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Le site minier de La Combe du Saut teste la phytostabilisation dans le cadre du programme Difpolmine

Technique de traitement des sols pollués relativement récente, la phytostabilisation doit encore faire ses preuves. Dans le cadre de la réhabilitation du site de La Combe du Saut, elle est pour la première fois mise en œuvre à très grande échelle.

Aménagement  |    |  F. Roussel
   
Le site minier de La Combe du Saut teste la phytostabilisation dans le cadre du programme Difpolmine
Ruissellement des eaux
   
L'Europe et la France ont été, au cours des siècles derniers, le lieu d'une activité industrielle intense de production et de transformation de minerais et de métaux. Ces activités, pour la plupart aujourd'hui abandonnées, laissent derrière elle des sites industriels pollués par des métaux ou des métalloïdes provenant du transport et du stockage de sous-produits ou de divers rejets dans l'environnement sur des surfaces parfois très importantes. La pollution métallique pose un problème particulier car les métaux ne sont pas biodégradables. Il existe un risque de migration de ces polluants vers les eaux souterraines ou superficielles et vers les organismes vivants qui y vivent, dans lesquels les métaux se concentrent jusqu'à contaminer l'ensemble de la chaîne alimentaire.

Face à ce problème, l'Union européenne a engagé un programme de recherche sur les techniques de traitements susceptibles d'être mises en oeuvre pour limiter la migration des polluants métalliques. Elle s'est plus précisément intéressée à la technique de phytostabilisation soit l'utilisation de plantes combinée à des amendements chimiques pour immobiliser fortement les métaux dans le sol et ainsi réduire le risque d'envol de poussières contaminées et le risque de percolation des métaux vers les nappes superficielles ou souterraines. Cet intérêt pour cette méthode s'est traduit par la sélection du projet DIFPOLMINE au programme Life Environnement en 2002. L'ADEME s'est associée à IRH Environnement, au Centre Universitaire de Limburg (LUC - Belgique) et à l'Université de Technologie et d'Economie de Budapest (BUTE - Hongrie) pour démontrer qu'une approche de phytostabilisation des sols permet de réduire les transferts de pollution par les eaux de surface.
Pour cette démonstration, la technique a été testée sur le site minier de La Combe du Saut situé à une dizaine de kilomètres au nord de Carcassonne dans le département de l'Aude. Ce site a été exploité pour la production d'or et d'arsenic pendant plus de 100 ans. Résultats, 12 millions de tonnes de minerai ont été traités ce qui a permis de produire 830.000 tonnes de produits dérivés mais a abouti à la production et au stockage de 11 millions de tonnes de déchets sur le site fortement contaminés par l'arsenic. Sur plusieurs dizaines d'hectares, les sols sont si pollués qu'aucune végétation ne s'y est implantée.

Dans un premier temps, la réhabilitation du site a nécessité de mettre en œuvre des techniques déjà éprouvées : excavation, confinement…Même si une partie de la pollution a pu être traitée par ces méthodes traditionnelles, notamment les sources concentrées de pollution, il restait à maîtriser les impacts de la pollution résiduelle diffuse. Plusieurs analyses préliminaires ont permis d'identifier les principaux flux de pollution : érosion par ruissellement des eaux sur les sols et les déchets et rejet direct d'arsenic dans la rivière à proximité (l'Orbiel) estimé à environ 1.300 kg/an, percolation lente des eaux souterraines à travers les déchets du site puis cheminement vers la nappe (flux d'arsenic estimé à environ 300 kg/an) et enfin, transport de polluants par les envols de poussières. C'est pourquoi ce site constituait une excellente occasion de tester la phytostabilisation. Elle devrait en effet permettre de diminuer l'érosion des sols après terrassement des déchets en surface et de diminuer la concentration des rejets à l'Orbiel jusqu'à un niveau tolérable de 1 mg/l pour un niveau initial de 10 mg/l.

