Les dernières statistiques publiées par l'International Desalination Association (IDA) confirment la tendance. Dans sa publication annuelle 2008-2009, éditée par Global Water Intelligence (GWI), l'IDA indique que la capacité totale des projets signés en 2007 a augmenté de 43 % par rapport à 2006 passants ainsi de 4,7 millions de m3 par jour à 6,8 millions. L'année 2008 pourrait battre un nouveau record de hausse puisque durant les seuls six premiers mois de l'année, la capacité totale des contrats signés a augmenté de plus de 39 %.
Au total, au 30 juin 2008, la production cumulée de l'ensemble des projets d'usine de dessalement dans le monde s'élevait à 62,8 millions m3/j pour plus de 13.800 usines construites ou en projet.
La course aux volumes
Ce développement tente de répondre aux besoins grandissant d'une population qui s'accroît inexorablement alors que les ressources en eau douce stagnent, souffrent d'une gestion déficiente voire régressent dans certaines régions. Pour de nombreuses communautés, le dessalement est la seule source fiable d'eau potable, précise Patricia Burke, Secrétaire Générale de l'IDA.
Les usines sont donc plus nombreuses mais également plus efficaces en termes de volumes d'eau traités. Actuellement, la production de la plus grande installation de dessalement située dans l'Emirat de Fujaïrah s'élève à 450.000 m3/jour et cinq usines de capacités supérieures à 500.000 m3/jour sont en construction au Moyen Orient. La plus importante, située à Shoaiba en Arabie Saoudite produira 880.000 m3/jour mais le pays envisage déjà d'en construire une de 1.000.000 m3/jour.
Des impacts environnementaux encore mal maîtrisés
Les techniques de dessalement les plus courantes sont la distillation thermique et la technologie des membranes, l'électrodialyse inverse et l'osmose inverse. La distillation thermique permet de transformer l'eau salée en vapeur qui est alors condensée pour obtenir de l'eau dessalée. Avec le procédé d'électrodialyse inverse, les sels sont séparés de l'eau sous l'action d'une charge électrique. L'osmose inverse prévoit quant à elle l'application d'une pression sur l'eau introduite dans le système, qui est ainsi forcée à travers une membrane semi-perméable retenant la plupart des sels.
Quelle que soit la technologie utilisée, le dessalement n'est pas exempt d'impact sur environnement : émissions de gaz à effet de serre liées à la consommation d'énergie des processus industriels, impact visuel des usines, bruit mais surtout évacuation de la saumure ou des eaux résiduelles produites par le dessalement. Installées le plus souvent sur les côtes, les usines rejettent ces résidus dans l'océan. Or les conséquences de ces rejets dans l'écosystème marin ne sont pas évaluées. En juin 2007, le WWF International alertait sur le manque de connaissances et de réglementation concernant cette activité : pour le moment notre connaissance des impacts est en grande partie basée sur la recherche qui s'est limitée à des usines relativement petites et isolées les unes des autres, expliquait le WWF alors que les usines sont toujours plus grandes et par conséquent plus productrices de résidus.
Les ONG craignent également que le dessalement devienne une solution de facilité et soit développé aux dépens de mesures de gestion de l'eau et d'économie d'eau. Le WWF citait en exemple l'Espagne qui a lancé un grand programme de dessalement pour répondre aux problèmes de sécheresse qu'a connue le pays ces dernières années. Or 22% de l'eau dessalée est destinée à l'agriculture. Le pays a donc choisi cette technique au lieu de remettre en cause ses besoins en eau.
Selon les statistiques de l'IDA, l'Espagne est le quatrième pays en termes de volume d'eau traité derrière l'Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis et les Etats-Unis.