Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Climat : faute de progrès, les négociations préparent le pire

Le traité qui succédera au protocole de Kyoto est encore très incertain. Parmi les rares progrès de la conférence de Doha figurent le lancement de travaux en vue d'un mécanisme pour remédier aux pertes subies par les pays les plus vulnérables.

Gouvernance  |    |  P. Collet

La 18ème conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (Ccnucc), tenue à Doha (Qatar) du 26 novembre au 8 décembre 2012, devait faire progresser le compromis obtenu à Durban (Afrique-du-Sud) en 2011 qui prévoit la signature en 2015 d'un accord international de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour une entrée en vigueur en 2020.

Pour cela, trois grands chantiers attendaient les négociateurs : prolonger le protocole de Kyoto, seul outil juridique contraignant dont dispose la communauté internationale, prévoir des financements pour la période allant de 2013 à 2020 pour l'adaptation aux impacts des changements climatiques ainsi que l'atténuation des émissions des pays en développement, et obtenir un calendrier de négociation fixant des délais pour négocier les points clés du futur accord. Si le protocole a survécu au prix de concessions importantes, les deux autres thèmes n'ont guère progressé.

Ne pas relâcher l'effort financier

Les attentes des pays en développement en matière de financement étaient claires. Ils souhaitaient que soit validé un engagement des pays développés à hauteur de 60 milliards de dollars pour la période allant de 2013 à 2015. L'objectif était de concrétiser les promesses formulées à Copenhague (Danemark) en 2009 en traçant la voie entre le fast start, les 30 milliards de dollars pour la période 2010-2012, et l'aide de 100 milliards de dollars par an prévue à partir de 2020.

Las, les négociations ont échoué et aucun engagement formel n'est pris. Tout au plus le texte principal validé à Doha  (1) "encourage les pays développés à accroitre leurs efforts pour fournir pour la période 2013-2015 des ressources au moins égales au niveau moyen annuel de la période de fast start", soit 10 milliards de dollars par an. Si l'on veut décupler l'effort, pour atteindre les 100 milliards de dollars par an à partir de 2020, les négociateurs admettent qu'il convient de ne pas faire machine arrière, voire, si possible, d'accélérer la cadence.

Par ailleurs, le programme de travail sur le financement à long terme (2) "invite les Etats, les experts et les groupes de travail thématique de la Convention à soumettre d'ici au 21 mars 2013 au secrétariat [de la Ccnucc] leur point de vue sur le financement à long terme". Des financements qui proviendront de "sources publiques, privées et alternatives", conformément au souhait des pays développés qui n'entendent pas s'engager sur un financement strictement public alors que les budgets nationaux sont sous pression.

Vers un protocole de Paris ?

Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, a confirmé officiellement à Doha que la France était candidate pour accueillir en 2015 la conférence qui doit aboutir sur l'accord post-2020. Pour l'instant la France est le seul pays candidat.
Un projet d'accord pour mai 2015

Concernant l'accord qui doit prendre le relais en 2020, les négociateurs se sont accordés pour créer deux groupes de travail distincts. Le premier doit réfléchir aux actions à mettre en œuvre à partir de 2020 et le second doit étudier les moyens possibles pour relever les engagements pris d'ici à 2020.

Quant à l'accord en lui-même, les négociateurs, instruits par l'échec de Copenhague, aimeraient qu'il soit assemblé et défini dans ses grandes lignes d'ici mai 2015 pour être effectivement adopté en décembre la même année. La plateforme de Durban devra aboutir à une synthèse des différents éléments du futur texte de négociation au plus tard pour sa session de négociation prévue du 3 au 14 décembre 2014, "avec pour objectif de disposer d'un texte de négociation avant mai 2015", précise le document validant les décisions relatives au travaux de la plateforme (3) .

Pour arriver à un tel résultat, les réunions officielles devraient reprendre à un rythme de deux par an. La première est programmée à Bonn (Allemagne) du 29 avril au 2 mai 2013 et une seconde devrait avoir lieu en septembre 2013. De même, une réunion des ministres des Finances est prévue en 2013 et une rencontre des chefs d'État en 2014.

Compenser les pertes et dommages

Enfin, la conférence de Doha a convenu que les négociations portent une plus grande attention aux pertes et dommages subis par les pays les plus pauvres. Un document de quatre pages (4) est dédié au sujet. Les Etats membres de la Ccnucc "conviennent que des réponses de grande envergure, complètes et stratégiques sont nécessaires pour remédier aux pertes et dommages associés aux impacts négatifs du changement climatique".

Le texte principal des négociations prévoit pour sa part que la conférence des parties "établisse [en décembre 2013], des dispositifs institutionnels, tels qu'un mécanisme international, incluant notamment des fonctions et des modalités (…) pour la prise en compte des pertes et dommages (…) des pays les plus vulnérables". Quant au financement d'un tel mécanisme, il devrait provenir de l'enveloppe promise en 2009 à Copenhague.

