomanes est le besoin de capitaux énormes que peuvent seuls avancer les grands groupes financiers.
Certes, avec la même somme, il est possible de faire bien plus d'économies d'énergie (ou de produire des énergie alternatives, mais c'est déjà plus cher) mais cela à l'inconvénient (pour certains)d'être décentralisé et donc d'être finançable pas ceux à qui l'économie ou l'énergie est destinée. Vu les masses énormes de capitaux inutilisées depuis la crise financière, les grands investisseurs doivent trouver de nouveaux moyens de rentabiliser leur capitaux.
Apparemment, le nucléaire autre investissement capitalistique, ne suffit plus...

Alain | 30 septembre 2010 à 13h49 Signaler un contenu inapproprié
quelques nuances

Bien sûr, cet article pose des questions pertinentes. Mais les questions posées ici pourraient l'être de façon beaucoup plus pertinente en ce qui concerne, par exemple, l'exploitation des mines d'uranium au Niger : quelle contrepartie à cette exploitation pour les populations locales ? quel bénéfice pour elles ? que vont devenir les sites miniers en fin de vie ? quelle vision à long terme ?
Enfin, il faut rappeler le caractère radicalement différent du projet desertec puisqu'il fait appel à une énergie renouvelable : parler de prix, dans ces conditions, n'a pas beaucoup de sens aujourd'hui. Quand le baril de pétrole aura atteint un prix exorbitant, on s'inquiétera beaucoup moins du coût du solaire et l'éolien. Dans ce domaine, les analyses économiques sont à manier avec beaucoup de précautions.

phicelle | 30 septembre 2010 à 14h52 Signaler un contenu inapproprié
technologie prévue pour DESERTEC une aberation

Pomper l'eau avec plus de 50 l/s la porter à ebulition 400° produire de la vapeur qui actionnera les turbines de production electrique.
Eu niveau de ces zones caractérisées par l'existence d'une nappe d'eau continental intercalaire ou albien au renouvellement aléatoire ainsi pour faire plaisir européens nostalgiques des anciennes colonies on détruira une nappe fossile pour presever une autre celle des hydrocarbures aussi notre experience an tant qu'algerien nous amene à opter aux centrales hybrides gaz solaire qui donneront une plue value au gaz voir centrale de hassi r'mel

ALGERIEN | 30 septembre 2010 à 15h38 Signaler un contenu inapproprié
Re:Une analyse bien franco-française

exact il suffit simplement se demander " a qui profite le non développement de l'Energie autres que le nucléaire ? observer simplement le rachat du courant d'origine photovoltaïque.... et vous avez la ou les réponses.

OURS KODIAC | 30 septembre 2010 à 19h20 Signaler un contenu inapproprié
Re:Electricite par des moteurs magnetiques

au moins quelqu'un de réaliste et averti concernant cette technologie

OURS KODIAC | 30 septembre 2010 à 19h26 Signaler un contenu inapproprié
Une nécessité pour l'Allemagne?

Comme l'objectif allemand est de pousser sur l'éolien en remplacement à terme de leur nucléaire, il faut penser à l'appoint en l'absence de vent. Compter sur le solaire saharien n'est ce pas la motivation profonde de notre voisin?

André | 30 septembre 2010 à 19h27 Signaler un contenu inapproprié
Re:Le moindre mal est-il un bien ?

J'ai lu cet article qui met en balance les avantages et inconvénients de ce projet.
Mais je m'interroge. Ne serait il pas plus efficace de réduire les pertes de puissance sur les réseaux électriques en Europe, plutôt que de toujours plus produire du KWH?
De plus, j'apprends que l'électricité éolienne est perdue à hauteur de 10% de sa production : ici, la question est celle du stockage (batteries,..). Ne peut on pas la transformer dans une autre énergie qui elle est stockable? Exemple : utiliser l'énergie produite pour alimenter de vastes barrages à turbines qui alimenteront en électricité les réseaux quand les besoins sont là. On pourrait brancher les installations photovoltaiques et éoliens qui fonctionnent le jour pour servir une consommation électrique qui est forte le soir dans les usages domestiques.
Autre question : Pourquoi Desertec utilise t'il du solaire thermique au lieu du photovoltaïque?

Fox | 01 octobre 2010 à 11h13 Signaler un contenu inapproprié
Re:technologie prévue pour DESERTEC une aberation

Bonjour ,
>>Pomper l'eau avec plus de 50 l/s la porter à ébullition 400° produire de la vapeur qui actionnera les turbines de production électrique.>>c'est vraiment une aberration.
Comme d’habitude, le choix se fera sur le plus compliqué et le plus cher, je croyais que l’eau devenait une denrée RARE.
Mais les solutions simples n’intéressent personnes surtout si cela touche le roi pétrole.

jtitus1 | 01 octobre 2010 à 11h19 Signaler un contenu inapproprié
Re:Pousser la réflexion!!

