Face à ce problème, l'Union européenne a engagé un programme de recherche sur les techniques de traitements susceptibles d'être mises en oeuvre pour limiter la migration des polluants métalliques. Elle s'est plus précisément intéressée à la technique de phytostabilisation soit l'utilisation de plantes combinée à des amendements chimiques pour immobiliser fortement les métaux dans le sol et ainsi réduire le risque d'envol de poussières contaminées et le risque de percolation des métaux vers les nappes superficielles ou souterraines. Cet intérêt pour cette méthode s'est traduit par la sélection du projet DIFPOLMINE au programme Life Environnement en 2002. L'ADEME s'est associée à IRH Environnement, au Centre Universitaire de Limburg (LUC - Belgique) et à l'Université de Technologie et d'Economie de Budapest (BUTE - Hongrie) pour démontrer qu'une approche de phytostabilisation des sols permet de réduire les transferts de pollution par les eaux de surface.
Pour cette démonstration, la technique a été testée sur le site minier de La Combe du Saut situé à une dizaine de kilomètres au nord de Carcassonne dans le département de l'Aude. Ce site a été exploité pour la production d'or et d'arsenic pendant plus de 100 ans. Résultats, 12 millions de tonnes de minerai ont été traités ce qui a permis de produire 830.000 tonnes de produits dérivés mais a abouti à la production et au stockage de 11 millions de tonnes de déchets sur le site fortement contaminés par l'arsenic. Sur plusieurs dizaines d'hectares, les sols sont si pollués qu'aucune végétation ne s'y est implantée.
Dans un premier temps, la réhabilitation du site a nécessité de mettre en œuvre des techniques déjà éprouvées : excavation, confinement…Même si une partie de la pollution a pu être traitée par ces méthodes traditionnelles, notamment les sources concentrées de pollution, il restait à maîtriser les impacts de la pollution résiduelle diffuse. Plusieurs analyses préliminaires ont permis d'identifier les principaux flux de pollution : érosion par ruissellement des eaux sur les sols et les déchets et rejet direct d'arsenic dans la rivière à proximité (l'Orbiel) estimé à environ 1.300 kg/an, percolation lente des eaux souterraines à travers les déchets du site puis cheminement vers la nappe (flux d'arsenic estimé à environ 300 kg/an) et enfin, transport de polluants par les envols de poussières. C'est pourquoi ce site constituait une excellente occasion de tester la phytostabilisation. Elle devrait en effet permettre de diminuer l'érosion des sols après terrassement des déchets en surface et de diminuer la concentration des rejets à l'Orbiel jusqu'à un niveau tolérable de 1 mg/l pour un niveau initial de 10 mg/l.
La mise en œuvre de la phytostabilisation a débuté par la sélection des végétaux qui seraient susceptibles de se développer sur le site malgré des taux d'arsenic important. Ces végétaux ont été choisis par expérimentation en laboratoire. D'autres tests ont permis d'identifier un amendement intéressant : la grenaille de fer qui a démontré sa tendance à fixer partiellement l'arsenic ce qui permet de réduire la toxicité de la terre et donc de favoriser la croissance des plantes.
Ainsi la revégétalisation du site minier de La Combe du Saut est en cours de finalisation. Un système de caniveaux étanches a été installé pour récupérer les eaux de ruissellement et analyser la concentration en arsenic. Le suivi de la qualité des eaux et des végétaux permettra d'évaluer l'efficacité de la méthode à long terme et de vérifier si la combinaison des méthodes employées s'avère une solution pertinente applicable à d'autres sites abandonnés.
Les analyses sont donc en cours et devraient se poursuivre pendant plusieurs années avant que les premiers résultats soient significatifs. Mais un projet parallèle est déjà en train d'être mené sur un site minier hongrois à Gyöngyösoroszi qui présente des risques de pollution similaires.