Si le texte reste vague sur le mécanisme qui ne devrait pas aboutir avant plusieurs années de négociation, il traduit néanmoins la prise en compte de l'adaptation des pays les plus vulnérables. Il s'agit d'une avancée importante pour ces pays puisque la communauté internationale reconnaît qu'il y aura à l'avenir des phénomènes inéluctables pour lesquels l'adaptation est impossible. La montée du niveau des mers ou l'acidification des océans figurent ici en bonne place. Une position qui à terme pourrait aboutir à une compensation des dommages à l'échelle internationale sur la base du principe pollueur-payeur. En effet, le texte dédié aux pertes et dommages stipule qu'il revient aux pays développés de mettre à disposition des pays en développement des moyens financiers et technologiques pour répondre à ces risques.

Il n'est cependant pas certain que la concrétisation des discussions sur les pertes et dommages soit une bonne nouvelle pour des négociations climatiques à bout de souffle. En effet, ce nouveau pas en faveur de l'adaptation traduit en creux l'échec de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la nécessité de se préparer au pire.

1. Consulter le document
http://unfccc.int/files/meetings/doha_nov_2012/decisions/application/pdf/cop18_agreed_outcome.pdf
2. Consulter le document
http://unfccc.int/files/meetings/doha_nov_2012/decisions/application/pdf/cop18_long_term_finance.pdf
3. Consulter le document
http://unfccc.int/files/meetings/doha_nov_2012/decisions/application/pdf/cop_advanc_durban.pdf
4. Consulter le document
http://unfccc.int/files/meetings/doha_nov_2012/decisions/application/pdf/cmp8_lossanddamage.pdf

Réactions5 réactions à cet article

USA , CHINE , BRÉSIL , pollueurs payeurs , y' a pas que la plage 2 Copacabana ou la Grande Muraille .

bautzen | 13 décembre 2012 à 02h52 Signaler un contenu inapproprié

Et si par cette approche de compensation sur les conséquences, on se rendaient compte que cela coûterait plus cher de réparer que d'accélérer l'effort sur la réduction des émissions de CO2 ?
D'autre part, pour les pollueurs qui sont surendettés et qui n'ont pas les moyens de financer d'autres moyens de productions, je ne vois pas bien comment la communauté internationale pourra leur faire payer l'amende. Nous n'aurons qu'à regarder l'eau monter et c'est les plus vulnérables qui paieront : soit ils auront les moyens d'y faire face, soit ils se laisseront submerger.
Restent certains pays industrialisés qui ne veulent pas faire d'efforts (ou pas trop) aujourd'hui pour préserver leur compétitivité, mais quel chef d'état mettra son mandat (ou sa ré-élection) en péril au profit de la génération future ?

rochelais_david | 13 décembre 2012 à 11h07 Signaler un contenu inapproprié

Le gaz de schiste , plusieurs pays vont le chercher dans les sols avec la technique de fracturation , on va se marrer dans quelque temps , lors qu' 1 pays est soumis aux tremblements 2 terre ou séismes , eh! eh !

bautzen | 13 décembre 2012 à 13h50 Signaler un contenu inapproprié

Chouette, des groupes de travail!
Des perspectives de réunions exotiques, de voyages en avion, de séjours de standing!
Bientôt cette activité de sommets, si ce n'est pas déjà le cas, génèrera davantage d'émissions de GES que la totalité de l'industrie de l'UE.
Merci.
L'organisation à Paris sera l'occasion de montrer les bienfaits de notre politique climatique: plus d'usines, un air pur pour les pensionnaires des hospices et les visiteurs des musées... Et, comme à Doha ou Bali, un grand coup de balai pour dégager les miséreux et autres chômeurs de la vue de cette nouvelle jet-set écolo, Batho, NKM, Hulot et consorts, dans leur rôle de sauveur de planète.

Albatros | 13 décembre 2012 à 17h05 Signaler un contenu inapproprié

La 18e Conférence des Nations unies sur le climat a montré une fois de plus les limites des pays dans la gestion de problèmes internationaux. Ce 18e résultat décevant de suite face à une urgence qui s’aggrave montre que nous ne pouvons actuellement gérer de façon efficace un défi planétaire de cette ampleur en respectant les droits de l’homme.

Tous les dirigeants de la planète savent que le réchauffement de la planète existe. Plusieurs misent même sur ses conséquences pour s’enrichir. Les armateurs attendent avec impatience l’ouverture d’une nouvelle voie maritime dans le Nord. Malheureusement, les conséquences pour les habitants des pays qui vont disparaître sous les eaux où se transformeront en désert, ne sont pas gérées d’une manière respectant des droits fondamentaux des victimes. Les émissions de gaz à effets de serre de chaque pays touchent la planète et devraient être considérées comme un problème commun, ce qui n’est pas actuellement le cas. À quand une responsabilité commune pour un problème commun?

Michel Gourd | 14 décembre 2012 à 12h20 Signaler un contenu inapproprié

Réagissez ou posez une question au journaliste Philippe Collet

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires