La concertation préalable sur le projet d'usine de recyclage chimique du groupe Eastman va démarrer en Seine-Maritime. L'occasion pour l'entreprise d'apporter des précisions sur ses approvisionnements et la consommation énergétique de l'installation.
Le projet d'usine de recyclage chimique du polyéthylène téréphtalate (PET) d'Eastman, à Saint-Jean-de-Folleville (Seine-Maritime), suit son cours. L'entreprise va lancer, le 27 septembre, une phase de concertation préalable, placée sous l'égide de la Commission nationale du débat public (CNDP). Cette étape, qui durera jusqu'au 24 novembre, « permettra d'enrichir le projet en sensibilisant le public [à ses] enjeux ». Elle portera aussi sur son opportunité et sur d'éventuelles modifications à y apporter.
Même si la concertation s'adresse, en premier lieu, aux 80 000 habitants d'une cinquantaine de communes normandes, l'importance du dossier en fait « un enjeu national », explique Godefroy Motte, conseiller d'Eastman sur le projet. La concertation donnera lieu à quatre réunions publiques, quatre ateliers thématiques et cinq « rencontres ».
La concertation permettra d'enrichir le projet en sensibilisant le public [à ses] enjeux
Pour rappel, Eastman envisage la construction d'une unité de dépolymérisation capable de traiter 160 000 tonnes de déchets en polyester. L'installation, dont la construction doit être achevée fin 2025, représente le plus important investissement dans le domaine du recyclage chimique en Europe, avec un montant de l'ordre d'un milliard d'euros. Il bénéficie d'une subvention nationale de 62 millions d'euros (via
l'appel à projets national sur le recyclage des plastiques), d'une aide européenne de 31 millions (
fonds transition juste) et de 4 millions versés par la Région Normandie.
Un projet précisé
Le dossier présenté dans le cadre de la concertation apporte de nouvelles informations sur le projet, qui s'étendra sur 40 hectares. Celui-ci sera composé de quatre installations distinctes : une unité de traitement des déchets (tri, lavage et broyage) ; une unité de dépolymérisation du PET par méthanolyse ; une unité de production de PET à partir des deux monomères obtenus à l'étape précédente [le téréphtalate de diméthyle (DMT), un dérivé d'acide téréphtalique et de méthanol, et l'éthylène glycol (EG)] ; et une chaudière.
Estimation de l'évolution de l'approvisionnement en déchets plastiques de l'usine normande de 2025 à 2030.
© Eastman
Pour son fonctionnement, l'usine aura besoin de 205 000 tonnes de déchets plastique. Après tri, 45 000 tonnes non recyclables par Eastman seront traitées dans d'autres sites. S'agissant de l'approvisionnement,
« Eastman se concentrera, dans un premier temps, sur les déchets d'emballage à usage unique, tout en augmentant progressivement les volumes de textiles, de plastiques issus des secteurs de l'automobile et de l'électronique, ainsi que des emballages à usage multiple, à mesure qu'ils deviennent davantage disponibles », explique le dossier.
La priorité est accordée aux déchets en PET français actuellement non recyclés, dont le volume est évalué par Eastman entre 220 000 et 250 000 tonnes par an. L'entreprise indique travailler à sécuriser son approvisionnement, notamment avec les éco-organismes Refashion (pour l'approvisionnement en fibre de polyester) et Citeo (dans le cadre de l'appel d'offres pour la reprise des déchets d'emballages plastique). Elle discute aussi avec les acteurs de la collecte, du tri et du recyclage des déchets. Cela étant, « au démarrage, il ne sera pas possible de faire l'impasse sur un approvisionnement en provenance de pays limitrophes », explique Cédric Perben. À l'échelle européenne, Eastman estime entre 1,4 et 1,6 million de tonnes par an le gisement de déchets en polyester difficiles à recycler.
Une autre série de précisions concerne les besoins de l'installation, dont certains sont particulièrement importants. C'est le cas de l'eau, avec une consommation de l'ordre de 400 m3 par heure. C'est aussi le cas de l'approvisionnement en énergie, qui nécessitera la construction d'une chaudière de 150 mégawatts de puissance nominale. Elle « fonctionnera avec un mix énergétique équilibré entre la biomasse et les combustibles solides de récupération (CSR) », précise le dossier de la concertation. Elle devrait consommer de l'ordre de 300 000 tonnes de combustible par an pour alimenter le site en chaleur, en vapeur et en électricité.
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Note Accéder au site de la concertation Plus d'infos
Note Télécharger le dossier d'Eastman Plus d'infosArticle publié le 21 septembre 2022