Pour l'instant, les bus à hydrogène se développent difficilement. Les constructeurs ne sont pas convaincus et les coûts sont encore trop élevés. Conséquence : la filière a pris du retard sur sa feuille de route. Il devient urgent de concrétiser le potentiel du secteur, prévient Fuel Cells and Hydrogen Joint Undertaking (FCH-JU) qui dresse un état des lieux de l'avancement des projets portés par les cinq partenariats publics-privés européens. Le secteur joue sa crédibilité et craint de voir retomber l'intérêt naissant si les projets ne se multiplient pas rapidement.
Attentisme des fabricants de bus
L'étude dénombre plusieurs freins pour justifier le retard pris. Tout d'abord, la réponse des fabricants de bus est "globalement décevante". Pour l'instant, les appels d'offres portant sur plusieurs dizaines d'unités ne sont pas au rendez-vous. Le bus hydrogène reste donc au stade des prototypes. "Comme certains fabricants ont annoncé que les bus à pile à combustible ne seront pas disponibles avant 2020, la preuve d'une demande croissante doit encore être faite pour sauvegarder leur développement", résume l'étude. A ce stade, les acteurs du secteur espèrent des ruptures technologiques à l'image de ce qu'il se passe actuellement en Asie avec le développement des bus électriques à batterie.
Sur le plan économique, l'équation reste compliquée. Un bus à hydrogène coûte 600 à 650.000 euros et est subventionné par l'Europe à hauteur de 100 à 150.000 euros. Il reste donc environ 450.000 euros à couvrir par des sources nationales et locales. Ces niveaux ne sont pas compatibles avec "des offres commerciales acceptables pour un large éventail de clients", c'est-à-dire des offres comparables à celles des autres solutions "zéro émission". D'autant que le coût de l'hydrogène à petite échelle reste "problématique". "Il est important que les acteurs de l'approvisionnement en hydrogène reconnaissent que l'industrie du bus aura besoin d'hydrogène à faible coût pour être compétitive", prévient l'étude. Elle juge que le "niveau maximum acceptable" est idéalement en dessous de 5 euros par kg d'hydrogène. "Malheureusement, il est aujourd'hui très difficile d'atteindre ce niveau", déplore l'étude qui reste évasive sur le prix actuel de l'hydrogène.
Il est urgent de concrétiser les promesses
Dans ce contexte, comment assurer, sans subvention publique, le déploiement des bus à hydrogène après 2020 ? Il faut parvenir à une offre zéro émission à un coût total de possession équivalent ou inférieur à celui des autobus électriques à batterie. Cette solution doit être sans compromis opérationnel pour les opérateurs ou les passagers, par rapport aux bus diesel historiques. A court terme, les subventions publiques restent nécessaires, en particulier pour permettre des ventes groupées qui assureront d'importants débouchés aux acteurs du secteur. Ces acteurs doivent aussi mieux se coordonner pour offrir une offre cohérente aux acteurs privés.
L'amélioration du modèle économique est aussi essentielle. Le prix des bus à hydrogène doit chuter entre 330 et 450.000 euros. "Le fait que pour atteindre une réduction significative des prix, les constructeurs d'autobus n'aient besoin que d'une demande de quelques centaines de véhicules par an est une source d'optimisme", estime le cluster qui table sur un marché de plus de 5.000 bus par an en 2025.
Mais pour l'instant, il faut concrétiser rapidement la demande potentielle. Déployer "plusieurs milliers" de bus hydrogène dans les "prochaines années" est "crucial" pour démontrer l'utilité de ces véhicules et maintenir la dynamique du secteur. "Le secteur des piles à combustible a souvent cité les bus à hydrogène comme offrant un grand potentiel en tant qu'application commerciale à court terme", rappelle l'étude qui prévient : "Il est impératif que les plans ambitieux se concrétisent pour maintenir la crédibilité de ces affirmations et l'adhésion des différents intervenants."