
Si d'autre pays européen sont d'ores et déjà en mesure de présenter des expériences comparables, notamment celles de Vesterbro (Copenhague - Danemark), Fribourg et Kronsberg (Allemagne), ou encore Hammarby (Suède), en France en revanche, les projets commencent seulement à voir le jour.
Appel à projets EcoQuartier
A l'occasion de la première conférence nationale sur la Ville durable qui s'est tenue à Paris le 4 novembre 2009, Jean-Louis Borloo et Benoist Apparu ont dévoilé les résultats de l'appel à projets EcoQuartier et de la démarche EcoCité. Pour être retenu, le projet devait s'inscrire dans la continuité des projets territoriaux environnants et s'appuyer sur les outils et documents de planification déjà existants (Plan local d'urbanisme, plan d'occupation des sols). Plus largement, le projet devrait démontrer qu'il bénéficiait non seulement au territoire dans lequel il s'inscrit, mais aussi aux territoires limitrophes. Il visait à promouvoir des quartiers ''durables'' caractérisés par : une gestion durable de l'eau, un traitement optimum des déchets, une biodiversité urbaine, l'utilisation de modes de transports « doux » (tramway, vélo...), la production locale d'énergies renouvelables, des formes urbaines denses, une mixité sociale et fonctionnelle et l'utilisation d'éco-matériaux. ''Le palmarès EcoQuartiers met en lumière ces savoirs-faires en matière d'aménagement. On constitue des références qui soutiennent les comparaisons internationales aux côtés des exemples déjà connus, scandinaves, allemands ou anglais notamment'', expliquait Benoist Apparu, lors de la remise des prix.
Pas moins de 160 projets d'écoquartiers - pour beaucoup encore à l'état d'idées - ont répondu à l'appel du ministère. 28 ont reçu un prix, toutefois, seuls quelques projets étaient assez avancés pour prétendre au Grand prix. Pourtant les conclusions du Grenelle de l'environnement ont prévu la réalisation « d'une quinzaine de grands projets d'innovation architecturale, sociale et énergétique » et « d'au moins un EcoQuartier avant 2012 dans toutes les collectivités qui ont des programmes de développement de l'habitat significatif ». Des objectifs qui semblent donc difficiles à tenir.
Palmares
Le grand prix national des EcoQuartier a été attribué à la ZAC de Bonne à Grenoble. Ce projet, engagé en 2002 par la municipalité sur les 8,5 ha de l'ancienne caserne de Bonne, est exemplaire en matière de haute qualité environnementale. Les logements sont conçus dans le but d'offrir une efficacité énergétique poussée, en visant les niveaux de consommations en énergie finale de 50 kWh/m2/an pour le chauffage. Différentes mesures sont mises en œuvre pour parvenir à ces objectifs : isolation par l'extérieur et menuiseries très performantes (à lame d'argon), développement d'approches bioclimatiques en ayant recours à des dispositifs passifs limitant les apports solaires en été et les favorisant en hiver : morphologie des passées de toiture, des balcons, serres et loggias, végétalisation des terrasses ou pergolas, mise en œuvre d'une ventilation double flux avec récupération de chaleur et enfin utilisation d'équipements économes en électricité dans les parties communes. ''Il y a beaucoup d'idées, beaucoup de bonnes pratiques à s'approprier'', avait fait remarquer le secrétaire d'Etat au Logement, Benoist Apparu, en ouverture de la Conférence Nationale Ville Durable.
Parmi les autres éco-quartiers récompensés par l'appel à projet du Ministère de l'Ecologie, on distingue les projets ruraux de Douzy, Faux la Montagne et Vitteaux, et des petites villes de Châteaurenard et Claye-Souilly, auxquels s'ajoute un palmarès thématique sur l'eau, la biodiversité et la nature en ville, la gestion des déchets, la mobilité, la sobriété énergétique et les énergies renouvelables, les formes et la densité urbaine et l'éco-construction.
Citons encore l'exemple du projet d'écoquartier à Faux-la-Montagne (23) porté par les acteurs du territoire du Parc naturel régional Millevaches en Limousin. Cette démarche innovante en plein milieu rural doit permettre de réinventer le « vivre ensemble », puisqu'il prévoit la création de logements, mais aussi des parties communes à l'usage social évident : un verger, un potager et un lieu de compostage. Plus encore, la restauration d'un four à pain qui restera propriété de la commune illustre la démarche innovante de Faux-la-Montagne, qui souhaite mettre en pratique une démarche collective d'auto-construction. Les 7, 8 et 9 décembre prochains s'organisent d'ailleurs avec le Parc naturel régional Oise-Pays de France les rencontres ''Comment accompagner l'émergence d'écoquartiers en milieu rural ?''.
La ZAC du Séqué (Bayonne) a reçu quant à elle un prix dans la thématique « déchets ». Ce futur écoQuartier, voulu sur le quartier populaire de Bayonne Nord, aborde l'ensemble de l'éventail des actions préconisées par le Grenelle en matière de déchets à savoir : une action sur les déchets de chantiers : chantier vert imposé par les Cahiers des charges de cessions de terrains (CCCT) et chantier faible nuisance, une action traditionnelle sur la collecte sélective (micro-déchetterie sur le quartier, containers enterrés…) et surtout pour renforcer le pourcentage de valorisation des déchets, une action sur les déchets fermentescibles avec point de collecte des déchets verts et incitation au compostage individuel des déchets verts et enfin une action prévue de sensibilisation des futurs habitants pour agir sur leurs comportements pour réduire les déchets à la source et favoriser le tri sélectif.
Si nombre de projets gravitent notamment autour des aspects de vie et d'efficactité énergétique, la multiplicité des concepts d'écoquartiers montre que la définition devra être précisée. Car pour l'instant aucune ''grille d'évaluation'' n'encadre l'appellation. Le risque est donc grand de voir cette appellation employée à tort et à travers !
1/ Quartiers durables- Guide d'expériences européennes ARENE Ile-de-France - IMBE- Avril 2005