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Le corps des Mines se divise sur Alstom

Nombreux sont les PDG appartenant du corps des Mines qui, depuis quinze ans, ont cédé quelques-uns des fleurons industriels de l'Hexagone… au grand dam des mineurs qui ont choisi de faire carrière dans la fonction publique.

Gouvernance  |    |  La Lettre A
Le corps des Mines se divise sur Alstom

Si la responsabilité des pouvoirs publics est souvent évoquée pour expliquer la cession de grandes entreprises à des groupes étrangers, celle du corps des Mines l'est rarement. Ce sont pourtant des PDG appartenant à cette élite qui ont cédé depuis quinze ans quelques-uns des fleurons industriels de l'Hexagone. Au grand dam des mineurs qui ont choisi de faire carrière dans la fonction publique.

Série

Le possible passage d'Alstom chez General Electric, initié par son PDG Patrick Kron, polytechnicien et ingénieur des Mines, pourrait être la goutte qui fait déborder le vase des mineurs ordinaires... D'habitude aussi feutré qu'il est influent, ce corps d'élite connaît, avec ce nouvel épisode économico-patriotique, quelques dissensions internes. Certains s'interrogent sur les dommages collatéraux que risque de produire sur leur image le transfert de ce fleuron industriel français sous pavillon étranger. Le dossier viendrait en point d'orgue d'une série de disparitions marquantes de grands noms de l'industrie française, toutes conduites par des membres du corps. Parmi les plus emblématiques survenues ces quinze dernières années figure celle de Péchiney, pilotée par Jean-Pierre Rodier (X-Mines), aujourd'hui président de la Saur. Cet ancien conseiller énergie du premier ministre Pierre Mauroy a présidé le groupe d'aluminium de 1994 à 2003, date de son rachat par le canadien Alcan. Francis Mer (lui aussi X-Mines) n'est pas en reste. Confirmé président du groupe Usinor Sacilor lors de sa privatisation en 1995, il en cède en 1999 la filiale Unimétal au groupe de Lakshmi Mittal, qui finira par prendre le contrôle total d'Arcelor en 2006. Autre cession phare : celle de Rhodia à Solvay, menée par Jean-Pierre Clamadieu, ingénieur en chef des Mines, qui en était le président depuis 2008. Le groupe chimique belge a intégré Rhodia en son sein en 2011 et nommé Jean-Pierre Clamadieu PDG en 2012.

Divergences

Mais l'épisode Alstom renforce aussi d'autres lignes de fracture au sein du corps des Mines. Ce dossier se double d'un conflit entre deux mineurs d'égal renom, et dont l'inimitié est notoire : Anne Lauvergeon, l'ancienne patronne d'Areva, et Patrick Kron. Leur différend remonte à 2004, quand Areva et Siemens ont envisagé de se partager la dépouille d'un Alstom en difficulté. Le groupe nucléaire a emporté l'entité T&D (transmission et distribution) en 2003 mais a été contraint de la rétrocéder à Patrick Kron en 2010. Résultat : les partisans de l'un ne manquent pas de critiquer les stratégies de l'autre et inversement. Cette mésentente, dont les effets secouent à intervalles réguliers le corps des Mines, est encore renforcée par leur orientation politique opposée, la première représentant l'aile gauche du corps et le second l'aile droite.

Trahison

L'image patriotique portée par le corps est aussi sérieusement écornée. La devise de Polytechnique est "Pour la patrie, les sciences et la gloire". "Apparemment, ce sont surtout les sciences et la gloire qui comptent", regrette l'un d'eux. Bien sûr, solidarité corporatiste entre mineurs oblige, les critiques se font en cercle fermé. Mais le ressentiment sur le rôle moteur de ces PDG dans le passage de sociétés tricolores sous contrôle étranger est palpable à Bercy, l'un de leurs points de chute privilégiés. Il n'est donc pas impossible que cette population de hauts fonctionnaires, invisible mais puissante, facilite autant qu'elle le peut la tâche du ministre de l'économie Arnaud Montebourg en vue de déployer une contre-proposition efficace à celle formulée par General Electric pour s'emparer d'Alstom.

Par Marion Deye, La Lettre A

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