Le contrôle de la qualité des eaux de baignade passe par l'analyse d'un certain nombre de paramètres physiques, chimiques et microbiologiques pour lesquels la Directive 76/160/CEE relative à la qualité des eaux de baignade a défini des normes. Les États membres sont tenus de respecter ces valeurs, mais peuvent également aller plus loin en adoptant des valeurs guides plus strictes mais non contraignantes également prévues par la directive.
Le rapport annuel sur les eaux de baignade présenté en juin dernier par la Commission européenne montrait qu'en 2006 la grande majorité des sites de baignade à travers l'UE respectait les normes communautaires : 96% pour les zones côtières et 89% pour les sites aménagés dans les rivières et les lacs.
Cependant, des doutes subsistent encore largement quant à la situation réelle de ces eaux. En avril 2006, la Commission avait lancé des procédures judiciaires à l'encontre de 11 États membres, dont la France, qui avaient supprimé des sites de baignade de leur liste officielle pour éviter l'application des règles communautaires et les efforts de dépollution à effectuer en conséquence. Cette année encore, les États membres ont rayé de la liste nationale des zones soumises aux normes de la directive, 88 sites côtiers et 166 zones de baignade en eaux intérieures. La Commission craint encore que la radiation de certains sites de baignade ne masque des problèmes de pollution et n'améliore artificiellement les résultats sans traiter le problème à la source.
Actuellement ce contrôle est réalisé suivant la réglementation européenne sur la qualité des eaux de baignade qui date du 8 décembre 1975 et qui fixe notamment 19 paramètres physico-chimiques et microbiologiques qui permettent de classer la qualité de l'eau entre « excellente », « bonne » ou « mauvaise ». Dépassé au regard des progrès scientifiques et technologiques dans ce domaine, ce texte a fait l'objet d'une mise à jour en 2001. En 2006, une nouvelle Directive européenne sur les eaux de baignade a été adoptée par le Parlement Européen afin de remplacer l'ancienne directive de 1976. Elle sera applicable en 2015.
Dans ce contexte, et de manière à alerter le grand public et les institutions sur le risque de fermeture et le déclassement inévitable de nombreuses plages françaises, Surfrider Foundation a simulé le classement de 1.500 plages françaises en fonction des critères de cette nouvelle directive européenne. Résultats : 20% de nos plages seraient déclassées tandis que 33 plages seraient interdites à la baignade si l'on appliquait aujourd'hui les normes environnementales européennes prévues pour 2015.
Selon l'étude, avec ces nouvelles normes, les plages classées bonnes ne seraient plus que 215 au lieu de 439 actuellement. Logiquement, la part des plages aux eaux de qualité suffisante augmente, ses effectifs passant de 50 plages à plus de 170. En revanche, le nombre de plages interdites à la baignade, si des mesures adéquates ne sont pas prises, est multiplié par 5 amenant ce chiffre de 7 à 33 plages. Nous pouvons, grâce à cette simulation, déceler dès aujourd'hui que les plages sont susceptibles d'être fermées ou déclassées en 2015. Nous disposons donc de 8 ans pour prendre les mesures qui s'imposent et ne pas subir cette nouvelle réglementation, souligne l'association Surfrider Foundation, qui milite depuis 1990 pour la sauvegarde du littoral. L'objectif est donc bien dès aujourd'hui de mobiliser l'attention des communes pour qu'elles évaluent les mesures à prendre pour conserver leurs plages ouvertes et accessibles à tous et d'interpeller l'Etat afin qu'il donne les moyens aux communes de prendre ces mesures, ajoute l'association. Un courrier a d'ailleurs été envoyé par l'association à toutes les communes littorales françaises afin de les informer des conséquences de l'application de ces nouvelles normes sur leurs plages.