Oui, le stockage est possible, voir l'évolution de la technologie pour les voitures électriques.
Transporter l'électricité coute cher (création de ligne longue distance et pertes importantes lors du transport)
Il est donc préférable de produire et de consommer localement au lieu de créer de centrales nucléaires ou thermiques de grande capacités qui lors d'un incident, accident, conditions météo défavorables ou acte de terrorisme risquent de mettre à plat tout le système. L'avenir dans le monde c'est la décentralisation avec de petites unités de production utilisant les sources d'énergie renouvelables

mauric | 02 octobre 2010 à 23h51 Signaler un contenu inapproprié
Réponse de la Fondation DESERTEC et Dii

Nous avons pris connaissance de votre interview publiée sur Actu-environnement.com le 29 septembre 2010.
Un certain nombre de points nous paraissent incorrects et vous souhaiterions vous en faire part en toute cordialité et dans un esprit d’ouverture :

1) Desertec est une vision et pas un projet.

La Fondation DESERTEC élabore cette vision d’ »énergie propre venu des déserts » et l’enrichie tous les jours. Les objectifs de la Fondation s’inscrivent dans le long terme et pour répondre à des enjeux pour l’avenir de la planète et des générations futures. www.desertec.org

La Dii a été créé pour transformer cette vision en réalité. Elle regroupe aujourd’hui 19 sociétés actionnaires et 26 sociétés partenaires. www.dii-eumena.com
La mission de la Dii consiste à rendre possible la réalisation de la vision Desertec dans le but de fournir aux pays de la région MENA et à l’Europe de l’électricité produite à partir des sources d’énergie solaire et éolienne. L’objectif à long terme est à la fois de satisfaire en partenariat avec les gouvernements concernés une part substantielle des besoins en électricité des pays de la zone MENA et de répondre à hauteur d’environ 15 % à la demande d'électricité de l'Europe d'ici à 2050.

Les principaux objectifs sont :
• d'analyser et de mettre au point un cadre technique, économique, politique et réglementaire destiné à encourager des investissements réalisables dans les énergies renouvelables et les réseaux interconnectés ;
• de créer des projets de première référence pour prouver la faisabilité du concept ; en particuliers de démontrer que les coûts liés au CSP, éolien et photovoltaïque peuvent être diminués de façon substantielle ;
• de développer un plan d’exploitation à long terme jusqu’en 2050 offrant des points de repère en matière d’investissement et de financement ouvert aux acteurs locaux et des marchés internationaux;
• de réaliser des études détaillées sur des questions spécifiques, relatives à l’implantation par exemple, des développements techniques ou des conditions spécifiques afin d’apporter des réponses aux questions centrales qui se poseront.


2) Ces précisions importantes étant faites, nous souhaitons vous répondre sur différents points concernant votre interview:
a. La Dii collabore de façon très étroite et très amicale avec le MSP pour le cadre politique et Transgreen pour les aspects de transmission.
b. L’Algérie n’a pas annoncé quoi que ce soit à notre connaissance. Nous avons vu des articles étranges dans la presse sur ce sujet. Rien aujourd’hui ne nous fait penser que ces allégations puissent être vraies. Cévital, une des plus grandes sociétés privées algériennes, fait partie par ailleurs de la Dii.
c. Les gouvernements ou leurs représentants du Maroc, Algérie, Tunisie, Lybie, Egypte, Turquie, Abu Dhabi ont été visités ou rencontrés à diverses occasions. Les contacts été très amicaux et toujours dans une compréhension mutuelle des besoins de chaque pays et des propositions de la Dii. Nous avons toujours apprécié les questions et critiques constructives de tous. Il est normal et légitime d’y répondre. Cela prend du temps et chacun peut le comprendre.
d. Le projet ne s’inscrit pas du tout dans une perspective unique d’exportation, pas pour ce qui nous concerne. L’électricité bénéficiera en premier lieu et pour sa plus large part à la consommation locale et pour une première bonne raison puisse qu’il sera injecté dans les réseaux des pays producteurs. L’exportation reste un point important puisqu’il générera des revenus pour ces pays en retour de cette énergie exportée. Cela génère plutôt une situation gagnant-gagnant pour les parties impliquées, incluant les aspects socio-économiques du transfert de savoir-faire, industrialisation, de la stabilité des prix …
e. Le coût du projet de 400 milliards d’€ reste une donnée qui n’a jamais été évoquée par la Dii et semble le fruit de cercles journalistiques. Nous nous attendons à ce que les développements à long terme se fassent pas à pas et de diverses façons , directement et de préférence par les pays, par des dispositions bilatérales ou par des consortiums locaux suivant les besoins et circonstances.
f. La problématique des réseaux n’est une surprise pour personne. La Dii la connait et collabore de façon très étroite avec nos amis de Transgreen et ENTSO-E.
g. Les technologies envisagées sont l’éolien, le photovoltaïque, le solaire concentré, les transmissions par courant continu. La Dii en fait la promotion sans préférence particulière. Ces technologies sont connues et ont déjà fait leur preuve partout dans le monde.
h. Les techniques de refroidissement (solaire concentré) sont également connues et en fonctionnement qu'elles soient par eau ou par air. Ce point n’est pas bloquant.
i. Les acteurs de la recherche et du monde industriel soutiennent et participent activement aux développements de ces technologies. SolarPaces 2010 à Perpignan a regroupé plus de 900 chercheurs et industriels du monde entier. Faites la somme des industriels impliqués dans Dii et Transgreen, vous trouverez la quasi-totalité des acteurs du monde de l’énergie en Europe. ONE (Maroc) vient de rejoindre Transgreen, la STEG (Tunisie) vient de rejoindre la Dii … Les pays de la rive sud de la Méditerranée ne sont pas en reste.
j. Desertec fait partie du plan d’orientation énergétique allemand.