La mise en œuvre de la phytostabilisation a débuté par la sélection des végétaux qui seraient susceptibles de se développer sur le site malgré des taux d'arsenic important. Ces végétaux ont été choisis par expérimentation en laboratoire. D'autres tests ont permis d'identifier un amendement intéressant : la grenaille de fer qui a démontré sa tendance à fixer partiellement l'arsenic ce qui permet de réduire la toxicité de la terre et donc de favoriser la croissance des plantes.

Ainsi la revégétalisation du site minier de La Combe du Saut est en cours de finalisation. Un système de caniveaux étanches a été installé pour récupérer les eaux de ruissellement et analyser la concentration en arsenic. Le suivi de la qualité des eaux et des végétaux permettra d'évaluer l'efficacité de la méthode à long terme et de vérifier si la combinaison des méthodes employées s'avère une solution pertinente applicable à d'autres sites abandonnés.
Les analyses sont donc en cours et devraient se poursuivre pendant plusieurs années avant que les premiers résultats soient significatifs. Mais un projet parallèle est déjà en train d'être mené sur un site minier hongrois à Gyöngyösoroszi qui présente des risques de pollution similaires.

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Phytostabilisation Arsenic (As)

Réactions2 réactions à cet article

la phyto c'est politiquement correct !

Pour aller dans le sens de l'article, je pense intéressant de rappeler qu'Il n'existe pas dans le domaine de bonnes ou mauvaises techniques de dépollution mais des techniques plus ou moins adaptées à une problématique dans un contexte défini. Après c'est vrai qu'il y a plusieurs écoles selon les intérêts de chacun.

Je trouve cela dit assez "amusant" de noter que la phytoremediation/stabilisation c'est un peu comme M Jourdain qui fait de la prose sans le savoir et j'ai en tête une réhabilitation, à la lecture de l'article, assez similaire qui doit avoir au moins 15 ans ! faite et c'est là le plus amusant (si vous permettez) sur un site minier d'une société pas particulièrement réputée pour sa prise en compte environnementale notamment il y a qqs années dans le nord de la France !!

bien content ceci étant de lire un article sur les sites et sols

jojo | 04 janvier 2007 à 21h20 Signaler un contenu inapproprié
Que fait-on exactement ?

Si j'ai bien lu, le but de la végétalisation est de diminuer la lixiviation des sols pollués pour limiter l'apport d'arsenic à la rivière proche.
Donc on va "fixer" la pollution sur place. Est ce bien là une "dépollution".
Comme dans toute opération de dépollution, le vrai problème est de savoir ce qu'on veut.
S'agit-il de rendre un site "habitable", "constructible" ou simplement de faire en sorte que ceux qui vivent autour n'en subissent pas les nuisances.
Sur quels critères se base-t-on pour juger des dangers induits par un site ? Utilise-t-on un calcul d'ESR (Evaluation Simplifiée des Risques) qui, en principe ne doit plus être utilisé depuis le 1/1/2007 ? Fait-on une Evaluation Détaillée des Risques (EDR), et avec quel type d'algorithme ? Ou réalise-t-on des expérimentations de biotoxicité ?

Tout celà est extrèmement difficile à quantifier et encore plus à expliquer à un public généralement plus que méfiant.

En plus, il faut rappeler que certaines régions françaises présentent des teneurs naturellement fortes en arsenic (Sainte-Marie-aux-Mines en Alsace, certaines communes du Puy-de-Dôme, etc...) . Allons nous, un jour, interdire aux humains d'habiter en ces lieux ?

Lorsqu'on veut dépolluer des composés organiques, on réussit généralement à les transformer plus ou moins complètemement en dioxyde de carbone et en vapeur d'eau, mais pour les métaux et métalloïdes on ne peut que modifier le composé; L'atome de métal est toujours là.

Le mot dépollution peut donc avoir bien des sens différents.

Quelqu'un a-t-il lu la définition du mot pollution dans les dictionnaires du XIXème siècle ?

Dominique | 04 janvier 2007 à 22h29 Signaler un contenu inapproprié

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