Deux cents gestionnaires de cours d'eau et scientifiques ont planché le 22 septembre sur le thème de la restauration physique des cours d'eau. L'agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse (RMC) a en effet consacré ses rencontres annuelles "Eau et recherche" à ce thème jugé prioritaire.
Deux tiers des rivières abîmés
Dans le bassin versant de la Méditerranée, deux tiers des rivières sont abîmés. "Des seuils ou des barrages en travers des rivières bloquent la circulation des poissons et des sédiments et vont jusqu'à provoquer des dégénérescences et des disparitions de poissons", précise l'agence. La dénaturation de la morphologie des cours d'eau, du fait notamment d'une rectification des berges, "aggrave les crues, creuse les lits de rivières et finit par déconnecter la rivière des nappes phréatiques et mettre en danger les bases des ponts".
"Toutes ces transformations compromettent aussi la capacité de la vie à reprendre après une sécheresse ou une pollution", ajoute l'agence. "Elles diminuent également la capacité de la rivière à s'épurer".
Diagnostic par imagerie aérienne ou satellitaire
Durant ces rencontres, les chercheurs du Cemagref, du CNRS de l'Onema ont présenté les résultats de leurs travaux sur cette question. Première avancée : il est désormais possible, grâce à l'imagerie aérienne ou satellitaire, de réaliser un diagnostic fin des points les plus critiques sur les cours d'eau. "Cela constitue une première européenne qui ouvre la voie à la définition de programme d'actions curatives beaucoup plus efficaces", indique l'agence, actions qui passent par des opérations de renaturation, suppression d'obstacles, desserrement de digues…
Les chercheurs ont aussi montré que le fleuve Rhône et les nappes phréatiques fonctionnent en vases communicants, ce qui permet de réguler le débit du fleuve et d'épurer les eaux. "Lorsqu'il y a rupture
de ces échanges, les eaux deviennent très vulnérables aux abaissements brutaux, aux pollutions et à l'échauffement", analyse l'agence. Les zones d'échanges prioritaires et les flux entre les deux milieux étant maintenant identifiés, on pourra à l'avenir mieux gérer les cotes d'eau et les pompages en nappe en période de sécheresse. Et cela pourra, bien sûr, être dupliqué sur d'autres cours d'eau.
Concernant l'assèchement des cours d'eau, le Cemagref a montré qu'il est désormais possible d'estimer la durée d'assec à partir de laquelle la vie aquatique subit des pertes majeures. D'où des perspectives de régulation intéressantes : fixation de niveaux d'eau minimum, meilleure gestion des prélèvements entre les différents usages…
Accélérer les opérations de restauration
Le Grenelle a affiché comme objectif 66% des cours d'eau en bon état en 2015, "ce qui suppose une nouvelle accélération des opérations de restauration physique des cours d'eau", selon l'agence de l'eau RMC.
Cette dernière a financé, depuis 2005, une vingtaine de projets de recherche dédiés à l'hydromorphologie. Mais elle finance aussi des opérations de restauration physique des cours d'eau : suppression ou aménagement de seuils dans les rivières pour libérer la circulation de la vie aquatique, reméandrage de cours d'eau, renaturation des rives et d'anciens bras morts. Ses aides augmentent (32 M€ en 2010) mais le nombre d'opérations reste inférieur aux attentes.
C'est pourquoi l'agence lance un appel aux collectivités, syndicats de rivières et propriétaires de rives, de seuils ou de barrages en rivières pour se porter maître d'ouvrage de telles opérations. Le SDAGE identifie chaque cours d'eau prioritaire pour ces opérations. Et, pour convaincre les hésitants, l'agence précise que les taux d'aide "peuvent atteindre le maximum possible de 80% pour des opérations remarquables".