Nous restons à votre disposition pour répondre à vos questions dans un esprit d’ouverture et avec un souci de compréhension mutuelle.

Très cordialement
Paul van Son
Francis Petitjean

francis135 | 04 octobre 2010 à 19h18 Signaler un contenu inapproprié
Re:Bon article

Voir réponse ci-dessous : réponse de la Fondation DESERTEC et Dii.

francis135 | 04 octobre 2010 à 19h21 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:Le moindre mal est-il un bien ?

Bonsoir,
Nous venons de répondre à cet article.
La réponse est ci-dessus.
Desertec ne prône pas une technologie plus qu'une autre.
Vous soulevez vous-même le point essentiel entre ces deux technologie qui est le stockage. Aujourd'hui , nous savons stocker la chaleur ...pas l'électricité à ces niveaux de production. Les batteries restent chères et à durée de vie limitées ...sans parler de leur recyclage. La chaleur est stocké sous forme de sels fondus et si on prend l'exemple espagnol des centrales d'Andasol ,on stocke pour produire pendant 6 à 7 heures ...la nuit.

francis135 | 05 octobre 2010 à 21h19 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:Pousser la réflexion!!

L'avenir est un mix des deux : décentralisé et centralisé.
Les pertes par HVDC sont faibles sur de longues distances.

francis135 | 05 octobre 2010 à 21h27 Signaler un contenu inapproprié
PENSER ET FAIRE IL Y A DE LA MARGE

Le projet et grandiose ,mais les cols blancs font toujours des projets grandioses .L'un d'eux a t'il un jour penser que dans tous ces pays d'Afrique du nord il y a une instabilité politique énorme ,que l'on ne sait jamais qui vas faire chuter l'autre .Des projets aussi pharaoniques sont des miroirs énormes pour les attentats ,les demandes de rançons .....Mais il est vrai que ces grands enfants on besoin de rêver à combien peut ce monter le bas de laine que l'ont peut faire sur le dos de ces pays .
Au fait les grands dadais de l'électricité ont il régler le problème du laminage des parois des panneaux solaire lors des tempêtes de sables ???????

electrica 66 | 05 octobre 2010 à 23h35 Signaler un contenu inapproprié
Re:Réponse de la Fondation DESERTEC et Dii

