Jeudi 28 avril, le ministère de l'Environnement a publié un complément des résultats intermédiaires de la commission technique indépendante de contrôle des émissions polluantes des véhicules. Ces précisions confirment les résultats détaillés publiés le 22 avril par son homologue allemand.
Ces résultats sont "consternants", estime France Nature Environnement qui explique que "dans le classement des pires élèves, les « champions » sont : Renault-Nissan, Opel puis Ford". En l'occurrence parmi ces trois marques, les véhicules du groupe Renault se distinguent nettement en obtenant la plupart des dépassements les plus élevés. FNE explique que les véhicules qui dépassent les normes de façon significative sont dotés d'"un dispositif de commande qui bride le système de dépollution par recirculation des gaz d'échappement (EGR) à certaines températures".
Pour rappel, suite au "dieselgate", le ministère de l'Environnement a créé une commission chargée de mesurer les émissions d'oxydes d'azotes (NOx) de 100 véhicules diesel. Elle rassemble des parlementaires, des associations de consommateurs, des ONG environnementales, des représentants des ministères de l'Environnement, de l'Industrie et de l'Economie, ainsi que des spécialistes d'organisations et d'établissements publics spécialisés.
Renault en tête des dépassements
Le 6 avril, le bilan dressé par le ministère de l'Environnement à partir des tests effectués sur les 52 premiers véhicules de quinze marques différentes révèle que les dépassements du seuil règlementaire d'émission sont systématiques et de grande ampleur. Les tests sur piste "montrent qu'une majorité des véhicules Euro 6 testés dépassent de plus de cinq fois leur limite d'émissions (80 mg/km) dont certains, bien au-delà", annonçait alors le ministère. Mais les véhicules n'étaient pas nommés.
Les détails publiés le 28 avril désignent les modèles qui dépassent très largement le seuil règlementaire (soit des émissions de NOx supérieures à 800 mg/km). Il s'agit de l'Opel Zafira (deux modèles ont été testés, l'un émettant 10,8 fois plus que la norme et l'autre 11,7 fois) et du Renault Captur 90 ch (11,1 fois la norme).
Par ailleurs, la liste des véhicules émettant sept fois plus que le seuil règlementaire illustre les problèmes rencontrés par le groupe Renault. Elle permet aussi de mieux comprendre pourquoi, début janvier, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a perquisitionné plusieurs sites du groupe à la demande de la commission technique.
Outre les trois Opel Zafira et le Renault Captur 90 ch, le groupe des véhicules émettant plus de sept fois le seuil règlementaire comprend neuf des 52 voitures testées : le Renault Kadjar (9,7 fois la norme), le Renault Espace dCI (9,2 fois la norme), les trois Renault Captur 110 ch testés (avec des émissions atteignant 7,9 fois la norme pour deux d'entre eux et 9,3 fois pour le dernier), le Nissan Quashquai DCI (8,7 fois la norme), la Renault Laguna (7,6 fois la norme), la Peugeot 5008 (7,4 fois la norme) et l'Opel Mokka (7 fois la norme).Ces résultats viennent confirmer ceux de la commission allemande qui signalaient des "augmentations significatives" des émissions de NOx des voitures du groupe Renault pour des températures extérieures inférieures à 10°C. La Dacia Sandero émet dix à douze fois plus de NOx que la limite réglementaire (plus de 1.000 mg/km) et les Renault Kadjar 1,6 litre et 1,5 litre jusqu'à quatorze fois plus (jusqu'à plus de 1.200 mg/km pour le modèle 1,6 litre et plus de 1.100 mg/km pour le modèle 1,5 litre), détaillait-elle. Le constructeur français a expliqué utiliser une stratégie de "fenêtre de température", c'est-à-dire un dispositif de mise à l'arrêt du système de dépollution lorsque les conditions de température ne sont pas optimales.