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E-commerce et livraisons : quels leviers de décarbonation ?

Alors que le commerce en ligne poursuit son envolée, plusieurs études analysent son impact environnemental et proposent des solutions pour le réduire.

Transport  |    |  F. Bénard
E-commerce et livraisons : quels leviers de décarbonation ?
Actu-Environnement le Mensuel N°437
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°437
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La croissance du commerce en ligne est au beau fixe en France. Selon la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad), le chiffre d'affaires du secteur était de 146 milliards d'euros (Md€) en 2022 et pourrait passer la barre des 200 Md€ en 2025. Les ventes ont augmenté de 33 % par rapport à 2019 : ce sont ainsi près d'un milliard de colis qui sont livrés chaque année dans l'Hexagone, pour un bilan carbone estimé à environ un million de tonnes équivalent CO2 par l'Ademe.

Face à un tel marché, comment concilier décarbonation, attentes des consommateurs et celles des e-commerçants ? Trois études, une réalisée par l'Ademe et deux commandées par le spécialiste du colis Colissimo, identifient les leviers pour améliorer la performance environnementale du secteur.

Le retrait du colis : une grande marge de progrès

L'empreinte environnementale d'un achat en ligne peut varier grandement en fonction du mode de livraison choisi par le consommateur. Difficile donc de déterminer si l'e-commerce représente ou non un réel avantage environnemental par rapport au commerce en magasin. Les deux modes d'achat ont en effet chacun leurs points forts et leurs points faibles, mais ils ne sont pas systématiques : ils « dépendent du comportement du consommateur et des infrastructures à sa disposition (transports en commun, points de retrait…), ce qui rend difficile et peu pertinent de tirer des enseignements globaux », selon l'étude « e-commerce » de l'Ademe. La dernière étape de livraison d'un colis influence ainsi de manière significative le bilan carbone total d'une commande sur un site d'e-commerce.

Des résultats qui convergent avec l'analyse du cycle de vie, menée par La Poste, d'un colis modèle de 1,3 kg sur les étapes d'emballage, d'acheminement et de retrait et prenant en compte 16 indicateurs d'impacts environnementaux (changement climatique, épuisement des ressources, etc.). Cette étude précise que le bilan carbone de l'opération dépend également de la réussite ou non de la livraison à domicile, et donc d'un éventuel déplacement non prévu du client en point de retrait. Un tel trajet effectué en voiture thermique (75 % d'entre eux) multiplie en effet par 2,4 l'empreinte carbone par rapport à une livraison à domicile réussie, pour laquelle l'impact CO2 est réduit de 40 %. L'étude souligne aussi le gain environnemental d'un envoi ou retour de colis à partir de sa boîte aux lettres, qui diminue de 32 % l'impact sur le changement climatique, ou encore de 30 % celui sur l'émission de particules fines.

« Cette ACV Colis du e-commerce nous a permis d'élargir notre connaissance des impacts environnementaux de notre offre Colis et de passer d'une vision de nos seuls impacts CO2 à une vision multicritère », explique Laure Mandaron, directrice RSE de la branche services-courrier-colis de La Poste. « La prise en compte des 16 domaines offre une vision exhaustive des impacts environnementaux et permet d'identifier les éventuels transferts d'impacts d'une solution, d'une pratique à une autre. »

Selon l'Ademe, en 2021, le mode de livraison favori des consommateurs est celui à domicile (utilisé par 80 % d'entre eux), suivi du retrait dans un lieu tiers (utilisé par 70 % d'entre eux). Des préférences qui se retrouvent chez les e-commerçants : 78 % d'entre eux plébiscitent la livraison à domicile et 61 % aussi la livraison en point relais, d'après un sondage réalisé par YouGov pour Colissimo en mars 2023 auprès de 205 e-commerçants de plus de 50 salariés.

Le mode de déplacement pour le retrait d'un colis est donc un levier important de décarbonation, sur lequel l'Ademe recommande d'agir. Si la réduction des trajets en voiture nécessite des changements de comportement des consommateurs, elle implique aussi de les y encourager en diversifiant les types de points de retrait ainsi qu'en améliorant leur maillage. Éviter les échecs de livraison et les retours de colis est aussi nécessaire.

Les emballages et leur transport : un autre impact non négligeable

Pour les e-commerçants interrogés pour Colissimo, les moyens pour une livraison « plus responsable » sont en premier lieu les emballages réutilisables (à 64 %), puis le regroupement de commandes (à 42 %). Ils sont par ailleurs plus de la moitié (52 %) à estimer que les emballages réutilisables seront généralisés au cours des deux prochaines années. Ces deux solutions sont également relevées par l'Ademe.

Les emballages de colis devraient ainsi être « de taille proportionnée par rapport à la taille du produit », « composés de matières premières avec la meilleure performance environnementale sur l'ensemble de son cycle de vie », « porteurs d'une signalétique de consigne de tri univoque » et « recyclables, voire réutilisables ». L'Ademe propose aussi de fixer un objectif de réduction des emballages et suremballages. Les emballages réutilisables font, en revanche, face à des freins techniques, liés à la récupération et réincorporation dans la chaîne logistique ; mais aussi concurrentiel, un emballage standard rendant difficile une différenciation marketing ; et enfin comportemental, car leur développement dépend, entre autres, de la sensibilisation des consommateurs.

Réduire le suremballage et le pourcentage de vide dans les colis permettrait également d'optimiser le remplissage des véhicules de transport en augmentant leur taux de chargement. L'Ademe pointe aussi comme autres leviers la limitation du fret aérien, ainsi que l'utilisation de carburants alternatifs et de transports actifs pour le dernier kilomètre de livraison. Selon le sondage commandé par Colissimo, 37 % des commerçants parient sur la généralisation des véhicules propres d'ici à 2025.

Enfin, « si l'on se projette dans un futur à moyen terme, […] sur le plan mondial, on constate que la grande majorité des dépôts de brevets des entreprises de livraison reposent sur l'amélioration technique de la livraison et son accélération », constate Vincent Mayet, directeur général d'Havas Paris, chargé de l'analyse du sondage. Une stratégie en accord avec les attentes des e-commerçants, leur principal critère de choix d'un prestataire de livraison étant le délai de livraison (65 %). Pourtant, ils sont aussi 32 % à estimer que des délais de livraison moins urgents amélioreraient leur empreinte carbone. Un point que l'Ademe estime ne pas pouvoir démontrer, les variables étant nombreuses.

Un outil d'évaluation de scénarios proposé par l'Ademe

L'étude réalisée par l'Ademe lui a permis d'établir un référentiel d'évaluation quantitative, et ainsi de mettre en œuvre un outil de simulation de scénarios de livraison et d'évaluation d'impact environnemental pour l'e-commerce. Nommé Ecel, pour Empreinte commerce en ligne, et à destination des entreprises du secteur du commerce en ligne, cet outil « permet d'évaluer l'impact relatif entre un achat en ligne ou en magasin en paramétrant ces très nombreuses variables propres à chaque scénario d'achat ».

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