Il convient en effet de distinguer Desertec Fondation, lancée en 2008 et dont la communication s’appuyait alors sur les ordres de grandeur que j’avance dans cette interview, et Desertec Initiative, établie en 2009, qui entend transformer en projet une vision intéressante, l’objectif étant d’introduire dans le bouquet électrique européen des énergies renouvelables provenant du Sahara à hauteur de 15% de la demande d’électricité de l’Europe d’ici 2050. C’est un objectif ambitieux qui représente de grandes quantités d’électricité à transporter du sud vers le nord et je serais du reste très intéressée de connaître votre estimation quant à ce que cela représenterait en termes de quantités exportées pour les pays concernés.
Je ne mets pas en doute le potentiel solaire de la région MENA. Néanmoins, l’UE doit introduire des sources d’énergie faiblement émettrices dans son bouquet électrique, mais elle doit le faire de manière cohérente et en tenant compte de l’ensemble des coûts et des prix de l’énergie livrée au consommateur (et notamment des investissements dans les interconnections nécessaires à l’intégration des énergies renouvelables intermittentes dans le réseau électrique européen). De ce point de vue, ce type de projet bien qu’intéressant ne m’apparaît pas comme prioritaire pour l’UE au regard d’autres chantiers qu’elle doit entreprendre, au premier desquels l’amélioration du réseau.
Pour les pays de la région MENA, les questions soulevées par le Ministre Algérien de l’Energie et des Mines (questions portant sur le prix de l’électricité, la souveraineté des installations, la production locale, l’ouverture du marché européen, le transfert de technologie) sont significatives des problèmes qu’il faudra résoudre pays par pays. Par ailleurs ce type de projet est-il le meilleur moyen de développer les énergies renouvelables dans ces pays alors que des plans stratégiques nationaux sont déjà en place, par exemple au Maroc ?
Sur le choix des technologies, le CSP est une des technologies sur lesquelles Desertec doit s’appuyer (au vu de la carte couramment présentée, elle semble tout de même constituer une partie importante des projets). Je ne pense pas que l’on puisse s’affranchir de l’arbitrage sur les ressources en eau douce que l’emploi de cette technologie engendrera. Le photovoltaïque est encore en phase de maturation technologique. Pourquoi les coûts baisseraient-ils de manière plus significative dans le Sahara qu’en Espagne, Grèce ou Italie? Je suis tout à fait intéressée par des études de calcul de rentabilité économique qui compareraient le coût de déploiement de ces énergies dans le nord du Sahara et dans le sud de l’Europe.
Il va de soi également que Transgreen et DII semblent complémentaires à bien des égards.
Je vous remercie grandement d’avoir pris le temps de répondre à cet entretien et serai très heureuse de continuer à échanger sur ces sujets avec vous.

Maïté Jauréguy-Naudin / Ifri

Maïté Jauréguy-Naudin / Ifri | 06 octobre 2010 à 15h01 Signaler un contenu inapproprié
Re:Le capital

Pas si facile en fait de motiver les investisseurs pour des projets en energies renouvelables sur des technologies qu ils ne connaissent pas encore bien..

Les economies d energie, seules, ne suffiront pas.

La population dans le bassin mediterraneen augmente rapidement, le niveau de vie des populations de la rime du sud egalement et donc leurs besoins energetiques avec.

Il y a deux choses a changer dans la maniere de penser l energie du futur, l une que vous citez est l importance de la decentralisation, l autre est le mix energetique.

L avenir se trouve dans la complementarite, pas dans l opposition.

lilarot6 | 07 octobre 2010 à 10h52 Signaler un contenu inapproprié
Re:Tres bonne analyse

Parce que les deux en meme ce n est pas possible ? et souhaitable pour tous.. ?

il y a toujours les bons et les mechants ? le bien et le mal ? le monde est-il binaire ?

lilarot6 | 07 octobre 2010 à 10h55 Signaler un contenu inapproprié
Re:PENSER ET FAIRE IL Y A DE LA MARGE

Je pense qu il est important de toujours savoir avec quoi on compare.

Si vous comparez avec l eclairage a la bougie, vous avez peut-etre raison, mais il est certainement plus judicieux de comparer avec la situation energetique actuelle (a forte predominance nucleaire) en prenant en compte les besoins energetiques (en augmentation constante parce que la population augmente fortement dans la region MENA).

Pensez vous que priver ces pays d augmenter leur production d energie et donc leur niveau de vie aiderait a leur stabilite ? a la reduction du terrorisme ?

lilarot6 | 07 octobre 2010 à 11h04 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:PENSER ET FAIRE IL Y A DE LA MARGE

Vous posez la vraie question. Laisser ces pays sans chance de développement, l'énergie étant une condition cruciale , est tout simplement un risque bien supérieur. Peut être le titre précurseur devrait conduire l'auteur ,en effet, à penser avant de faire ce type de réponse.

francis 135 | 08 octobre 2010 à 00h04 Signaler un contenu inapproprié
Re:quelques nuances

j'apprécie votre commentaire.
Dans l'investissement d'une ferme solaire, l'investissement est plus fort au départ et ne reste ensuite que des coûts de maintenance.
Pour les énergies fossiles ou nucléaire, le coût à venir du pétrole ou uranium n'est pris jamais pris en compte à son vrai prix. Je ne compte pas non plus les coûts de démantèlement.
Les comparaisons de coût actuelles n'ont pas de sens.

francis 135 | 09 octobre 2010 à 19h22 Signaler un contenu inapproprié

moi d'algerie je dis aider votre prochain.Au lieu de penser qu'a aider ces pays pauvres africains en leur procurant un peu de cet energie africaine que vous vouler vous accaparer;vos enfants n'ont pas autant besoin de cette energie que les petits noirs(sous etre) de l'AFRIQUE

moh-ben | 29 novembre 2010 à 10h15 Signaler un contenu inapproprié

quels les avantages de ce projet vraiment à Tunis?

chaima | 16 mars 2014 à 14h56 Signaler un contenu inapproprié

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